Publié le 26 Aug 2020 - 23:32
COMMERCE AVEC L’EXTERIEUR

Les importations explosent en juin 2020

 

Avec un taux de couverture des importations par les exportations évalué à 47,3 %, le Sénégal peine à renverser sa dépendance à l’extérieur.

 

Les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus frappent toutes les économies du monde. En amenant les Etats à fermer leurs frontières, elles auraient pu favoriser la consommation de produits locaux dans beaucoup de pays.

Toutefois, cela n’en prend pas le chemin au Sénégal, si l’on se fie aux chiffres publiés par le document de conjoncture économique de juin 2020 de la Direction de la prévision des études économiques (DPEE).

En effet, selon cette note, le déficit commercial du pays s’est accentué de 40,5 milliards, s’établissant à 134,8 milliards de francs CFA. Une hausse qu’explique une progression des importations (+66,8 milliards) plus importante comparée à celle des exportations de biens (+18,3 milliards) en mai et juin dernier.  

Cette situation traduit un taux de couverture des importations par les exportations, en retrait de 5,0 points de pourcentage par rapport au mois précédent. Les exportations de biens sont estimées à 156,4 milliards au mois de juin 2020, contre 138,1 milliards en mai, soit une hausse de 13,2 % (+18,3 milliards). Cette progression est, en partie, expliquée par le renforcement des exportations d’or brut (+3,7 milliards), de zircon (+1,4 milliard) et, dans une moindre mesure, de ciment (+0,8 milliard). En même temps, les exportations de produits alimentaires ont affiché une légère hausse de 0,6 milliard sous l’effet, essentiellement, de l’accroissement des ventes à l’extérieur de produits halieutiques (+8,3 milliards) amoindrie néanmoins par la baisse des exportations de produits arachidiers (-7,8 milliards).

En glissement annuel, les ventes vers l’extérieur de biens se sont accrues de 21,9 % (+28,1 milliards), reflétant ainsi la hausse des exportations de produits alimentaires (+7,6 milliards) et d’or brut (+1,4 milliard). Concernant les ventes à l’étranger de produits alimentaires, la hausse est liée, en partie, à la progression des exportations de produits arachidiers (+3,6 milliards), de ‘’préparation de soupes, potages et bouillons’’ (+2,3 milliards) et de légumes frais (+1,2 milliard).

Cette hausse a, toutefois, été légèrement atténuée par le repli des exportations de zircon (-1,2 milliard), renseigne le document de la DPEEE.

La bonne tenue des exportations n’est cependant pas assez importante pour couvrir la dépendance à l’extérieur. Car les importations de biens sont passées de 264,0 milliards au mois de mai 2020 à 330,8 milliards en juin 2020, soit une progression de 25,3 % (+66,8 milliards). L’Etat profite-t-il du moment, avec la baisse un prix du baril du pétrole, pour faire de la réserve ? Selon la DPEE, l’augmentation est l’effet de la progression de la valeur des importations de produits pétroliers (+39,6 milliards) imputable aux renforcements des achats des huiles brutes de pétrole de 29,8 milliards et de produits raffinés de 9,8 milliards, en variation mensuelle. Mais aussi de ‘’machines, appareils et moteurs’’ (+8,6 milliards) et de ‘’véhicules, matériels de transport et pièces détachées automobiles’’ (+4,2 milliards).

A l’inverse, les importations de produits pharmaceutiques et de produits alimentaires se sont orientées en baisse respectivement de 6,8 milliards et 2,6 milliards.

En glissement annuel, la même tendance est observée. Les importations de biens ont connu une hausse de 19,7 % (+54,7 milliards) reflétant, principalement, l’accroissement des achats à l’étranger de produits pétroliers (+30,6 milliards), de produits alimentaires (+18,7 milliards) et de ‘’machines, appareils et moteurs’’ (+6,5 milliards). En revanche, les achats à l’extérieur de ‘’véhicules, matériels de transports et pièces détachées automobiles’’ et de produits pharmaceutiques se sont inscrits en baisse respectivement de 13,1 milliards et 4,2 milliards sur la période.

Malgré la crise économique, le commerce avec les pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) reste important. Vers cette destination, les exportations sénégalaises ont été estimées à 38,6 milliards au mois de juin 2020, contre 30,9 milliards le mois précédent, soit une hausse de 7,7 milliards. Elles ont, ainsi, représenté 24,7 % de la valeur totale des exportations de marchandises du Sénégal durant le mois de juin 2020. La part des produits acheminés vers le Mali, principale destination des exportations du Sénégal dans l’union, est passée de 48,0 à 45,7 % sur la période, soit une perte de part de 2,3 points de pourcentage. Le ciment reste le principal produit exporté vers le Mali avec une part évaluée à 28,6 % en juin 2020 contre 29,1 % le mois précédent. Toutefois, la politique fait craindre une baisse plus prononcée de ces exportations avec les sanctions prononcées par la CEDEAO à l’encontre de ce pays.

ACTIVITE ECONOMIQUE INTERNE

Une bonne tenue des indicateurs notée

Malgré les difficultés économiques que traverse le pays depuis un semestre, certains agrégats économiques tentent de faire de la résistance, pour maintenir une activité économique interne.

Le vivre avec le virus prôné par le président Macky Sall est en train de s’appliquer à l’activité économique du Sénégal. Au mois de juin, quatrième mois passé avec la crise liée à la pandémie de coronavirus, elle s’est consolidée de 7,5 %, par rapport au mois précédent, tirée essentiellement par le tertiaire (+7,4 %), le secondaire (+11,8 %) et l’Administration publique (+3,1 %). Ces chiffres ont été fournis par la Direction de la prévision des études statistiques (DPEE) dans son dernier point mensuel de conjoncture économique.

Mais sur un rythme annuel, l’activité économique s’est réduite de 0,7 % de par rapport aux agrégats de juin 2020.

Si le secteur primaire (hors agriculture et sylviculture) s’est consolidé de 2,6 %, en un mois, grâce aux performances de la pêche (+2,0 %) et de l’élevage (+3,0 %), une projection annuelle montre qu’il s’est replié de 10,8 %, en liaison avec la baisse de l’abattage contrôlé de viande (-18,5 %). Un recul que pourrait expliquer les difficultés traversées par la restauration et l’hôtellerie, liées aux conséquences de la crise sanitaire qui va bientôt boucler 6 mois de présence au Sénégal.  

En juin 2020, le secteur secondaire a progressé de 11,8 %, en variation mensuelle. Cette orientation est essentiellement attribuable aux performances notées dans les activités extractives (+26 %), la construction (+14,8 %), la fabrication de produits agroalimentaires (+5,5 %) et la branche ‘’production de métallurgie-fonderie et fabrication d'ouvrage en métaux’’ (+45,5 %).

Par contre, font remarquer les statisticiens, la branche ‘’production et distribution d’électricité et de gaz’’ (-14,4 %), la ‘’production de l’égrenage du coton’’ (-68,2 %) et la branche ‘’sciage et rabotage du bois’’ (-17,4 %) se sont contractées sur la période.

Sur un an, l’activité du secondaire a affiché une croissance de 8,5 % en juin 2020, principalement tirée par la branche ‘’production de la filature, du tissage et de l'ennoblissement textile’’ (+70,8 %), la construction (+19,5 %) et les activités extractives (+13,6 %). Toutefois, de faibles résultats sont, notamment, observés dans la fabrication de matériels de transport (-65,7 %), l’agroalimentaire (-1,8 %), la branche ‘’raffinage de pétrole et cokéfaction’’ (-29,3%) et la fabrication de produits chimiques de base (-12,2 %).

Quant au secteur tertiaire, il s’est renforcée de 7,4 %, entre mai et juin, essentiellement porté par le commerce (+7,5 %), les ‘’activités artistiques, culturelles, sportives et récréatives’’ (+121,1 %), l’’’information et communication’’ (+10,6 %), les activités financières et d’assurance (+15,3 %), les ‘’activités de services et de soutien de bureau’’ (+17,7 %), les ‘’activités spécialisées, scientifiques et techniques’’ (+5,8 %) et les activités immobilières (+2,2 %).

Mais sur une base annuelle, une contraction de 5,5 % du tertiaire est notée en juin 2010, en liaison avec les activités immobilières (-14,5 %), les ‘’activités artistiques, culturelles, sportives et récréatives’’ (-90,5 %), le transport (-15,6 %), le commerce (-3,0 %), l’enseignement (-6,3 %), l’’’hébergement et restauration’’ (-21,3 %) et l’’’information et communication’’ (-4,4 %).

Lamine Diouf

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