Malang Camara et Thierno Ba quémandent la clémence du tribunal

Dans la nuit du 27 au 28 août 2009, le français Gérard Gallé a été atrocement tué dans son bateau et son épouse violée par ses assassins. Ces derniers en l’occurrence Thierno Ba dit Thier, Malang Camara, condamnés aux travaux forcés à perpétuité en 2017, ont été jugés hier devant la cour d’appel. Ils ont sollicité la clémence du tribunal.
Condamnés aux travaux forcés à perpétuité en première instance, le trio Thierno Ba dit Thier, Malang Camara et Abdoulaye Ndiaye ont interjeté appel. Leur affaire a été évoquée hier, à la barre de la cour d’Appel. Ils avaient été reconnus coupables, en 2017, d’association de malfaiteurs, vol commis la nuit avec usage d'armes, de violences ayant entraîné la mort atroce du ressortissant français Gérard Gallé et de viol collectif. Les faits se sont déroulés, en 2009. Dans la nuit du 27 au 28 août, alors que le défunt Gérard Gallé et son épouse étaient dans les bras de Morphée, leur bateau « La fleur du sel » a été pris d’assaut par les trois individus.
Déterminés à dépouiller la victime de tous ses biens, en cette veille de Korité, le trio a bravé vents et marée, en nageant sous la pluie à 3h du matin, pour atteindre le navire. Une fois sur place, les assaillants, sans pitié, ont ligoté le défunt qui, de surcroît, était un handicapé. Bâillonné, il a succombé par strangulation, comme en atteste le certificat de genre de mort établi le docteur Mendès. « C'est une mort par strangulation à mains nues. Aussi une mort suite à une fracture provoquant ainsi une hémorragie interne et externe causée par un objet dur et contondant. Il avait écoulement nasal et blessures corporelles », concluaient l’homme de l’art.
Dans cette affaire, les bandits n’ont pas épargné la femme de la victime, Ndèye Mour Thiaw. Impuissante face aux sévices que subissait son mari, les agresseurs l’ont violée à tour de rôle. Ayant plus de chance que son époux, elle a pu échapper à la furie de ses agresseurs et a appelé à l’aide.
Grâce à une enquête méticuleuse, Thierno Ba dit Thier et son acolyte, Malang Camara ont été interpellés. Abdoulaye Ndiaye s’est, lui, évaporé dans la nature et reste jusque-là introuvable.
Devant le juge d’appel hier, Malang Camara a reconnu les faits et a sollicité la magnanimité de la cour. « C'est nous qui avons commis ces faits et je demande la clémence du tribunal. Et je regrette ce qui est arrivé », a-t-il déclaré. Avant de raconter le film de l’abordage : « On s'est concerté, avant d'aller sur le bateau. Lorsqu'on a ouvert la porte de la chambre à coucher des époux dans laquelle ils dormaient, la dame Thiaw a crié, quand elle nous a vus. C'est moi qui ai attaqué la victime », a-t-il avoué.
Avant d’ajouter : « On a trouvé Gérard avant de le ligoter, puis de le bâillonner. Je l'ai étranglé avec un oreiller et il est mort dans mes bras ». Concernant le viol collectif, l’accusé nie y avoir participé. « Ndèye Mour Thiaw criait en se débattant, nous l'avons ligotée, mais on ne l'a pas violée. Et je ne saurai vous dire celui qui l'a violée. Mes acolytes s'étaient dispersés dans la chambre ». Il a, par ailleurs, précisé que le défunt n’était pas ligoté. A l’en croire, seule son épouse a été attachée.
Entendu à son tour, Thierno Ba alias Thier a nié en bloc. Se lavant à grande eau, il s’est défaussé sur le fugitif Abdoulaye Ndiaye. « Une fois sur le bateau, Malang s'est dirigé vers la chambre. Là, la dame a crié et je lui ai dit qu'on était là pour de l'argent. C'est le nommé Abdoulaye Ndiaye qui a pris un couteau dans la cuisine pour la menacer. Ensuite, je l'ai surpris en train de la violer. Je lui ai demandé d’arrêter », s’est-il défendu. « Je n'ai pas touché à la dame. Je n'ai pris que l'argent que cette dernière m'a remis de son propre chef », a-t-il indiqué.
Partie civile dans cette affaire, Ndèye Mour Thiaw est restée constante et formelle dans ses déclarations. Elle persiste et signe que les trois se sont relayés sur elle, en la violant sa pitié. « Une fois sur le bateau, ils ont commencé à nous frapper. Mon mari criait. Ils m'ont tous les trois violée à tour de rôle dans le salon. Ils m'ont attachée. Ce sont les deux accusés ici présents qui m'ont transportée dans le salon », a-t-elle témoigné, la voix laissant transparaître l’émotion qu’elle a enfouie au fond d’elle, depuis 11 ans. « Mon mari était un handicapé et je l'ai trouvé inerte et attaché sur le lit, ainsi qu'un oreiller posé à ses côtés. Il était ensanglanté. Ils ont volé beaucoup de biens, à savoir des ordinateurs, des moteurs etc. Ainsi, ils ont transporté le butin dans un petit bateau », a narré la dame qui a ajouté s’en remettre à la justice.
A la suite de la partie civile, le procureur général a soutenu qu'il y a un danger de pénalité et de personnalité dans cette procédure. « Ils l'ont fait pour de l'argent, puisqu'ils voulaient passer une bonne fête de Korité », a déclaré le maitre des poursuites. Qui, estimant que les faits sont d’une gravité extrême, n’a pas, cependant, exclu le fait que les accusés puissent bénéficier de circonstances atténuantes, car, à ses yeux, ils n’avaient pas l’intention de tuer Gérard.
« Il faut les déclarer coupables des autres chefs et ne retenir que le viol simple et puis écarter les circonstances aggravantes », a fait observer le substitut du procureur Général qui, pour la peine, s'en remet à la sagesse de la cour. Me Cheikna Keita de la défense s’est réjoui du « brillant réquisitoire » du parquet et indiqué que les travaux forcés infligés aux accusés sont lourds. Il a fait appel à la magnanimité du juge.
Malang Camara et Thierno Ba seront édifiés, le 27 janvier 2021.
AMINATA DIALLO