Publié le 19 Jul 2016 - 02:21
BANLIEUE : RESULTATS INSUFFISANTS AU BAC

La rançon de la grève

 

Trois jours après la fin des épreuves du Bac 2016, plusieurs centres d’examen ont livré leurs premiers résultats, ce samedi, un peu partout à travers le pays. Dans la banlieue, les responsables des différents centres visités jugent les résultats ‘’insatisfaisants’’. Du fait, notamment, de la grève qui a impacté négativement.

 

Les premiers résultats du baccalauréat général 2016 sont tombés, ce week-end, dans plusieurs centres de la banlieue. Au lycée de Pikine, qui compte 3 jurys pour 813 candidats inscrits, les résultats de la première session sont jugés ‘’insatisfaisants’’ par le chef du centre Mor Mbengue. Ce centre, qui abrite les candidats de la série L2, a totalisé pour l’ensemble de ses jurys un résultat de 149 admis d’office, soit une valeur relative de 17,28 %. 265 élèves candidats ont été cependant déclarés admissibles, soit un total de 30,74 %.

‘’Les résultats ne sont pas bons. Parce que le Bac n’est pas un concours, mais plutôt un examen. Si on fait le cumul des admis et des admissibles, on aura 48,02%. Sans tenir compte de la deuxième session où encore ce taux va baisser, peut-être à environ 45 %. Alors que dans un examen, il faut atteindre plus de 50 % pour que les résultats puissent être considérés comme satisfaisants’’, commente Mor MBengue, Proviseur dudit établissement. Un constat que le responsable du centre impute à l’instabilité scolaire. ‘’Depuis une décennie, les grèves des enseignants sont récurrentes. C’est une longue chaîne qui se poursuit. Mais l’enseignant ne doit pas se comparer aux autres fonctionnaires. Car, il est avant tout un éducateur’’, fait-il remarquer.

Même si, selon lui, tout le monde est comptable de ces mouvements d’humeur qui impactent d’année en année sur le système éducatif. ‘’On ne peut pas indexer seulement les enseignants. L’Etat, malgré ses nombreux efforts pour satisfaire les revendications des enseignants, a aussi sa part de responsabilité. Y compris même les parents d’élèves qui ont aujourd’hui démissionné’’, poursuit-il, en invitant les différents acteurs de l’éducation à la sauvegarde du système. Le centre de Pikine enregistre par ailleurs une mention Bien, obtenue par une fille et 12 mentions Assez-bien, sur l’ensemble des trois jurys.

Aux Parcelles Assainies, un jury enregistre 8,02 % d’admis d’office

Au lycée Seydina Issa Rohou Laye (ex LPA) aussi, les résultats sont sortis samedi. Un des trois jurys du centre a enregistré un résultat jugé ‘’catastrophique’’. Il s’agit du jury 920 qui clôture sa liste d’admis d’office au premier tour à 32, sur un total de 372 candidats ayant composé, soit 8,02 %. Mais tout de même avec une mention Bien et une Assez-bien. Les deux autres jurys (919 et 921) ont obtenu des résultats identiques. Chacun a enregistré 53 admis et 114 admissibles, soit une valeur relative d’environ 14%. Dans ces deux jurys, 18 candidats ont aussi obtenu une mention Assez-bien. ‘’Globalement, les résultats ne sont pas mauvais par rapport au plan national. C’est acceptable. Si on passe au second tour, on peut avoir un résultat global de 35 à 40%. Ce qui ne serait pas mauvais par rapport aux résultats passés’’, déclare le chef du centre, Ndane Sarr qui veut rester positif.

Cependant, le Proviseur de l’ex-lycée des Parcelles Assainies relativise : ‘’Comparés aux attentes nationales, ces résultats ne sont pas bons du tout. Nous devons tendre vers d’excellents résultats. Pour cela, nous devons revoir notre façon d’évaluer, au Sénégal. En France, ils sont presque à 90% de taux de réussite au Bac. Pourquoi pas nous ? Nous devons tendre au moins vers 60%. C’est regrettable que les gens se plaisent au Sénégal avec un résultat variant entre 30 à 40%’’. Ainsi, pour améliorer les résultats, le responsable du centre plaide pour la fin des grèves et le respect du quantum horaire.

‘’Le quantum horaire n’est jamais atteint’’

Tout comme son collègue du Lycée de Pikine, le Proviseur Sarr pense que les mouvements d’humeur des enseignants notés ces dernières années ont eu et continuent à avoir des effets sur les résultats du Bac et la qualité du système éducatif. ‘’Les grèves ont beaucoup impacté sur les résultats. On ouvre en octobre et termine en début juin, en dépit des nombreuses fêtes et grèves répétitives enregistrées au cours de l’année. Ce qui fait que le quantum horaire n’est jamais atteint au Sénégal. C’est regrettable ! Les 600 heures ne sont pas atteintes. Les élèves qui ont fait le Bac cette année ont connu au moins trois grèves, depuis la classe de Seconde’’, regrette-t-il. Tout en invitant l’Etat à signer des engagements qu’il est en mesure de respecter. ‘’L’Etat injecte beaucoup d’argent dans l’éducation. Mais, au finish, on constate un échec patent. Si on met de l’argent, c’est pour avoir des bons résultats’’, fulmine-t-il.

Correction sur place : ‘’Il faut des mesures d’accompagnement’’

Revenant aussi sur la correction sur place qui était l’une des innovations de cette année, Ndane Sarr demande des mesures d’accompagnement. Pour, dit-il, mieux prendre en charge les enseignants. ‘’La correction sur place est une bonne chose. Mais, il faut des mesures d’accompagnement. Les collègues passent toute la journée dans les centres. Alors qu’ils n’ont rien à manger et à boire. Il faut revoir cela et leur permettre de corriger dans de meilleures conditions. L’Office du Bac a augmenté récemment les avances de 50 à 60 mille francs CFA. Mais cette augmentation n’est pas faite pour tout le monde’’, remarque-t-il. Du côté des élèves, si certains se félicitent de leur succès, d’autres ont déjà repris les cahiers pour préparer la session de rattrapage. Les ajournés, quant à eux, comptent tirer les leçons de leur échec pour revenir l’année prochaine avec un meilleur niveau.

MAMADOU DIALLO

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