Publié le 9 Nov 2016 - 20:43
CLINTON FACE À TRUMP

Les six moments clés de la campagne américaine

 

Hillary Clinton et Donald Trump lors du deuxième débat de la campagne électorale, à Saint-Louis dans le Missouri, le 9 octobre 2016. Après des dizaines de meetings et plusieurs face-à-face délétères, Hillary Clinton et Donald Trump achèvent l’une des pires campagnes électorales qu’aient connues les Etats-Unis. Donald Trump, investi candidat républicain le 19 juillet 2015, a multiplié les attaques et fustigé comme personne auparavant les femmes et les minorités telles que les musulmans et les immigrés, se mettant à dos de propres membres de son parti.

 

Donald Trump et les femmes

Propos sexistes, insultes, soupçons d’agressions sexuelles, le candidat républicain a plusieurs fois été au centre de polémiques concernant son rapport aux femmes. Ainsi, le 7 octobre, le Washington Post publie une vidéo datant de 2005 dans laquelle Donald Trump évoque dans les termes les plus crus ses techniques pour séduire les femmes. « Quand on est une star, elles nous laissent faire. Tu peux faire tout ce que tu veux. Prends-les par la chatte. Tu peux faire tout ce que tu veux », dit M. Trump à son interlocuteur, l’animateur Billy Bush, après avoir relaté dans le détail une tentative infructueuse concernant, précise-t-il, une femme mariée.

Aussitôt la vidéo publiée, l’équipe de campagne du milliardaire prend conscience du danger que représente la divulgation de ces propos. Pour la première fois depuis le début de la campagne, le candidat républicain tente de faire amende honorable :

Alors que Donald Trump est déjà peu populaire parmi les électrices, ses propos et les accusations d’attouchements sexuels ont eu un impact négatif sur l’électorat féminin. Un élément qui handicape le candidat dans un pays où les femmes votent plus que les hommes.

L’affaire des e-mails de Hillary Clinton

  • L’enquête du FBI

L’affaire des e-mails de la candidate démocrate a sans aucun doute ponctué sa campagne électorale et entaché son image. Hillary Clinton s’est en effet vu reprocher l’usage d’un serveur de messagerie privé plutôt que celui du département d’Etat lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine (2009-2013), pendant le premier mandat de Barack Obama. Une pratique dont elle a elle-même reconnu que c’était une erreur d’un point de vue de la sécurité des échanges d’informations sensibles. La police fédérale avait alors décidé d’ouvrir une enquête avant de la classer, en juillet, sans poursuivre la candidate.

Mais le 28 octobre, à la surprise générale, le chef du FBI, James Comey, annonçait dans une lettre adressée aux élus du Congrès l’ouverture d’un complément d’enquête après la découverte de courriels du département d’Etat sur l’ordinateur portable d’Anthony Weiner, l’ex-mari de Huma Abedin, conseillère de la candidate démocrate.

Encore plus surprenant, le 6 novembre, James Comey informe le Congrès que l’examen de nouveaux courriels de Hillary Clinton n’a pas modifié les conclusions formulées en juillet, qui recommandaient le classement de l’affaire.

Les révélations de WikiLeaks

Une autre affaire de courriels, beaucoup plus récente celle-là, a également pollué la campagne de la candidate démocrate : celle de WikiLeaks. Au début du mois d’octobre, son fondateur, Julian Assange, promet de diffuser, d’ici à l’élection présidentielle du 8 novembre, un flux continu de courriels privés mettant en lumière à la fois la duplicité des positions de la candidate démocrate et les coulisses de sa campagne électorale.

M. Assange dit détenir plus de cinquante mille courriels tirés de la correspondance de John Podesta, chef de cabinet de la Maison Blanche sous Bill Clinton et aujourd’hui directeur de campagne de l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama. De quoi dévoiler les arrière-cuisines de la campagne de Mme Clinton au gré des échanges de ses collaborateurs.

Ces « conversations » mettent en lumière les revirements de la candidate démocrate sur différents sujets. Lors d’un événement organisé en 2014 par la banque d’affaires Goldman Sachs et le fonds d’investissement BlackRock, Mme Clinton admet ainsi qu’elle est « déconnectée » de la réalité que vit le pays. Elle évoque son père, qui « aimait à se plaindre des grandes entreprises » et de son appartenance à la classe moyenne. « Maintenant, évidemment, je me suis éloignée de cela à cause de la vie que j’ai vécue et de la fortune, dont mon mari et moi profitons », confie-t-elle. Ces confidences confortent l’idée, défendue par une partie des Américains, que Hillary Clinton n’est pas honnête ou digne de confiance.

Donald Trump s’en prend aux musulmans

Tout au long de la campagne, Donald Trump s’est illustré pour ses propos racistes et xénophobes en ciblant notamment la religion musulmane. Il en a fait un fonds de commerce, déclarant, notamment à la suite des attentats à Bruxelles, le 22 mars, que les musulmans « ne s’intègrent pas dans d’autres pays ».

Dans la foulée des attentats du 13 novembre en France, M. Trump propose de ficher tous les musulmans vivant aux Etats-Unis – une mesure comparée par ses adversaires aux fichiers de juifs établis par les nazis. Après la tuerie de San Bernardino, en Californie, perpétrée le 2 décembre par un couple de musulmans radicalisés, il annonce que s’il était élu il fermerait provisoirement les frontières des Etats-Unis à tous les musulmans.

Le vent a finalement tourné lorsqu’il s’est attaqué, à la fin du mois de juillet, aux parents d’un officier musulman de l’armée américaine tombé au combat. M. Trump n’avait pas hésité à critiquer le père de Humayun Khan, tué en 2004 en Irak, venu s’exprimer devant les délégués démocrates à Philadelphie, insinuant même que la mère, dans ce couple musulman, avait été forcée au silence.

Hillary Clinton et l’épisode de la pneumonie

Tandis que les noms des victimes du 11 septembre 2001 étaient égrenés à l’occasion de la quinzième commémoration des attentats ayant frappé les Etats-Unis, la candidate démocrate a fait un malaise et a dû être évacuée. Quelques heures plus tard, le médecin de Mme Clinton annonçait qu’une pneumonie lui avait été diagnostiquée deux jours plus tôt et qu’elle suivait un traitement à base d’antibiotiques. Plus tôt dans la journée, Hillary Clinton avait pourtant lancé après son malaise : « Je me sens très bien. C’est une belle journée à New York. »

Cet épisode médical renvoie à la relation problématique des Clinton avec la vérité et la transparence, avait relevé le Washington Post. « Une pneumonie, ça se traite avec des antibiotiques. Comment guérit-on d’un penchant malsain pour le secret qui crée des problèmes inutiles à répétition ? » a pour sa part ironisé David Axelrod, ancien bras droit de Barack Obama.

Donald Trump et les Mexicains

Tout au long de la campagne, le Mexique et ses citoyens émigrés aux Etats-Unis ont été l’une des cibles privilégiées de M. Trump. Le magnat new-yorkais a promis, s’il accédait à la Maison Blanche, de construire un mur le long des 3 200 kilomètres de frontière séparant les deux pays. Sa construction devra être financée par Mexico, a-t-il annoncé, sans quoi il entend bloquer les centaines de millions de dollars envoyés par des migrants mexicains installés aux Etats-Unis à leurs familles. Des envois de fonds qui constituent l’une des principales sources de devises du Mexique.

Depuis la primaire républicaine, Donald Trump a également construit sa campagne sur la promesse d’expulser la totalité des 11 millions d’immigrés sans papiers présents aux Etats-Unis. « Le premier jour, je commencerai à expulser rapidement les immigrés criminels illégaux de ce pays, notamment les centaines de milliers qui ont été remis en liberté sous l’administration Obama-Clinton », avait-il déclaré en août 2016, à Des Moines, dans l’Iowa.

Hillary Clinton insulte les électeurs de Donald Trump

Le 9 septembre, la démocrate rompt avec une règle d’or, ne jamais s’en prendre à l’électorat de son adversaire. Ce jour-là, elle juge publiquement lors d’une collecte de fonds que, « grosso modo », une bonne moitié des soutiens de Donald Trump sont « pitoyables » et « irrécupérables », parce que « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes ».

Plusieurs commentateurs politiques estiment également qu’il s’agit d’une erreur sérieuse de la part de Hillary Clinton, au moment où les sondages prédisaient une course plus disputée qu’attendu pour la Maison Blanche. La candidate démocrate finit par s’excuser le lendemain reconnaissant avoir « généralisé grossièrement » et disant à son tour que nombre d’électeurs de Donald Trump sont des « Américains qui travaillent dur ».

En 2012, le candidat républicain Mitt Romney avait déjà franchi cette ligne jaune lorsqu’il avait déclaré que « 47 % » d’Américains étaient des assistés.

LEMONDE.FR

 

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