Publié le 19 Jan 2021 - 12:38
BOUBACAR SEYE LORS DE SON AUDITION

‘’Je ne fais que rapporter ce que l’Union européenne a dit’’

 

Boubacar Sèye, le patron de l’ONG Horizon sans frontières, a été déféré, hier, au parquet, après plus de 48 heures de garde à vue à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane, avant de bénéficier d’un retour de parquet. Entendu sur les faits qu’on lui reproche, il soutient n’avoir accusé personne.

 

Interpellé vendredi dernier à sa descente d’avion à l’aéroport international Blaise Diagne, le président de l’ONG Horizon sans frontières n’a pas été loquace, lors de son face-à-face avec les enquêteurs de la Section de recherches (SR) de la gendarmerie de Colobane. ‘’Je n’ai accusé personne concernant le détournement dont on m’accuse, ni autre chose. Je ne fais que rapporter ce que l’Union européenne (UE) a dit. Je n’ai repris que ce que j’ai entendu l’UE dire sur cette question’’. C’est en filigrane ce qu’a dit Boubacar Sèye, lors de sa période de garde à vue dans les locaux de la SR de la gendarmerie de Colobane.

Selon nos informations, malgré l’insistance et les multiples relances des hommes en bleu, M. Sèye est resté de marbre, dans un calme olympien dont lui seul détient le secret.

En outre, on nous signale que les enquêteurs n’ont retenu aucune charge contre le président de l’ONG, à la fin de sa période de garde à vue, dans la mesure où il a été conduit au parquet sur instruction du procureur de la République. Ce dernier, renseignent nos sources, a la prérogative d’agir de la sorte.

Donc, ce sera à lui, après l’avoir entendu, de caractériser les charges qu’il compte retenir contre le prévenu.

Retour de parquet

Déféré hier au parquet par les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane, après une période de garde à vue de plus de 48 heures, le président de l'ONG Horizon sans frontières a obtenu un retour de parquet. Après une nuit passée au commissariat central de Dakar, il va faire son second face-à-face avec un juge qui compte demander l'ouverture d'une information judiciaire, selon certaines sources.

Le Sénégal a connu, en fin 2020, une recrudescence de l’émigration irrégulière marquée par de nouvelles vagues de départs vers l’Europe de migrants à bord de pirogues. Beaucoup de jeunes ont perdu la vie en mer, victimes du chavirement de leurs embarcations. Malgré l’indignation générale au sein de la population, le gouvernement n’a pas reconnu les chiffres annoncés sur le nombre de morts survenus dans l’Atlantique.

Pour lutter contre l’émigration irrégulière, qui a déjà connu une crise similaire dans les années 2000, des financements ont été accordés au gouvernement du Sénégal par l’Union européenne. Face au manque de résultats dans la maitrise des départs, Boubacar Sèye aurait tenu, lors d’une sortie médiatique, des propos selon lesquels ‘’ces fonds sont rentrés dans des trous sans fond. Le gouvernement se partage les fonds injectés par l’Union européenne pour lutter contre l’émigration clandestine’’. Des propos qui lui valent son arrestation.

Mais l’organisation de lutte pour les droits des migrants estime que son leader est victime de harcèlement et d’intimidation, et appelle le gouvernement du Sénégal à ‘’respecter et à garantir le droit à la dignité et à l’intégrité morale, les droits à la liberté d’opinion, la liberté d’expression et, enfin, à la liberté de circulation’’. Tout en exhortant les autorités sénégalaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux actions contre son président et d’œuvrer pour ‘’sa libération immédiate et sans condition’’.

CHEIKH THIAM

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