Publié le 16 May 2020 - 09:53

BAMBEY

 

A Bambey, des jeunes refusent l’installation d’un lieu de traitement pour des malades de Covid-19 au Centre national de formation et de réinsertion sociale. Un fait qui ne surprend guère le géographe-environnementaliste Ibrahima Diop, interne à Enda Lead/Afrique francophone. ‘’Ce phénomène est devenu très récurrent au Sénégal. D'aucuns l'ont fait contre une infrastructure, d'autres contre des usines... Ce qui est important ici, c'est d'essayer de comprendre le pourquoi.
 
Pour quelles raisons l'action des pouvoirs publics menée au nom de l’intérêt général serait de moins en moins acceptée ou plutôt acceptée, mais le plus loin possible de chez soi ? Est-ce la conséquence du développement de l'individualisme démocratique tant redouté par Tocqueville dans le second volume de la démocratie en Amérique ?’’, s’interroge Ibrahima Diop.
 
Au travers de la thèse de la ‘’crise de l’intérêt général’’, selon affirmant qu’‘’en Lapeyronnie France, la démocratie se développe d'abord au même rythme que la crise de l'intérêt général. Le gouvernement peine à donner une légitimité à ses décisions. Jusque-là, les décideurs bénéficiaient d'une position claire. Ils agissent au nom de la nation et pouvaient appuyer leurs décisions sur l'intérêt général. Ils pouvaient ainsi imposer des décisions dont ils savaient le coût humain. Ce beau modèle s'est aujourd'hui effondré’’. Le scientifique tire ses conclusions.
 
Pour lui, ‘’les mobilisations locales contre un projet (jeunes de Bambey, Bargny, Arène national Pikine, Senhuile...) proviendraient donc d'une méfiance du citoyen face à ce qu'il pense être les réelles motivations des élus locaux, de l'administration territoriale et du gouvernement, qui refléteraient en réalité des intérêts particuliers, tandis qu'en face, les pouvoirs publics peuvent accuser les citoyens d'égoïsme et d'incivisme, car sous couvert de défendre l'intérêt général, ils ne défendraient que leur localité’’.  
 

 

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