Publié le 17 Jul 2012 - 23:17
COTE D'IVOIRE

Ce que Ouattara attend de la Chine

 

À l'occasion du 5e Forum de Coopération Chine-Afrique, qui se tient les 19 et 20 juillet à Pékin, Alassane Ouattara se fait le VRP de la société Côte d'Ivoire Inc. Infrastructures, formation, santé, mines, défense... Les projets de coopération débordent des cartons.

 

Mardi soir, vers 17 heures 30, l’avion présidentiel ivoirien devrait se poser à l’aéroport de Xi’an, en plein centre de la Chine. Accompagné de plusieurs ministres (Affaires étrangères, Intégration africaine, Transports, Infrastructures, Commerce, Énergie et mines), Alassane Ouattara entamera sa première visite officielle dans l’Empire du Milieu à l’occasion au 5e Forum de Coopération Chine-Afrique, qui se tient les 19 et 20 juillet.

 

Promoteur de « l’éco-diplomatie », le chef de l’État ivoirien joue gros. Il vient soumettre au gouvernement chinois, dont le pays détient plus de 3 240 milliards de dollars de réserves de change, de grands projets en matière de reconstruction et faire la cour aux investisseurs. Une semaine avant son départ, Ouattara a d’ailleurs reçu l’agence de presse chinoise Xinhua et a tenu à adresser des louanges à ses hôtes.

 

« Le gouvernement chinois a mené la bonne politique économique et monétaire… C’est un pays qui aide la communauté internationale dans sa prise de position, dans ses financements et pour l’Afrique, c’est une grande opportunité ».

 

Feu le président Houphouët-Boigny avait établi des relations diplomatiques avec la Chine en 1983 mais il avait toujours préféré la relation avec son partenaire français. Ouattara compte aujourd’hui aussi bien sur ses partenaires occidentaux que sur les grandes puissances du Sud.

 

À son arrivée à Xi’an, un dîner lui sera offert par le gouverneur de la province de Shanxi. Le lendemain, il visitera le musée de l’armée enterrée du 1er Empereur de Chine avant de mettre le cap sur Pékin pour le sommet sino-africain. Dans la capitale chinoise, de nombreux entretiens sont prévus avec les grands patrons des entreprises nationales et il rencontrera la diaspora ivoirienne présente dans le pays. Le point d’orgue de la visite sera la réception par son homologue chinois, Hu Jin Tao, au Palais du Peuple, pour une séance de travail sur les questions africaines et bilatérales.

 

Plus de 10 milliards de F CFA

 

« Nous souhaitons renforcer notre partenariat avec Pékin, explique Daniel Kablan Duncan, le ministre ivoirien des Affaires étrangères. Nous avons un taux de croissance qui avoisine les 8% et un secteur privé très dynamique, des atouts pour les entreprises chinoises désireuses d’investir dans notre pays ». Depuis la fin de la crise postélectorale, le vice-ministre et le ministre des Affaires étrangères chinois, Lu Shaye, se sont rendus à Abidjan. Des visites qui ont permis la signature de cinq accords de coopération et d’assistance technique et financière de plus de 10 milliards de F CFA. Mais les autorités ivoiriennes attendent beaucoup plus de la deuxième puissance mondiale.

 

Elles souhaitent finaliser les discussions avec leur partenaire chinois sur plusieurs projets : la rénovation du Palais de la culture d’Abidjan, endommagé durant la crise postélectorale, et de plusieurs ministères ; la construction et la réhabilitation de plusieurs centres de formation agricole, de lycées et d’un centre de lutte et de recherche contre le paludisme ; la fourniture de médicaments et d’équipements pour l’hôpital de Gagnoa construit par les chinois.

 

 

Seront aussi évoqués le financement de l’autoroute Abidjan-Grand Bassam, dont les travaux doivent commencer au début d’août, et son extension jusqu’à la frontière du Ghana. Ainsi que la réalisation d’une ligne de chemin de fer entre San Pedro et le Mont Nimba à l’Ouest et son prolongement en Guinée. « Il y a un potentiel d’extraction de 10 milliards de tonnes de minerais de fer sur les deux pays, précise le ministre des Affaires étrangères. Les Chinois et les Indiens sont intéressés pour monter un consortium pour son exploitation ».

 

Un barrage pour devenir un hub électrique

 

La Chine devrait également apporter une contribution de 22 milliards de F CFA pour l’installation de jeunes commerçants ivoiriens sur tout son territoire, un dossier porté par le ministre du commerce, Dagobert Banzio. Son collègue des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Adama Toungara, devrait discuter de la construction du barrage de Soubré, dont le financement reste à boucler. La Côte d’Ivoire souhaite en effet devenir un hub énergétique. Elle fournit déjà en électricité le Togo, le Bénin, le Ghana, le Burkina, le Mali et a reçu des demandes du Liberia et de la Guinée.

 

Enfin, le ministre chargé de la Défense auprès du président, Paul Koffi Koffi, devrait aborder avec les autorités chinoises la question de la formation et de l’assistance militaire. À l'issue de sa visite en Chine, le chef de l'État ivoirien se rendra en France où il sera reçu à l'Elysée par François Hollande, le 26 juillet, pour aborder les questions bilatérales et la crise malienne.

 

Le lendemain, il traversera la manche pour rencontrer la reine d'Angleterre, Elisabeth II, au Palais de Buckingham avant d’assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Londres, pour y saluer les athlètes ivoiriens.

 

 

JeuneAfrique

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