Publié le 16 Jan 2020 - 19:12
CONTRIBUTION DU SECTEUR MINIER A L’ECONOMIE NATIONALE

Une faiblesse qui dérange

 

Dans le rapport 2018 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), les entreprises minières déclarent avoir versé à l’État du Sénégal la somme totale de 122 milliards de francs CFA. Celles implantées dans la région de Thiès ont donné un montant global de 59 781 610 662 F CFA. Les acteurs considèrent ces sommes modiques, par rapport aux chiffres d’affaires. Et la contribution à l’économie locale quasi inexistante.

 

Le Sénégal accueille une flopée d’entreprises minières qui brassent des centaines de milliards de francs CFA par an. Le rapport 2018 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) renseigne qu’elles ont versé 122 milliards de F CFA de contribution à l’économie nationale. Pendant ce temps, toujours en 2018, le secteur minier dit avoir réalisé un bénéfice de 296 milliards 103 millions 910 mille 681 francs CFA, en termes de vente et d’exportation.

Thiès, première région minière du Sénégal, accueille Dangote, Ciments du Sahel, ICS, GCO, Cogeca, Gecamines, Sephos… Ces entreprises ont versé à l’État du Sénégal plus de 59 milliards de francs CFA, contre une cinquantaine en 2017. Un léger bond qui ne réjouit pas le coordonnateur de l’antenne régionale de la coalition Publiez ce que vous payez.

D’ailleurs, il annonce que l’organisation à laquelle il appartient va changer de paradigme, en demandant aux entreprises de publier leurs chiffres d’affaires annuels. D’après Abdoul Aziz Diop, cela va permettre de corriger certaines disparités. ‘’Pour la région de Thiès, dit-il, en termes de contribution à l’économie nationale, c’est Dangote qui vient en tête, avec 20 milliards de francs CFA. Mais quel est son chiffre d’affaires ? Quand on parle de Dangote, on parle de Cogeca, pour le basalte. Dans le rapport, la contribution des Industries chimiques du Sénégal (ICS), première entreprise de phosphate au Sénégal, s’élève à 5 milliards de nos francs. Cela est très faible par rapport à son chiffre d’affaires. Pourtant, les ICS sont régies par le Code minier de 1988. Les ICS ne payent pas de redevance, ni de taxe à l’État sénégalais. Donc, sa contribution est trop faible par rapport à son chiffre d’affaires’’, s’offusque Abdoul Aziz Diop, invitant toutes les entreprises évoluant dans le secteur extractif au respect de la nouvelle loi du secteur minier et des hydrocarbures. Il estime que ces sociétés minières peuvent mieux faire. 

Que dire des dépenses sociales de ces entreprises qui sont de l’ordre de plus de 503 millions F CFA à Thiès ? Des ratios jugés trop faibles. Cette iniquité a été dénoncée par le président de la commission communication du Comité national Initiative pour la transparence dans les industries extractives (CN-ITIE), lors du comité régional de développement (CRD) de partage des résultats ITIE de la région de Thiès. ‘’Sur les 122 milliards de F CFA de contribution du secteur extractif, plus de 59 milliards proviennent de la région de Thiès, soit 19 %. Les dépenses sociales des entreprises au niveau de la région, pour 2018, s’élèvent à plus de 503 millions de F CFA, avec des ratios très faibles. Pour la santé, les dépenses étaient de 2 %, 30 % pour l’éducation, 3 % pour le financement des GIE locaux, 2 % pour l’assainissement, 2 % pour l’environnement, 1 % pour l’électrification rurale, 19 % pour la culture et les sports, 0 % pour l’hydraulique, 32 % sont consacrés aux autres dépenses, etc.’’, déplore Abdoul Aziz Diop, insistant sur le fait que les entreprises se doivent de soutenir le développement des collectivités locales à la base.

Pour sa part, la présidente du CN-ITIE a demandé aux entreprises ‘’de tout divulguer, pour plus de transparence’’ dans la gestion des revenus issus du secteur extractif. Aussi, Eva Marie Coll Seck insiste sur la clé de répartition des revenus et précise que la publication régulière des rapports par les entreprises concourt à la bonne gouvernance. 

Les entreprises rechignent à payer la rente minière

Outre les dépenses sociales qui sont minimes à la base, les entreprises implantées dans la région de Thiès et qui évoluent dans le secteur extractif, trainent encore les pieds. Malgré le mécanisme de paiement qui a été mis en place depuis 2009 par l’État du Sénégal, ces dernières peinent à verser le fonds de péréquation aux collectivités territoriales. Dix ans après, rien ne bouge.

‘’Même après la publication de ce décret, les collectivités territoriales du Sénégal n’ont toujours pas reçu leur part de la rente minière. Pour faire très simple, les entreprises ont payé les 20 % de redevances et droits fixes, mais le fonds de péréquation n’a pas encore été versé. Nous demandons la libération des fonds de péréquation au profit de ces collectivités territoriales’’, déclare le coordonnateur adjoint du Forum civil.

Pour ce qui est de la répartition des revenus issus du secteur extractif tant souhaitée la présidente Eva Marie Coll Seck, Abdoul Aziz Diop demande que certains critères soient revus et corrigés. Selon lui, l’indice démographie n’est pas pertinent, dans certains cas. ‘’En 2015, par exemple, la commune de Thiès-Est a reçu 19 millions de francs Cfa sur les fonds de péréquation, alors que la commune de Darou Khoudoss, qui abrite deux sites miniers, notamment GCO et ICS, se retrouve seulement avec 7 millions. Celle de Ngoundiane, qui abrite toutes les carrières avec toutes les externalités négatives, s’est retrouvée uniquement avec 3 millions de francs CFA, parce que la démographie est moindre dans ces zones. Au même moment, Mbour, qui n’a pas de site minier, a reçu 33 millions francs CFA. Il faudrait penser à d’autres critères plus pertinents que ce critère démographique’’, fustige et recommande le coordonnateur de l’antenne régionale de la coalition Publier ce que vous payez.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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