Publié le 3 Dec 2015 - 16:32
CEREMONIE OFFICIELLE MAGAL 2015

Le Khalife appelle à un retour à l’observance du ‘’ndigël’’

 

L’observance des recommandations de Serigne Touba a occupé l’essentiel du discours de Cheikh Sidy Makhtar Mbacké. Le délaissement progressif de certaines prescriptions religieuses interpelle le dignitaire mouride qui, par la voix de son porte-parole Serigne Bassirou Abdou Khadre, a appelé au  respect et au redressement de l’autorité.

 

Un des piliers essentiels du mouridisme est le respect de la consigne émanant d’une autorité morale. L’effritement de cette capacité à observer le ‘’ndigël’’ était au centre du sermon du calife général des mourides, Serigne Sidy Makhtar Mbacké.  Par la voix de son porte-parole Serigne Bassirou Abdou Khadre, il a déploré surtout cette tendance des jeunes à  s’affranchir des barrières. ‘‘De nos jours, nous constatons des violations de l’ordre établi. Il s’agit de l’œuvre des jeunes qui prennent des initiatives, sans l’aval de leurs autorités, pour s’exprimer à travers la presse. 

Ils font des déclarations et émettent des propos susceptibles d’engendrer des troubles et de causer la haine entre membres de la société’’, a déclaré Serigne Bass. Une donne à réintégrer dans les comportements, puisque le modèle social proposé par le fondateur du mouridisme a déjà fait ses preuves par le passé. ‘‘L’essentiel est de suivre un guide attitré. C’est en ce sens que Serigne Touba avait placé à la tête de chaque groupe de disciples des responsables moraux, afin qu’ils les suivent et obéissent  à leur recommandation. Cela a abouti à la formation des grands foyers religieux qui composent la communauté mouride. Dans chaque famille, les disciples préservent et respectent celui qu’Allah leur a choisi comme guide. La voie mouride s’est toujours reposée sur cet ordre établi.’’

Le porte-parole, prenant l’exemple de iblis déchu de l’assemblée des anges par Dieu pour Lui avoir désobéi, s’inquiète des prémonitions de son arrière-grand-père. ‘‘Serigne Touba a affirmé avoir déjà verrouillé sa voie contre toute agression externe, mais la corruption viendrait de l’intérieur même. Le Malin était venu lui dire qu’il a essayé de trouver la faille dans le mouridisme, sans succès. Cependant, il lui a déclaré que dans l’avenir, il parviendrait à mêler ses partisans aux mourides, de manière à ce qu’on ne puisse faire la distinction’’. Aussi, a-t-il réitéré ce message aux jeunes : ‘‘Que ceux qui sont dans les études et apprentissages s’efforcent dans ces tâches. Qu’ils s’arment de dignité et de droiture, en restant sous l’autorité des aînés.’’

‘’Khidma’’

Le contexte international n’a pas échappé au prêche du khalife. Il a ainsi appelé toute la Umma à l’unité et à la sauvegarde des acquis. Serigne Bass de déclarer : ‘‘Nous devons œuvrer au raffermissement des liens et de l’union entre les musulmans, à mettre en synergie nos efforts pour la préservation de l’héritage de nos vénérés saints. Nul ne doit ignorer qu’actuellement, des forces endogènes et exogènes sont à pied d’œuvre pour miner cet héritage et la religion même’’. Si la sujétion à une autorité morale est l’une des voies pour suivre Serigne Touba, le ‘khidma’ a été l’autre axe du sermon du calife. Se mettre au service de la communauté est l’autre moyen sûr de se préserver des agressions contre la foi. Aussi a-t-il demandé que les disciples reconsidèrent leur engagement et redoublent d’efforts dans la voie, surtout en ce qui concerne l’université et les grandes mosquées.

Pour le calife, il est préférable de ‘‘dépenser les biens et forces dans le sentier d’Allah, à l’image de ces projets que nous avons entamés pour le bien de toute la communauté musulmane. Tous les grands disciples qui ont joui d’une notoriété enviable et d’une grande aura au sein du mouridisme les ont acquises par le ‘’Khidma’’.

Pardon 

 Le porte-parole est revenu sur les persécutions subies par Serigne Touba qui a été excommunié, éloigné de sa famille et tous ceux qui comptaient, sans oublier les persécutions dont il faisait l’objet et les tentatives d’assassinat ; sa lourde charge d’effet personnel qu’il portait lui seul. Tout ceci sans assistance et sans complainte. Quand il commençait à s’acclimater quelque part, il était aussitôt déporté dans un endroit encore plus inhospitalier’’. Pour lui, c’est dans le but de racheter nos péchés et d’obtenir le statut d’intercesseur auprès des siens qu’il n’a jamais rechigné à se soumettre aux épreuves. Ce qui explique le sens du pardon du fondateur de la confrérie.

‘‘On n’a jamais vu de tels préjudices portés contre un homme, des sévices corporels,  sa famille, son argent sans qu’il ne soit tenté de se venger. Pourtant Serigne Touba a tout pardonné.’’ A propos de la bonne récolte et des pluies abondantes, Serigne Bassirou Abdou Khadre a rappelé aux cultivateurs les préceptes religieux. ‘‘Je ne saurais terminer sans exhorter les agriculteurs, concernant leurs récoltes, à en donner l’aumône légale aux nécessiteux, à en satisfaire leur famille et à en faire de bonnes actions en fonction de leurs moyens’’, a déclaré le porte-parole du khalife général des mourides.

REACTIONS……REACTIONS……..REACTIONS……

Me Madické Niang, ancien ministre

Le discours a reposé sur trois socles, à savoir les préceptes de l’islam, la sunna et les recommandations des écrits de Serigne Touba. Nous avons à considérer que le monde musulman a besoin d’unité. Serigne Touba a beaucoup œuvré pour que ça soit une réalité. Tous les confréries et démembrements des familles religieuses sont présents pour assister à ce moment. Après le rappel des brimades subies par Serigne Touba, nous devons nous ceindre les reins et nous tourner vers l’objectif qui est de le servir. Le faire, c’est servir un meilleur devenir de l’humanité. Serigne Mountakha est un homme magnifique qui ne parle et ne s’inspire que de Khadimou Rassoul. De manière tout à fait humble, il a voulu apporter la lumière sur les faits qui ont eu lieu. Il ne sera jamais au rendez-vous de discussions et contingences de conflits. C’est un homme de paix et de concorde.

Alioune Badara Cissé, médiateur

Rendre grâce à Serigne Touba qui a légué un jour comme celui-ci qui invite à l’unisson. Serigne Mountakha, dans son allocution, a été un modèle d’humilité, il s’est littéralement mis à genoux pour clarifier un point qui, dans son entendement, pouvait être sujet à doute ou à suspicion. Il n’a pas fui son devoir face à la vérité en s’offrant à toute la Umma. Le discours du khalife nous convie à respecter nos autorités religieuses, à être dans une quête permanente de savoir, à prêcher par l’exemple. C’est un viatique sur ce qu’un mouride doit être ou ne doit jamais être. Comment surpasser les torts qui nous ont été faits et pardonner ; comment faire le don de soi ; comment développer sa tolérance ; traiter toutes les confréries à égalité de dignité…  Ces points ont été des circonstances de rappel de la grandeur de l'homme.

Serigne Mboup, CCBM

C’est un jour important pour les mourides et le Sénégal. Pour la décentralisation, le partenariat public-privé, l’économie d’échelle, Serigne Modou Moustapha en a été un pionnier. Le plus important dans le discours, pour moi, c’est le savoir. Quand le khalife parle d’université, nous sommes déjà impliqué dans le processus, car un institut de ce genre commence d’abord par les daara pour lesquels nous avons une grande expérience et expertise. Cette université viendra en complément aux sortants de ces daara, car avant d’aller se jeter dans le volontariat, nous considérons qu’il est plus important qu’ils acquièrent une solide formation. Entre construire une mosquée et former un formateur, la deuxième option est prioritaire. Si tous les financements qui servent à la construction des lieux de culte étaient mis dans la formation… 

OUSMANE LAYE DIOP

 

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