Publié le 9 Jan 2012 - 16:38
CINQUANTENAIRE DU DÉCÈS DE FRANTZ FANON

Leçons d'un engagement sans frontière

Frantz Fanon

Le Comité du cinquantenaire de la mort de Frantz Fanon a organisé une conférence samedi à Dakar sur le thème : ''Fanon 50 ans après, quel héritage politique et intellectuel ?'' Les conférenciers ont chacun traité d'un domaine de la vie et de l’œuvre du disparu. Ainsi, Alla Kane, inspecteur des impôts, a retracé la vie de Fanon durant laquelle il n’a jamais cessé d’apporter son savoir et sa force aux peuples en quête de libération. Mort très tôt, à 36 ans (1925-1961), l'illustre disparu a commencé son engagement avant même le début du combat aux côtés du Front national de Libération (FLN) d'Algérie, a fait savoir M. Kane.

 

 

Le médecin martiniquais était bien avant le début de la guerre toujours auprès des populations en formant des infirmiers, fournissant des locaux aux dirigeants du FNL pour des rencontres secrètes. Il a également été un agent de liaison en transmettant des informations. M. Kane a aussi souligné les années dures vécues par Fanon avec le racisme en France qui l'a poussé à lâcher sa fameuse phrase : ''Le Sud américain est pour le nègre un doux pays à côté des cafés de Saint-Germain''.

 

 

L’engagement de l’auteur de ''Peau noire masque blanc'' a été un point intéressant de la conférence. Babacar Mbodji, enseignant à l’Université Cheih Anta diop (UCAD), s'est appesanti sur l'exemple Fanon qui a ''sacrifié son destin en faveur du peuple''. De nos jours, regrette M. Mbodji, ''chacun pense à trouver des moyens pour avoir le peuple avec lui et faire des choses contraires à son discours initial''.

 

L'Homme au centre des préoccupations

 

Le sociologue enseignant-chercheur Abdoul Wahab Kane a quant à lui mis l’accent sur l’engagement de Fanon mais au plan de l’Homme, en soulevant beaucoup d'interrogations. Ainsi, l’auteur ''Des damnés de la terre'' s’intéressait beaucoup à des questions comme le racisme, la folie, les rapports sociaux, la culture sans ou avec le racisme. Pour Frantz Fanon, dira M. Kane, ''le contexte colonial était à la base de la folie qui sévissait à cette époque de même que beaucoup d’autres maladies''.

 

Le Martiniquais s'est aussi intéressé à la situation de la jeunesse africaine, professant que celle-ci ne doit pas être dirigée vers les stades mais vers les champs et les écoles. A ce propos, le sociologue sénégalais pense que ''le sport peut être source de dérives comme de nos jours avec la lutte''.

 

 

En outre, Frantz Fanon a dans sa vie interpellé les intellectuels du tiers-monde et du monde sur les menaces de l’aliénation culturelle. De l'avis d'El Hadji Momar Samb, leader du Rassemblement des travailleurs africains-sénégalais (RTA-S), cette aliénation est toujours d’actualité. Il soutient que les Africains ne produisent pas mais recopient la culture des autres comme les rappeurs et les femmes avec les télénovelas.

 

Amadou THIAM

 

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