En marge de la conférence de presse de Canal+, Habib Bèye a décortiqué les chances des Lions dans cette CAN 2015. L’ancien international sénégalais devenu consultant a également partagé ses souvenirs en sélection.

Quels souvenirs avez-vous de votre passage en équipe nationale du Sénégal ?

En 2002, je me rappelle la finale, l’aventure avec les 23 Lions qui ont marqué l’histoire du Sénégal avec Bruno Metsu, Mansour Wade et Jules François Bocandé pour qui j’ai une pensée. Ils nous ont aidés à arriver à ce stade de la compétition. J’ai découvert des amis dans cette sélection de 2002 notamment Lamine Diatta, Ferdinand Coly, Alassane Ndour, El Hadj Diouf, Khalilou Fadiga entre autres.

Ce sont toujours de très bons souvenirs. Mais il y en a de plus mauvais aussi. En 2004, la Tunisie nous a éliminés ; en 2006, c’était compliqué pour moi puisque j’ai pris un carton rouge ; et en 2008 malheureusement, une mauvaise Coupe d’Afrique. Par la suite, j’ai arrêté la sélection. Trop de souvenirs qu’on ne m’enlèvera jamais parce qu’ils sont gravés dans ma mémoire et j’en parle souvent à mes enfants.

Quelles sont les chances de l’équipe de Giresse, selon vous ?

Pour moi, elles sont les mêmes que pour n’importe quelle équipe présente à la CAN. Même si l’équipe n’est pas favorite, on parle du Ghana, de la Côte d’Ivoire parce qu’il y a Yaya Touré, les frères Ayew. Mais il y a également de grands joueurs dans l’équipe du Sénégal qui sont capables de faire de bonnes choses.  Pour moi, ce sont les deux matchs de qualification à la Coupe du monde face à la Côte d’Ivoire… le Sénégal était autant méritant d’aller à cette compétition que la Côte d’Ivoire. Ils ont réussi à les faire trembler. Mais bien sûr au départ, le Sénégal est outsider mais avec beaucoup de qualités.

Les matches de préparation ont été gagnés par le Sénégal. N’est-ce pas un piège dangereux, surtout s’ils se croiront favoris après cela ?

Non, ce n’est jamais un piège. Un match de préparation n’a pas réellement d’importance. Le plus important, c’est que le Sénégal arrive fin prêt le jour du début de la compétition, pour son premier match, sans blessés - espérons que d’ici là, tous les blessés seront de retour. L’intérêt de ces matches de préparation pour un entraîneur, c’est de voir les failles de son équipe avant la compétition, de jauger les joueurs.

Sur le match contre le Gabon, le coach avait fait une revue d’effectif ; c’est toujours important de voir si les joueurs qui ne sont peut-être pas au départ des titulaires, ce qu’ils peuvent éventuellement apporter à l’équipe. Vous savez, en 2002, j’avais démarré sur le banc, en Coupe du monde ; finalement, j’ai joué trois matches alors que je ne pensais pas jouer une minute. Une compétition se gagne à 23, avec un peuple derrière soi. Le premier match est toujours important. Battre le Ghana permettra aux Lions d’aborder le second match contre l’Afrique du Sud avec plus de sérénité.

Justement, quelle est l’importance de ce premier match ?

Il ne faut pas se mettre en posture d’équipe faible. Le Ghana est une grande équipe d’Afrique qui a gagné cette compétition à plusieurs reprises, qui dernièrement est présenté comme une des meilleures équipes d’Afrique. Donc, il faut que le Sénégal joue contre le Ghana avec beaucoup de confiance, ne pas avoir de sentiment d’infériorité et d’essayer de gagner ce match parce que je pense qu’il est important de remporter le premier match.

La Coupe d’Afrique a-t-elle une philosophie de jeu ? Si oui, est-ce que l’équipe du Sénégal en a une ?

Oui, parce que pour vous garantir, j’ai regardé le match contre l’Egypte sur terre égyptienne. Même si l’Egypte n’est plus l’équipe qu’elle était, elle reste redoutable à battre sur ses terres. Et j’ai vu une équipe du Sénégal qui a été conquérante, bien organisée défensivement, qui a attaqué et qui ne s’est pas laissé marcher dessus, qui n’a pas subi et qui a contrôlé le match de bout en bout même s’il y a eu quelques frayeurs.

Et cette équipe du Sénégal-là m’a convaincu par rapport à cette compétition qui va arriver. On sait que pour la CAN, il est important de ne pas faire le dos rond, de prendre ses responsabilités et justement d’afficher son envie et sa détermination et qu’on a une puissance offensive importante. Il faut avoir un juste équilibre. La philosophie en Coupe d’Afrique, on le sait, c’est souvent une compétition qui est portée sur l’attaque avec des  révélations, des gens qu’on n’attend pas, et je pense que le Sénégal a toutes ses qualités pour pouvoir bien figurer dans cette compétition.

Quels conseils donnez-vous aux joueurs ?

Il faut qu’ils se disent qu’il y a tout un peuple derrière eux ; c’est ce qu’on s’était dit en 2002. Et justement, l’effervescence commence autour de cette équipe qui convainc avec ses deux matchs de préparations gagnés, qui met du coup en confiance les supporters. Il ne faut pas aussi être suffisant en football parce que cela ne pardonne pas. Ça a été un tout petit peu notre erreur après 2002. Trop de certitudes et malheureusement, beaucoup d’équipes nous ont rappelé à notre devoir, c’est-à-dire avoir les pieds sur terre ; et je pense que cette équipe a les pieds sur terre et peut faire une grande performance.

KHADY FAYE