Publié le 12 Sep 2018 - 02:10
CLIMAT

Les pays en développement s'insurgent contre Washington

 

Les pays riches avaient promis une aide annuelle, d'ici 2020, mais refusent pour l'instant de concrétiser leurs engagements.

 

 Les pays en développement se sont insurgés dimanche contre les Etats-Unis et leurs alliés, accusés de saper les négociations visant à prévenir le réchauffement climatique, en achevant à Bangkok une réunion préparatoire au prochain sommet COP24 sur le climat. Des experts du monde entier ont discuté toute la semaine à Bangkok de la finalisation des règles pour mettre en œuvre l’accord de Paris sur le climat. Le pacte de 2015 vise à contenir le réchauffement mondial sous les 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. L’accord prévoit également une aide annuelle de 100 milliards de dollars (86,5 milliards d’euros) d’ici à 2020 pour les pays pauvres.

Les pourparlers thaïlandais ont achoppé sur la question clé du financement des efforts pour limiter le réchauffement et la transparence des contributions. Des délégués représentant certains des pays les plus petits et les plus pauvres de la planète ont accusé les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux de ne pas se montrer à la hauteur de leurs engagements en matière d’investissements verts. «Les pays développés sont responsables de la vaste majorité des émissions historiques et bon nombre se sont considérablement enrichis en brûlant des combustibles fossiles», a déclaré Amjad Abdulla, qui représente une quarantaine de nations allant des Maldives aux Bahamas en passant par Singapour, éparpillées sur tous les océans.

Les pays en développement, principales victimes du réchauffement climatique

«Nous faisons face à des conséquences climatiques dévastatrices et certains d’entre nous pourraient être perdus à jamais à cause de la montée des eaux», a ajouté Amjad Abdulla. Une étude de The Lancet a calculé en effet que la grande majorité des victimes du réchauffement climatique depuis les années 70 habitaient dans les pays pauvres. Et parmi eux, 88% étaient des enfants de moins de 5 ans.

Les pays riches, Washington en tête, refusent de concrétiser leurs engagements

Les Etats-Unis et d’autres pays développés sont hostiles à une trop grande transparence qui mettrait les riches en face de leurs obligations et rechignent à s’engager sur la structuration de financements futurs. Les pays en développement affirment qu’ils ont besoin de financements transparents et prévisibles. Une source de haut niveau au sein du bloc africain a déclaré à l’AFP que ces pays reniaient leurs promesses en refusant de parler de financements futurs. « C’est comme si nous avions recommencé à zéro » à Bangkok, a dit cette source.

Les quelques 190 Etats participants à l’accord de Paris ont jusqu’à la fin de l’année et la 24e Conférence climat de l’ONU en décembre à Katowice, en Pologne, pour finaliser les règles de mise en œuvre du pacte sur le climat. Si des progrès ont été réalisés à Bangkok sur certains sujets comme les nouvelles technologies, les défenseurs de l’environnement ont accusé Washington d’entraver, avec l’aval de l’Occident, toute avancée sur les questions de financements, alors même que le président américain Donald Trump a annoncé le retrait de son pays du processus de Paris en 2020.

Selon Harjeet Singh, de l’ONG ActionAid, l’accord de Paris est « au bord du précipice ». Les écologistes accusent aussi l’Union européenne dont le Royaume-Uni, et l’Australie de se ranger derrière les Etats-Unis.

AFP , LIBERATION

 

Section: