Publié le 6 Sep 2020 - 02:53
BUDGET ACHAT DE VIVRES ET MATÉRIEL DE PROTECTION

Le maire de Méouane accusé de gestion ‘’nébuleuse’’

 

L’heure de rendre compte a déjà sonné pour le maire de la commune de Méouane, Bara Ndiaye, que des conseillers accusent de mauvaise gestion des fonds devant servir à l’achat de vivres, mais aussi de matériels de protection pour les populations. Ils veulent le traduire devant l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), la Cour des comptes et le général François Ndiaye, en charge du suivi de la gestion des opérations du Force-Covid-19.    

 

La pandémie de la Covid-19 continue sa progression dans le pays. Même si ces derniers jours le Sénégal a connu une nette régression des nouvelles contaminations. Cependant, plusieurs communes ont subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire.

Pour permettre aux populations de mieux supporter les conséquences du semi-confinement occasionné par le nouveau coronavirus, les élus locaux n’ont pas hésité à entreprendre des initiatives et à mettre la main à la poche. Dans certaines communes, c’est déjà l’heure de rendre compte aux administrés de la gestion des fonds destinés à l’achat de vivres et de matériel de protection. C’est le cas à Méouane, et sur fond de polémique.

Le maire de cette commune située dans le département de Tivaouane est accusé, par un collectif de 27 conseillers et 5 membres du comité de ciblage des ménages, d’avoir ‘’très mal’’ géré le budget dégagé pour l’achat des kits alimentaires au bénéfice des populations, notamment les agriculteurs de la zone. Cette enveloppe mise sur la table pour mieux faire face à la maladie du nouveau coronavirus est estimée, dit-on, à 77 millions 550 mille francs CFA. Selon ce conseiller municipal, l’édile de Méouane a ‘’lamentablement échoué’’ dans sa gestion de la crise et ‘’très mal dépensé’’ la somme qui lui a été remise. ‘’Pour faire face à la pandémie, le comité de gestion de la mairie de Méouane a eu à dégager un montant total de 77 550 000 F CFA. C’est ainsi que 44 100 000 F CFA devaient servir à l'achat de vivres. Les 33 450 000 F CFA restants à l'achat de semences et d'intrants pour les producteurs agricoles. Mais, au final, nous avons décelé beaucoup de failles’’, regrettait hier Pape Diouf, lors d’un point de presse.

Le collaborateur du maire Bara Ndiaye a révélé que sur les 33 450 000 F CFA, le maire n'a dépensé que 9 450 000 F CFA. Où est passé le reste de l’argent ? ‘’Nous ne savons toujours pas ce qu'il est advenu du reste de l'argent. Personne ne le sait. Nous dénonçons cette gestion nébuleuse, parce que rien n’est clair dans ce qu’il fait’’, a précisé M. Diouf.

Une bouteille de gel et de désinfectant, le ‘’bilan complet’’ du maire

Pour tirer cette affaire au clair, ce collectif de conseillers municipaux a sollicité l’arbitrage du chef de l’État Macky Sall. Par ailleurs, Pape Diouf et ses camarades entendent saisir également l'Ofnac, la Cour des comptes et le général François Ndiaye.

Mounina Kounta, une autre conseillère, enfonce davantage le maire, par ailleurs Administrateur de la Maison de la presse. Celle qui était chargée du ciblage des ménages dans les 72 villages, a révélé que le maire n’a acheté que 2 035 sacs de riz. Un nombre qu’elle trouve ‘’très’’ en deçà. C’est pourquoi, a-t-elle insisté, il y a des non-dits dans cette affaire. ‘’Dans le cadre de la gestion de la pandémie, le maire n’a rien fait de bon. Après l’achat des semences d’arachide, Bara Ndiaye a décidé de tout ramener dans un village, loin de la commune. C’est comme s’il avait des choses à cacher. Voilà un maire qui fait tout ce qu’il veut. Nous l’avons entendu dire que c’est lui qui a acheté le riz distribué aux populations. C’est faux ! C’est une société de la place qui est venue à notre rescousse en nous remettant 53 millions’’, a clarifié Mounina Kounta.

En ce qui concerne le matériel de protection, la conseillère municipale a indiqué que le maire a réussi à distribuer dans les villages et les mosquées… une bouteille de gel hydro-alcoolique et une autre de désinfectant vendues au prix de 300 F CFA sur le marché.

Pour permettre au concerné de répondre à toutes ces accusations, nous avons tenté, sans succès, de le contacter. Son téléphone sonnait dans le vide. Nous lui avons laissé un SMS. Toutefois, nous n’avons pas eu un retour de la part de Bara Ndiaye.   

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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