Publié le 19 Nov 2017 - 05:32
COMMENTAIRE

Alléluia !

 

Le président de la République a déclaré, hier, qu’il ne sera désormais plus toléré que des médicaments frauduleux soient vendus dans ce pays. ‘’C’est une fraude mortifère qui tue des milliers d’individus et nous ne pouvons rester sans réagir. De la même façon que nous avons engagés une guerre contre le trafic du bois en Casamance, nous engagerons cette guerre contre le trafic du médicament qui sonne la mort et la désolation’’.

Après avoir entendu ces propos du président Macky Sall, j’ai eu envie de crier : Alléluia ! Mais, en s’arrêtant sur cette annonce, on ne peut s’empêcher de constater qu’il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce pays. Car cette déclaration sous-tend que jusqu’à ce 18 novembre 2017, des faux médicaments sont en circulation dans ce pays, au vu et au su de tout le monde. Par conséquent, que durant tout ce temps et tous les régimes qui se sont succédé, on a laissé faire.

Ce constat alarmant induit une question : combien de citoyens sénégalais ont été victimes de ce laxisme innommable ? Combien cela a coûté en termes de soins de santé et de prise en charge, depuis tout ce temps ?

Aujourd’hui que la plus haute autorité de ce pays décide de mettre le holà à cette aberration qui n’a que trop duré, est une très bonne chose. Qu’il faut applaudir des deux mains. On espère sincèrement que cette annonce sera suivie d’effet. Et que ce ne sera pas comme Keur Serigne-bi où - c’est un secret de polichinelle - le business du médicament a plus que jamais droit de cité. Alors que le site est censé être fermé et ses méandres débarrassés de ses marchands de la mort.

Mais, dans ce pays, étant entendu qu’on n’est pas à une incohérence près, nous ne pouvons sérieusement gager de rien du tout, quand on pense que des médicaments saisis (1,2 tonne de médicaments périmés, selon les pharmaciens) à Darou Mousty, lors d’une opération de salubrité publique, sous l’égide du Comité national de lutte contre les faux médicaments, en collaboration avec Interpol, ont été rendus à leurs propriétaires qui n’ont absolument rien à faire avec des médicaments. Que l’Etat ait baissé son froc, à ce point, est incompréhensible. D’ailleurs, j’aimerais bien savoir qui a donné l’ordre de les restituer. En fait, quelle peut bien être la force, dans ce pays, au-dessus de l’Etat, capable de le faire plier, en dépit du bon sens le plus élémentaire ? 

D’autant que la question ne se limite pas seulement aux faux médicaments. Il y a la question des dépôts de médicaments - une autre incompréhension - gérés par des individus aussi ignares que les clients qui viennent s’y approvisionner en médicaments. On peut comprendre, au vu des sommes qui sont annoncées, tout le profit que les uns et les autres tirent de ce business. Mais l’Etat n’a-t-il pas l’impérieux devoir de protéger ses populations contre tout danger, quel qu’il puisse être ? Gageons donc qu’une nouvelle ère s’ouvre, celle du bon sens.  

Gaston COLY

 

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