Publié le 19 Jan 2013 - 00:15
CHEIKH TALIBOYA DIOP ( PORTE-PAROLE MOUVEMENT TEKKI)

 ''Nous ne sommes pas dans le grand Benno Bokk Yaakaar''

 

S'il soutient à fond la politique du gouvernement, et si son leader Mamadou Lamine Diallo est dans le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, le Mouvement Tekki, selon son porte-parole, ne se sent nullement liée à la grande mouvance présidentielle.

 

Comment appréciez-vous la présence de votre leader à l’Assemblée nationale ?

 

Effectivement, à l’issue des élections législatives, on a eu à envoyer à l’Assemblée nationale le président Mamadou Lamine Diallo. Sa présence à l’hémicycle est très positive. Comme vous le savez, avant d’être un homme politique, Mamadou Lamine Diallo est connu pour son engagement citoyen et son niveau intellectuel qui lui permettent de s’épanouir dans certains espaces comme l’Assemblée. Sa participation au niveau des commissions et des plénières donne une certaine visibilité dans l’espace politique. La manière dont fonctionnait l’Assemblée est différente. Aujourd’hui, on a noté une rupture au vu du rythme de travail infernal auquel sont soumis les parlementaires.

 

Pourtant on n’a pas senti cette rupture sur le plan des comportements, on assiste encore à des invectives au sein de l’hémicycle ?

 

C’est vrai que c’est une situation très regrettable. Mais il faut comprendre que la rupture est une dynamique et elle est très dialectique. Il n’est pas évident que chacun puisse voir de manière nette la rupture entre l’ancien et le nouveau. Il faut reconnaître qu’on est sur la bonne trajectoire. Il suffit que les citoyens encouragent les députés.

 

Que pensez-vous du débat autour de la traque des biens mal acquis ?

 

C’est très positif. Il faut reconnaître que l’ancien régime avait corrompu la vie politique. Pour avoir une promotion, il faillait être très subtil dans la corruption et le vol. La levée de l’immunité est un acte dans la lutte contre l’impunité. Ces gens-là vont répondre de leurs actes. Même s’il y a la présomption d’innocence, il est évident que ces gens-là sont trempés jusqu’au cou. La deuxième signification, c’est qu'elle permettra à tout détenteur de bien public, quelle que soit sa position, de rendre compte. C’est une avancée extraordinaire. Cela ne faisait pas école à l’époque. Ce n’est pas une chose facile, mais s’ils prennent la responsabilité, devant les hommes et devant l’histoire, de lever leur immunité parlementaire, je pense que la rupture est amorcée et sera ancrée dans les mœurs politiques.

 

Plus de huit mois après l’alternance, beaucoup de Sénégalais disent ne pas sentir les choses bouger...

 

C’est normal. Nous croyons à l’immédiateté. La gestion d’un État transcende vraiment cette réalité. Le changement, comme je l’ai dit, est quelque chose de très dynamique. Nous avons noté des avancées fondamentales comme le renforcement des pouvoirs des corps de contrôle, la mise en place de l’Ofnac (Office national anti-corruption). On ne peut pas dire que tout va bien, mais on peut quand même augurer des lendemains meilleurs. Il faut savoir que l’ancien régime a laissé le pays dans un État de déliquescence telle qu’il faudra des mesures exceptionnelles pour pouvoir émerger.

 

On s’achemine d’ici peu vers des échéances électorales. Comment le Mouvement Tekki compte-t-il les aborder ?

 

Pour les perspectives, nous avons mis l’accent sur le congrès, nous avons enclenché le processus de renouvellement des instances. C’est à l’issue de ce congrès que nous déciderons si nous allons aborder l’étape des élections.

 

Irez-vous seuls ou en coalition ?

 

Pour l’instant, le mouvement est uniquement dans la coalition Benno Bokk Yaakaar, à l’intérieur de l’Assemblée, et non dans la grande coalition.

 

N'est-ce pas une contradiction, dans la mesure où la coalition Benno Bokk Yaakaar à l’Assemblée est le prolongement de la grande coalition nationale ?

 

Oui ! Mais la naissance de cette coalition est partie de l’élection présidentielle. Au premier tour, nous avons préféré ne pas présenter notre candidat pour ne pas rajouter à cette multitude de candidatures. Au second tour, compte tenu de la situation, on était obligé d’appeler à voter pour le candidat Macky Sall. Cela ne veut pas dire que nous sommes dans la coalition Benno Bokk Yaakaar. Mais vu les réalités au niveau de l’hémicycle, est-ce qu’il fallait être un non inscrit ou rejoindre l’opposition qui nous a combattus ? La realpolitik nous a dicté d’intégrer le groupe parlementaire Benno Bok Yaakaar. Au moment des élections, nous apprécierons.

 

PAR DAOUDA GBAYA

 

 

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