Publié le 15 Apr 2016 - 19:46
BATAILLE MEDIATIQUE ENTRE LA DIRECTION ET LES DELEGUES DU PERSONNEL

Rien ne va plus au King Fahd Palace

 

Le personnel de l’Hôtel King Fahd palace n’est pas fier de la gestion et du fonctionnement de ce complexe hôtelier. Il l’a fait savoir hier, dans un mémorandum rendu public. Le collège des délégués réclame, entre autres, un audit des 4 ans de gestion de l’hôtel 5 étoiles par la Société hôtelière africaine (SHA). La direction a réagi par un droit de réponse.

 

 ‘’Nous collège des délégués, représentants légitimes du personnel du King Fahd Palace, demandons aux nouvelles autorités de la République : la rupture du contrat scandaleux de gestion qui lie la Société Hôtelière Africaine à l’État du Sénégal, comme l’ont suggéré l’ARMP, l’IGE et la Cour des Comptes, avant que l'irréparable ne se produise. Puis, suggérons le lancement d’un appel d’offres international pour trouver un nouveau repreneur capable de procéder aux investissements nécessaires pour la survie du Complexe King Fahd, afin de lui redonner son lustre d’antan et d’avoir une certaine modernité par rapport aux autres hôtels de norme internationale’’, peut-on lire dans le mémorandum rendu public hier.

S’ils croient encore en l’expertise nationale, les travailleurs estiment que cela ne se fera pas au détriment de leurs emplois et de l’effondrement de leur outil de travail. Avec la situation qui prévaut actuellement, ‘’on arrivera à un stade où aucun repreneur sérieux ne voudra de ce complexe avec un passif si lourd’’. Ce cri du cœur du personnel de King Fahd fait suite à un diagnostic qu’il dit avoir fait sur la gestion de l’hôtel et qui révèle des ‘’pratiques malsaines’’ dont des ‘’recrutements qui se font sur la base de recommandations et dont les postes ne répondent à aucun besoin réel de l’entreprise, mais plutôt de la complaisance pour les intérêts d’un seul homme : M. Mamadou Racine Sy’’.

La réponse de la direction

Face à ces nombreuses accusations et récriminations, la Direction est sortie de sa réserve. Selon Pierre Mbow, directeur de l’Exploitation du King Fahd Palace, il n’en est rien. Dans un document parvenu à EnQuête qu’il intitule Droit de réponse, il s’est employé à ‘’rétablir la vérité sur des demandes d’explications qui ont été servies à deux personnes (employés) et sur le redéploiement d’un agent au sein du même département’’. Ce, après avoir ‘’violé’’ le règlement intérieur. Sur ce second point concernant le redéploiement d’un agent, M. Mbow a expliqué qu’‘’en vertu du pouvoir d’organisation et de direction, tout employeur a le droit et même le devoir de réorganiser ses services dans le but de renforcer la performance de son entreprise’’. C’est donc sur la base de ce droit qu’un agent occupant le poste de comptable fournisseurs a été nommé comptable en charge de l’analyse et de l’optimisation des achats nourriture et boisson dans les conditions requises par la loi.

Cependant, selon le directeur de l’Exploitation, il se prévaut de son statut de délégué du personnel pour refuser catégoriquement de rejoindre son nouveau poste. ‘’En conséquence, il a entravé le droit et la liberté de travail (dispositions d’ordre public) de son collègue, le nouveau comptable fournisseurs, sous prétexte qu’un délégué du personnel ne peut être muté, sans son consentement et que cette nomination constitue une modification substantielle de son contrat de travail.’’ Malgré toutes les tentatives de le ramener à la raison, lit-on dans le droit de réponse de la Direction générale, ‘’ce délégué est resté à son ancien poste, créant ainsi un sérieux blocage du service et nous obligeant à requérir les forces de l’ordre pour le faire quitter du poste et installer son remplaçant’’.

Les chiffres du malaise

En quatre ans de gestion du King Fahd (2012-2016) par la Société hôtelière africaine (SHA), il y a eu, d’après le mémorandum des délégués du personnel de cet complexe hôtelier, 16 licenciements ‘’abusifs’’. S’y ajoutent 13 démissions à cause, dit-on, d’un harcèlement moral au travail subi par ces personnes. Pis encore, sur le site Tripadvisor, le King Fahd Palace est 23e sur 41 hôtels au Sénégal. Et aux auteurs de ce document de rappeler, qu’avant le départ de Starwood, King Fahd occupait la 5place et la 1ère en Afrique de l’Ouest. Et puis, ‘’le taux d’occupation de l’hôtel, entre 2012 et 2015, tourne autour de 55%, quand les concurrents comme Radisson et ACCOR sont à 80%, l’année’’, informe-t-on. 

Aujourd’hui, le King Fahd Palace a, au niveau du Tribunal, 30 procès. 90% de ces procès risquent d’être perdus et l’hôtel devra dédommager la partie adverse. L’absence d’un programme de fidélité a constitué, depuis 2012, une perte sèche de plus de 2 milliards de F CFA, par année. Le King Fahd Palace refuse catégoriquement d’appliquer la retraite à 60 ans, qui est une volonté du chef de l’Etat. Il a cumulé à ce jour 11 départs forcés à la retraite à 56 ans, après 24 ans de service dans l’entreprise. 

MAMADOU YAYA BALDE

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