Publié le 28 Jun 2017 - 15:11
CAS DES QUINTUPLES MORT-NES A SANGALKAM

Négligence pour la famille, sauvetage impossible pour le district sanitaire

 

La famille de la maman des quintuplés mort-nés de Sangalkam parle de négligence du personnel médical en place. Tandis que du côté des autorités médicales, l’on parle de la difficulté face à laquelle les sages-femmes ont tout tenté. D’ailleurs, a expliqué le médecin-chef du district sanitaire de Rufisque, ses éléments font face « à des vivants non viables ».

 

L’accouchement, le 23 juin dernier, par la dame Khady Guèye de quintuplés à Sangalkam, continue de défrayer la chronique à Rufisque. Les cinq bébés sont morts l’un après l’autre. La famille parle de négligence du personnel soignant trouvé sur place. Moussa Faye, frère de la maman, raconte : « Nous sommes arrivés à l’hôpital vers les coups de 2 heures 30 minutes. Vers 4 heures, ils étaient nés. Mais ils ont dit que l’ambulance était en panne. La sage-femme nous a dit qu’elle avait appelé une ambulance, mais qu’elle n’était pas encore là. Le véhicule n’est finalement arrivé qu’après la prière du matin ». Un témoignage qui en dit long sur les sentiments qui animent les membres de la famille. L’oncle de marteler : « C’est de la négligence, parce qu’ils ont pris beaucoup de temps pour évacuer les bébés. »

Moussa Faye soutient qu’avant l’arrivée de l’ambulance et leur évacuation à l’hôpital pour enfant de Diamniadio, les nouveau-nés étaient en vie. « Lorsqu’ils sont arrivés à Diamniadio, ils ont dit que les quatre avaient perdu la vie et qu’il ne restait qu’un seul. C’est vers 3 heures de l’après-midi qu’ils nous ont appelés pour nous dire que le dernier venait de décéder », confie-t-il.

Les explications du district sanitaire

Des affirmations battues en brèche par le docteur Mbaye Thiam, médecin-chef du district sanitaire de Rufisque. Selon la blouse blanche, « le décès de ces bébés n’est aucunement dû  à une panne d’ambulance. L’ambulance de Sangalkam est là, c’est une ambulance fonctionnelle. Mais la vitre de droite est cassée ». Ainsi, explique-t-il, il fallait prendre des précautions, car « les quintuplés sont des prématurés, parce que nés à six mois de grossesse. Et avec le transport, l’air risque de causer un coup de froid. C’est pourquoi nous n’avons pas jugé nécessaire de les transporter à bord de cette ambulance ». Donc, ajoute-t-il, ce drame n’est pas dû à un retard dans la prise en charge.

Le médecin-chef du district sanitaire de Rufisque souligne que « les quatre étaient pratiquement décédés et il restait le cinquième. C’est ainsi que la sage-femme a appelé au niveau du centre de santé de Diamniadio qui a été immédiatement dépêché. Le cinquième est né aux environs de 3 heures 40 et l’ambulance a été libérée à 5 h 39.  L’ambulance est arrivée à 6 heures du matin. De 6 heures du matin à 17 heures de l’après-midi, le cinquième bébé était pris en charge par les responsables de la structure  de l’hôpital pour enfant de Diamniadio. Le médecin m’a appelé pour me dire qu’on venait de perdre le bébé ».

Le médecin-chef : « …des vivants non viables »

Selon le Docteur Mbaye, il était quasi impossible de sauver les bébés. « A leur naissance, ils avaient un poids très faible. Les trois avaient chacun 700 grammes et les deux autres avaient 800 grammes pour vous dire que sont de grands prématurés. Donc, ce sont des bébés qui ne pouvaient pas être pris en soins au niveau de Sangalkam », souligne-t-il. Avant de faire savoir que tout a été fait pour sauver le cinquième bébé qui était vivant. Mais, précise-t-il, « c’est ce qu’on appelle dans notre jargon des vivants non viables ».

« Ce qui nous surprend, ce n’est pas que les bébés perdent la vie. Ce serait un miracle que l’on puisse récupérer ces bébés qui étaient nés avec un niveau très faible ; le taux de l’Abgar était à trois. Il n’y avait pratiquement aucune chance pour ces bébés-là. Même s’il y avait un centième ou un millième de chance, il faut mettre tous les moyens et l’énergie nécessaires pour sauver ces vies. En médecine, nous avons des obligations de moyens, mais pas des obligations de résultats. »

PAPE MOUSSA GUEYE (RUFISQUE)

 

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