Publié le 29 May 2020 - 16:58
CONTROVERSE AUTOUR DE L’UTILISATION DE L’HYDROXYCHLOROQUINE

Didier Raoult réplique à la revue ‘’The Lancet’’

 

Avec sa propre étude scientifique, dont un résumé des conclusions est disponible sur le site de L'IHU Méditerranée Infection (l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille) le controversé infectiologue confirme les résultats très encourageants de sa méthode pour traiter la Covid-19.

 

Il ne se laissera pas abattre sans aller au combat. Et ce n’est pas l'étude publiée par la revue scientifique ‘’The Lancet’’, selon laquelle le recours à la chloroquine ou à ses dérivés contre la Covid-19 serait inefficace, voire néfaste, qui mettra le professeur Didier Raoult au tapis. Loin de se laisser discréditer par les experts de l’université américaine de Harvard, le chef de l'IHU Méditerranée Infection (l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille) a publié, mercredi soir, le résumé d’une étude sur 3 737 patients traités dans son institut. Sur le site de l'IHU Méditerranée Infection, cet abstract décrit, selon les mots du professeur de médecine, ‘’la plus grande cohorte suivie dans un seul et même centre dans le monde’’.

Quelques heures après que le gouvernement français a mis fin à l'autorisation de l'hydroxychloroquine contre la Covid-19 à l'hôpital, se défendant de toute décision ‘’politique’’ à l'encontre du controversé Pr. Raoult qui promeut ce médicament, l’infectiologue rassure ceux qui croient en sa version, en assurant que dans son institut, son traitement sauve des vies au lieu d’en prendre. Et pour le prouver, son étude, disponible, constate sans appel qu’’’un diagnostic précoce, un isolement précoce et un traitement précoce avec au moins trois jours d'hydroxychloroquine-azithromycine (HCQ-AZ) permettent d'obtenir un résultat clinique et une contagiosité nettement meilleurs chez les patients atteints de Covid-19 que les autres traitements’’. Pour cela, elle s'appuie sur des chiffres détaillés : ‘’Nous rapportons rétrospectivement la prise en charge clinique de 3 737 patients, dont 3 054 (81,7 %) traités par HCQ-AZ pendant au moins trois jours et 683 (18,3 %) patients traités par d'autres méthodes.’’

Le microbiologiste explique, avec plus de détails, avoir diagnostiqué 6 836 patients (soit 10,4 % des patients venus consulter) dont 3 737 inclus dans notre cohorte. L'âge moyen était de 45 ans ; 45 % étaient des hommes et le taux de mortalité était de 0,9 %, précisent encore les résultats de l'étude. Mais surtout, et le résumé insiste, ‘’ni torsades de pointes (NDLR : troubles du rythme cardiaque) ni morts subites n'ont été à déplorer’’. Une manière, pour le Pr. Raoult, de confirmer l’aspect ‘’foireux’’ de l'étude publiée dans ‘’The Lancet’’ en ajoutant cette nouvelle publication à son arsenal contre le ‘’big data’’, comme il se plaît à le dire sur Twitter.

En plus du Sénégal, des Australiens, Britanniques et Espagnols s’interrogent sur l’intégrité de l’étude publiée dans ‘’The Lancet’’ par Mehra et al.

Sur ce réseau social, le controversé professeur ne lâche rien. Dans un tweet affiché hier, il souligne encore le manque de sérieux et d’intégrité de l’étude anti chloroquine : ‘’Les autorités australiennes, interrogées par le ‘Guardian Australia’, s'interrogent sur les fortes discordances entre les données de l'article de Mehra et al dans ‘The Lancet’ et leurs données nationales. Elles ne comprennent pas quels hôpitaux ont partagé leurs données patient. Le magazine demande des comptes aux auteurs de toute urgence. Ceux-ci se défendent en expliquant qu'un des 5 hôpitaux australiens était en fait un hôpital asiatique. Toujours des écarts inexpliqués. La magie du big data !’’ Il ne s’est pas non plus gêné pour publier les positions de l’Agence espagnole du médicament (AEMPS) et du Comité britannique de surveillance de l'essai (Recovery) qui ne sont pas, eux non plus, convaincus par les observations de Mehra et al.

Malgré la décision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de suspendre les essais cliniques sur la chloroquine ou l’hydroxychloroquine, en Afrique, des pays comme le Sénégal, le Tchad, l’Algérie et le Maroc font pour l’heure un choix différent, en continuant à administrer la solution du Pr. Raoult. L’infectiologue qui coordonne la prise en charge des contaminés au Sénégal, le professeur Moussa Seydi, invoquait mercredi sur l’AFP une réduction plus rapide de la charge virale chez le malade traité avec l’hydroxychloroquine et une bonne tolérance au médicament pour justifier cette position.

Si l'IHU Méditerranée Infection de Marseille a précisé qu'il ‘’continuera à traiter (ses) patients avec les traitements les plus adaptés’’ malgré l’interdiction du gouvernement français, ‘’le suivi à long terme du dépistage de la fibrose (NDLR : infection pulmonaire) sera le prochain défi dans la gestion de la Covid-19’’, conclut le résumé de l'étude du Pr. Raoult.

Lamine Diouf

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