Publié le 17 Aug 2019 - 17:23
CHEIKH SARR, COACH DU SENEGAL

‘’C’est une bonne alerte pour nous’’

 

Le Sénégal a battu le Mozambique en demi-finales de l’Afrobasket féminin 2019, à l’issue d’un match palpitant. Pour le coach des Lionnes, cette victoire arrachée à l’usure leur a servi d’alerte pour la finale contre le Nigeria, dimanche, au Dakar Arena. 

 

Analyse du match

‘’C’est comme si on était dans un rêve. Marquer 19 points (4e quart-temps), ce qui n’est jamais arrivé avec une excellente équipe du Mozambique. Elles savent vraiment jouer au basket. On n’a pas été surpris, mais on a été légers. On a manqué de réussite, on nous a dominés complétement dans la raquette avec les rebonds qui passaient de gauche à droite. On pensait rêver. Mais je pense qu’on a été réveillé avec une très bonne surprise.’’

Retrouver la sérénité

‘’Jusqu’à maintenant, c’est la folie. Revenir et mettre 60 points, alors qu’on avait un déficit de 16 points, ce n’est pas évident. On a sorti la grosse artillerie en défense pour contenir l’équipe de Mozambique qui a d’excellentes joueuses arrières, les retarder jusqu’à 15 secondes et les attaquer. Les erreurs qu’on a faites là, si on devait jouer le lendemain, on perd le match. Cela arrive une fois dans une vie. Emotionnellement, les filles allaient en revenir difficilement. Jusqu’à demain (samedi) même le jour du match, l’émotion sera toujours là. Mais c’est une bonne alerte pour nous, pour bien entrer dans les matches. On a fait deux, voire trois matchs où on est rentré difficilement. Aujourd’hui, c’est arrivé et au moment où s’y attendait le moins, toute une mi-temps. A l’intérieur, on a fait un très mauvais travail. Après, c’est les arrières et les ailières qui se sont réveillées  pour prendre les choses en main. On a diminué les tailles en mettant des postes 4 au poste 5 pour se battre contre les pivots adverses. La joueuse mozambicaine, Leia Dongue, c’est un monstre. Personne ne peut l’arrêter. Mais, émotionnellement, c’est vrai qu’il y en avait. On va travailler demain pour revenir.’’

Le Nigeria

‘’Le Nigeria, c’est l’équipe à battre. Aujourd’hui, le Mozambique a pris 14 rebonds plus que nous, c’est énorme. Si on fait pareil contre le Nigeria, c’est fini. On va travailler sur le plan psychologique, faire des évaluations sur le plan mental. Après, on va faire de l’activation et travailler à l’entrainement demain, après visionnage de leur système de jeu. On a presque épuisé tous nos systèmes aujourd’hui. C’est de bonne guerre. On va aussi fatiguer le Nigeria qui va passer son temps à travailler toute la nuit comme nous.’’

Le discours tenu aux joueuses à la mi-temps

‘’Cela nous est arrivé une fois contre la Centrafrique où on trainait un déficit de 24 points à la mi-temps. Le discours que j’ai tenu aux filles, c’est que ce match on va le gagner successivement, panier par panier et minute par minute. En maintenant la défense très haute. On va faire des erreurs, mais on va y arriver. Je leur ai dit qu’il faut aller jusqu’au bout. C’est vers la fin qu’on va arriver à gagner ce match. Mais il y en a qui étaient pressées. C’est pourquoi j’ai fait beaucoup de changements en un moment donné, pour les rappeler à l’ordre en leur disant que si on continue comme ça, on va perdre ce match. C’est petit à petit et voilà, c’est arrivé.’’

Fatou Diagne

‘’Le plan de match, au début, ce n’est pas avec elle. On avait des difficultés avec Maïmouna à l’intérieur, qui devait jouer 28 minutes. Mais avec ses erreurs et Dongue qui nous dominait, il fallait sacrifier une jeune. Et elle (Fatou Diagne) a tenu et elle a tout donné, même si elle a fait des erreurs sur les rebonds et sur les paniers faciles. Elle a tenu tête à une excellente joueuse, Seda, qui domine vraiment le championnat au niveau de l’équipe du Mozambique. C’est l’une des filles qui nous a donné beaucoup de satisfactions, même si c’est progressivement qu’elle est venue. Elle n’a que 22 ans. D’ici cinq, six ans, elle fera de bonnes choses avec l’équipe du Sénégal. Je la félicite autant que les autres joueuses.’’

REACTIONS

LALA WANE (ARRIERE DES LIONNES)

‘’Très fière de mon premier Afrobasket’’

‘’C’est fort probable qu’on ait joué le match avant de l’avoir démarré. Mais après je pense que dans nos têtes on ne s’était pas préparées spécialement pour un match très, très difficile. Ça l’a été. Comme je l’ai dit au début, il ne faut jamais sous-estimer les équipes. On doit les respecter et les prendre à leur juste valeur. Au début, on en a fait les frais. A la mi-temps, on a su se réveiller, se concentrer, respecter les consignes et défendre plus dur pour revenir et gagner. On est confiantes, mais modérément. On va se recentrer pour mieux retravailler par rapport à  ce qu’on fait, parce que le Nigeria, c’est un sacré gabarit. Je suis très contente et très fière de jouer mon premier Afrobasket. Je participe en même temps à cette victoire, même si le temps de jeu n’est  pas aussi important. Pour le peu qu’on te laisse sur le terrain, il faut toujours se donner à fond. C’est important, que ce soit en défense ou en attaque. Je suis satisfaite de ce que j’ai produit ce soir, en espérant continuer comme ça en finale.’’ 


JULIAN MARRINEZ, COACH MOZAMBIQUE

’Jouer dans une salle avec 16000 personnes, ce n’est pas évident’’

‘’23 lancés francs pour le Sénégal en seconde période, ce n’est pas possible. C’est le pays organisateur qui a investi beaucoup de choses pour l’organisation du tournoi, mais il faut que les choses changent. Ce n’est bénéfique pour personne ces genres de situations. Je porte l’entière responsabilité de la défaite de mon équipe.

J’ai du respect pour tout le monde, mais jouer dans une salle avec 16000 personnes, ce n’est pas évident. Tout monde se pose des questions par rapport à Leia Dongue qui est resté sur le banc en un moment donné. Un match se joue de plusieurs manières. Je n’avais pas aussi de possibilité de temps mort pour gérer. J’ai fait ce que j’ai cru bon pour l’équipe. Après cela marche ou pas. Je veux retenir la participation de mon équipe qui a fait un très bon championnat. Et l’avenir est prometteur.’’


TAMARA SEDA, PIVOT MOZAMBIQUE

‘’L’équipe s’est accrochée jusqu’au bout’’

‘’Les gens disent qu’on a eu un tableau facile pour arriver à ce state de la compétition. Ce qui est faux. On est venu pour réussir. On s’est bien battues, depuis le premier jour. On sort de cette la tête haute, parce qu’on a fait un très bon parcours. Le Sénégal a remporté le match parce que, pour gagner, il faut faire moins d’erreurs que votre adversaire. On a eu des tirs qu’on n’a pas su convertir. Le Sénégal a converti les siens dans les moments cruciaux du match. C’est ce qui explique notre défaite. Avant de venir ici, on n’avait pas eu l’occasion de jouer à l’extérieur. Il nous a manqué un peu de vécu en compétitions internationales.

Je garde le positif, car l’équipe a fait un excellent parcours jusqu’en demi-finale. Entre 2017 et cette année, il y a deux équipes différentes. Les gens pensaient que cela allait être facile, parce que l’équipe n’était pas parmi les favoris ni les outsiders. Mais, en venant ici, on savait qu’on allait faire quelque chose. L’équipe est meilleure cette année qu’en 2017. Défendre contre certaines joueuses sénégalaises comme Astou Traoré, Mame Marie Sy, ce n’est pas très facile. On est venu, on a combattu et l’écart au score montre que l’équipe s’est accrochée jusqu’au bout.  

LOUIS GEORGES DIATTA

 

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