Publié le 9 Aug 2020 - 00:27
CONTRAT PORT AUTONOME DE DAKAR- ONAS

5,7 milliards pour dépolluer la baie de Hann

 

Dans le cadre de la réalisation du projet de dépollution de la baie de Hann, le Port autonome de Dakar et l’Office national de l’assainissement du Sénégal ont procédé, hier, à la signature d’un protocole d’accord.  

 

Le Port autonome de Dakar (PAD) et l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) ont procédé, hier, à la signature d’un protocole d’accord relatif à la délégation de maitrise d’ouvrages des travaux de restructuration du réseau d’assainissement du Port autonome de Dakar. Il va coûter environ 5,7 milliards F CFA’’. Cette somme est décomposée comme suit : trois milliards cent millions de F CFA pour la partie extérieure de la barrière douanière ; 2,6 milliards pour la partie intra-douanière. Avec cet accord, les populations de Yarakh et environs peuvent désormais pousser un ouf de soulagement. La dépollution de la baie de Hann était une vieille doléance. Le 1er août 2019, le président Macky Sall demandait d’ailleurs, dans ce sens, l’accélération de la mise en œuvre de ce projet.

Ainsi, cette cérémonie de signature de protocole revêt un caractère exceptionnel, au regard de la place qu’occupent désormais les questions environnementales et d’assainissement dans le processus de développement économique et social de nos pays, a indiqué le directeur du PAD, Aboubacar Sédikh Bèye. ‘’L’accès à un assainissement adéquat est devenu à la fois une exigence et une priorité pour la préservation de la santé publique, de la protection des milieux naturels et pour le développement socio-économique’’, admet-il. 

C’est donc ‘’conscient de ces enjeux’’ que le Port autonome de Dakar a conduit des études dont l’objectif est de proposer un schéma de restructuration du réseau d’assainissement du port de Dakar et du bassin versant du canal 5. Cette étude, explique M. Bèye, s’est déroulée en deux étapes. Il y a eu un avant-projet sommaire (APS) réalisé en 2011 et un avant-projet détaillé (APD) fait en 2015-2016. Ce dernier, selon le DG du PAD, avait comme objectifs spécifiques ‘’la restructuration du réseau du port, le raccordement à l’intercepteur gravitaire au front de mer, retenue suite aux études complémentaires sur les infrastructures de transferts, le prétraitement des effluents industriels’’.

Aussi, il convient de noter, selon M. Bèye, que la mise en œuvre de ce projet ‘’va contribuer à atténuer la pollution de la baie de Hann qui faisait partie des plus belles au monde’’. Cependant, il a relevé qu’en attendant sa mise en œuvre, des dispositions doivent être prises pour préparer la connexion au futur interrupteur et freiner la pollution du plan d’eau. Il s’agit du respect des engagements pris par le PAD dans le protocole d’accord pour l’application du principe pollueur-payeur, de la circonscription de la pollution provenant des exutoires et de la sensibilisation des permissionnaires. Ces études sont conçues pour prendre en charge tout l’assainissement de plus de 5 communes de la région de Dakar.

Cette cérémonie, qui s’est tenue dans un contexte de crise sanitaire, est, par ailleurs, une réponse à la demande de santé publique des populations qui ont le droit de disposer d’un réseau d’assainissement et d’un environnement de qualité. Le directeur général de l’Onas, Lansana Gagny Sakho, a d’ailleurs souligné cette dimension sanitaire du projet. ‘’Au-delà de la dépollution, la baie de Hann, c’est 500 mille personnes qui vivent dans les communes de Mbao, de Thiaroye et de Hann-Bel Air. Pendant la saison des pluies, dans des communes comme celle de Thiaroye, vous verrez les fosses septiques couler, la nappe affleure. Les gens vivent dans des conditions très difficiles. L’aboutissement de ce projet, au-delà de la dépollution, au-delà du secteur privé, permet de régler des problèmes de santé’’, dit-il.

C’est, en effet, pour faire face à ces enjeux environnementaux, économiques et sanitaires, que l’Etat du Sénégal avait élaboré un plan d’action prévoyant la dépollution de la baie qui couvre une zone s’étendant sur 13 km.

Pour Lansana Gagny Sakho, ce protocole, au-delà de la dépollution de la baie de Hann, permettra de confirmer la compétitivité du Sénégal dans certains domaines très précis. Prenant l’exemple de la pêche, il considère qu’on ne peut pas la développer au Sénégal, si nous avons des eaux qui sont polluées. D’où l’importance qu’il dit accorder à la signature de ce protocole. ‘’On parle toujours de public-privé ; nous avons ici un protocole public-public. Je pense que nous devons travailler dans ce sens et renforcer cette dynamique. Nous travaillons avec les mêmes ressources de l’Etat du Sénégal. Et je pense que c’est une façon de les optimiser’’, a-t-il estimé.

C’est ainsi qu’il a accentué son discours sur la nécessité de soutenir le secteur privé qui est, d’après lui, un créateur d’emplois. ‘’Le port de Dakar est la porte, la vitrine du Sénégal. Nous devons soutenir le secteur privé dans la mise à niveau de ses ouvrages. Le système pollueur-payeur va exister. Je n’aime pas forcément ce terme ; l’exception devrait être le payement de la taxe. L’Agence française de développement est en train de travailler pour mettre à la disposition du secteur privé un fonds pour les accompagner. La signature de ce protocole est une très bonne chose. Après, je pense qu’il faut aller engager le dialogue avec le secteur privé’’, a-t-il plaidé.

BABACAR SY SEYE (STAGIAIRE)

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