Publié le 19 Nov 2019 - 01:21
CANDIDAT DE LA REGION DE DIOURBEL POUR LA JOURNEE NATIONALE DE L’ELEVAGE

Serigne Saliou Mbacké, le marabout éleveur et agriculture

 

La Journée nationale de l’élevage, prévue le 28 novembre prochain dans la commune de Kaël (département de Mbacké) sera présidée par le chef de l’Etat Macky Sall, sur le thème "Promotion des cultures fourragères et l’amélioration génétique du cheptel, créneau porteur de l’emploi des jeunes et des femmes". Le candidat de Diourbel est Serigne Saliou Mbacké. ‘’EnQuête’’ est allé à sa rencontre.

 

"Travaille comme si tu ne devais jamais mourir et prie comme si tu devais mourir demain". Serigne Saliou Ibn Serigne Abdou Lahad Mbacké a fait de cette leçon de vie de son grand-père sienne. Il s’active inlassablement et allégrement dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage. Ce descendant de Cheikh Ahmadou Bamba et fils du troisième khalife général des mourides est un éleveur hors pair. Depuis 1976, il a pris véritablement l’option de se lancer dans le secteur de l’élevage.

C’est cette personne que la région de Diourbel a choisie comme candidat à la décoration qui distingue ceux qui vulgarisent les cultures fourragères et contribuent à l’amélioration génétique du cheptel pour augmenter la production animale.

‘’C’est un homme de terrain qui sera à la hauteur de la fonction qui lui est confiée. Il n’a jamais usé de sa position de chef religieux contre qui que ce soit’’, témoigne Seydi Ka, le président régional des éleveurs. La candidature de Serigne Saliou Mbacké est soutenue par des éleveurs d’autres départements qui ont reconnu son leadership dans les cultures fourragères et l’amélioration génétique du cheptel : créneaux porteurs pour l’emploi des jeunes et des femmes. ‘’Ayant compris très tôt que les potentialités génétiques de nos espèces sont limitées dans le domaine de la production, il a entrepris plusieurs voyages dans les pays à vocation pastorale. Dans le document de présentation, il est mentionné que Serigne Saliou Mbacké est le premier éleveur de la région à se lancer dans l’insémination artificielle. Il avait même importé des semences pour la vulgarisation de certaines races exotiques. Dans le domaine de la production laitière, il limite sa production à 200 litres par jour, ceci pour éviter une mévente, mais aussi pour laisser les veaux téter le plus longtemps possible’’.

‘’J’ai visité tous les pays qui font dans l’agriculture’’

Interpellé sur cette question, le fils de Serigne Abdoul Ahad Mbacké répond : ‘’C’est en 1977 que j’ai eu une vache dénommée pakistanaise. Je l’ai acquise à 150 000 F Cfa et depuis, j’excelle dans cela. Ce qui m’importe le plus, c’est le développement de l’élevage dans la région. Il m’arrive même d’importer des métis de Kolda et Ziguinchor. Cela fait 25 ans que je suis dans ce secteur concernant les métis. Je suis un passionné de l’élevage. J’ai beaucoup voyagé et j’ai compris qu’il fallait opérer un changement. Cela fait plus de 40 ans que je suis dans ce domaine. Par rapport à l’amélioration génétique, j’ai une expérience de 30 ans, parce que je fais partie des premières personnes à importer des semences.’’

Il poursuit : ‘’J’élève aussi des ovins. Là on distingue des ladoum et des touabir, mais aussi des croisés. Ils sont au nombre de 200 têtes. J’avais même importé des semences pour la vulgarisation de ces races exotiques.’’

Il faut dire que le marabout éleveur est un touche-à-tout. ‘’Dans le domaine de la production laitière, renseigne-t-il, ma production, je l’ai limitée à 200 litres par jour, ceci pour éviter une mévente, mais aussi pour laisser les veaux téter le plus longtemps possible. J’ai visité tous les pays qui font dans l’agriculture. Pour mon dernier voyage, j’étais en Afrique du Sud où j’ai acheté des autruches’’.

Taille moyenne, de forte corpulence, noirceur d’ébène, Serigne Saliou Mbacké est un grand agriculteur et créateur d’emplois. Il confie : ‘’Je suis également dans l’agriculture, puisque j’ai été choisi par la Fao pour représenter le Sénégal au Burkina. J’ai compris que l’agriculture et l’élevage vont de pair ; l’un ne peut aller sans l’autre. J’emploie une quarantaine de personnes et j’ai eu à former certains qui, à leur tour, pratiquent la même activité.’’

S’exprimant sur le choix porté sur sa personne, ce membre de l’association des éleveurs métis, qui dispose d’une mini-laiterie, répond : ‘’J’aime, parce que le choix est démocratique et pas parce que je suis un marabout. Le choix a été fait selon des critères bien définis. Dans le domaine de la culture fourragère, je dispose d’une motofaucheuse. Ma récolte de cette année est estimée à plus de 2 500 tonnes et cette production en fourrage assure l’alimentation de ces animaux. J’ai un champ de 10 hectares de niébé fourrager. Je dispose de fermes à Touba, à Ndiouroul, à Mbarane et à Boustane. Avec la chaleur de Diourbel, j’ai préféré amener certaines espèces vers le campement de Nguékhokh où j’exploite une ferme de plus de 100 hectares.’’

BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)

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