Publié le 16 Mar 2016 - 18:53
COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES

L’agresseur de La Rotonde relaxé pour démence

 

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a relaxé hier El Hadji Sangoné Sène, pour cause de démence. L’homme avait poignardé un taximan et un vigile de l’immeuble La Rotonde.

 

Contrairement à sa première comparution, El Hadj Sagoné Sène était moins agité hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Mais son regard est resté le même : hagard et vitreux. Le corps engourdi à cause des sédatifs qui lui ont été administrés, selon son avocat ; sa mémoire a elle continué à lui jouer un vilain tour, même si elle l’a sauvé d’une condamnation. Toujours est-il que le Français d’origine sénégalaise, poursuivi pour coups et blessures volontaires, ne se rappelle même plus cette soirée du 6 mars dernier, lorsqu’il a poignardé un taximan et un vigile de l’immeuble La Rotonde.

 Le premier s’est retrouvé avec une Incapacité temporaire de travail (Itt) de 20 jours, le second de 60 jours. Cette soirée-là, aux environs de 20h 30mn, le prévenu a débarqué à la place de l’Indépendance, plus précisément à l’angle de l’avenue Amadou Assane Ndoye, à bord d’un taxi. Au moment de descendre, il a tendu au chauffeur un billet de 5 000 F CFA. Le taximan lui a dit qu’il n’avait pas de monnaie et a proposé d’aller en chercher. Malheureusement, il n’a pas eu le temps de descendre du véhicule car le passager, piqué par le démon, lui a asséné plusieurs coups de couteau au cou. Pendant que le taximan baignant dans son sang criait de douleur, El Hadj Sangoné Sène est sorti du taxi et s’est dirigé à l’immeuble La Rotonde.

Sur place, il a demandé à un des vigiles où il pouvait faire ses besoins. L’agent de sécurité lui a fait savoir qu’il ne pouvait l’y autoriser et lui a demandé comment il avait fait pour s’introduire dans l’immeuble. Pour toute réponse, le visiteur lui a administré un coup de couteau à la poitrine. Alertés par les cris de douleur de la victime, les autres vigiles se sont mis aux trousses de l’assaillant resté introuvable. Avisés, des éléments du commissariat central de Dakar ont, après une fouille minutieuse de l’immeuble, retrouvé Sangoné et l’ont conduit à leur siège. Interrogé, le mis en cause leur a rétorqué qu’il ne se souvenait de rien. Bien que les enquêteurs aient tenté de lui rafraîchir la mémoire, il est resté amnésique.

Plusieurs fois hospitalisé en France pour troubles psychiques

Hier encore, le prévenu n’a pas été en mesure de relater les faits. Il a soutenu qu’il ne se souvenait de rien. ‘’Je ne me rappelle de rien. Je sais que mes parents m’ont emmené ici (au Sénégal) pour des soins traditionnels’’, s’est contenté de dire Sangoné. Il a justifié son amnésie par une ‘’ folie passagère’’. D’après ses explications, lorsqu’il est en crise, il entend des voix qui lui disent qu’il est en train d’être attaqué. Et c’est en réaction à ces voix qu’il agit pour se défendre. Un de ses cousins, qui a été entendu, a confié aux juges que le prévenu souffre de troubles psychiques et est venu au Sénégal, il y a quelques semaines, pour des soins traditionnels. Il a expliqué que le prévenu était sous sa surveillance. Malheureusement, le jour des faits, il a profité de son absence pour sortir.

La représentante du parquet a requis l’application de la loi, mais la défense a plutôt demandé l’application de l’article 50 du Code pénal qui écarte l’existence d’une infraction, en cas de démence. Selon Me Khalilou Sèye, son client était dément, au moment des faits. Pour convaincre les juges, l’avocat a brandi le rapport médical dressé par le médecin traitant de son client. Selon le médecin français, Sangoné Sène souffre de troubles du comportement à tendance agressive et a été hospitalisé plusieurs fois. Me Sèye a demandé que son client soit relaxé ou interné dans un hôpital psychiatrique.

Au regard de ce diagnostic qui atteste la démence, le tribunal a relaxé le prévenu en application de l’article 50.  

FATOU SY

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