Publié le 10 Oct 2019 - 16:17
CRASH ÉVITÉ A L’AIBD

Les précisions de l’autorité aéroportuaire

 

 

Le directeur général de Limak-Aibd-Summa (Las), gestionnaire de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, a apporté, hier, sa version des faits, suite au crash évité du mardi matin, du Boeing 767 de la compagnie Ethiopian Airlines. Cet accident a failli emporter 98 personnes.

 

Mardi, dans la matinée, un Boeing 767 de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines, qui quittait Dakar pour rallier Bamako, la capitale malienne, a frôlé le pire, à l’aéroport international Blaise Diagne. Quelques minutes après son décollage, aux environs de 8 h 30 mn, l’avion a subi un feu moteur. Dans ce crash évité, il y a eu plus de peur que de mal. Puisqu’aucune perte en vie humaine n’a été notée. Tous les passagers à bord sont sortis sains et saufs.

Vingt-quatre heures après les faits, le directeur général de Las, gestionnaire de l’Aibd, donne sa version des faits et revient sur cet incident qui a failli coûter la vie à 98 personnes. ‘’Le feu moteur a été maitrisé par l’équipage. Le commandant de bord a éteint l’incendie avec le système d’extinction de l’avion et, ensuite, a fait demi-tour. C’est ce qu’on appelle un Qrf dans notre jargon. Il y a eu une coordination entre la tour de contrôle, le contrôle aérien et les pompiers de l’aéroport. L’avion s’est ensuite posé sur la piste où l’attendaient les pompiers de l’aéroport Blaise Diagne. En coordination avec la tour et les pompiers, le commandant a demandé une extinction pour préserver l’appareil et ses passagers. Et tout s’est passé dans de très bonnes conditions’’, explique Xavier Mary. Cependant, le patron de Las regrette la façon dont ce crash évité a été traité par les médias nationaux et internationaux.

‘’Nous avons entendu des choses qui ne reflètent pas la réalité et nous le déplorons. Car nous sommes vraiment très heureux du dénouement de cet accident, malgré le feu. Grâce à la maitrise, le sang-froid de l’équipage et le professionnalisme des équipes qui sont sur l’aéroport, le contrôle aérien, les pompiers, mais aussi les équipes d’assistance et de gestion, tout s’est bien passé pour sauver cet appareil et préserver les 98 passagers qui étaient à bord’’, se réjouit M. Mary, rappelant que juste après, les voyageurs ont été pris en charge en lien avec la compagnie.

Certains poursuit-il, ont été acheminés, dans l’après-midi, par d’autres vols et les autres ont quitté Dakar hier mercredi, après avoir séjourné dans des hôtels de la capitale sénégalaise. Aussi, Xavier Mary renseigne qu’une enquête est en cours et c’est celle-ci qui va tout déterminer.

Inspecteur titulaire et cadre à l’Anacim, Alioune Thiam a salué la ‘’promptitude’’ des éléments de la sécurité aéroportuaire qui, selon lui, ont respecté leur délai d’intervention de trois minutes et fait de leur mieux pour éviter le crash. Au-delà de trois minutes, précise-t-il, ce n’est pas bon. ‘’Mais ils ont pu réagir à temps réel pour refroidir le moteur qui a pris feu et les passagers ont été tranquillement évacués. L’aéronef a été déplacé de la piste aussitôt. S’ils n’avaient pas réagi à temps, le pire serait arrivé. L’avion qui perd son moteur au décollage et revient en Qrf, il y a forcément risque de crash. Les pompiers de l’aéroport, l’équipe de sauvetage et de lutte contre les incendies, le pilote ont tous très bien réagi pour éviter le crash. Un feu de moteur est un incident mineur. Mais le plan d’urgence de l’aéroport a été déclenché’’, confie à ‘’EnQuête’’, Alioune Thiam.       

Rehausser le niveau de sécurité

Ce crash évité du Boeing 767 d’Ethiopian Airlines a coïncidé avec la célébration de la   Semaine de la sécurité (Safety Week des 7, 8 et 9 octobre) au niveau de la plateforme aéroportuaire de Diass. Axée sur le thème ‘’Emissions lasers-dépôts d’ordures et feux champêtres : Impacts sur la sécurité de l’aviation’’, la Safety Week a été clôturée hier. Avec cet incident qui s’y est produit, les autorités de l’aéroport Blaise Diagne ont promis de travailler d’arrache-pied et de mettre tout le monde à contribution pour renforcer la sécurité au niveau de l’Aibd et des terrains environnants. Le tout, pour éviter que de tels cas ne s’y produisent. L’Aibd fait partie de l’Association des aéroports internationaux (Aci). C’est pourquoi le directeur général de Las trouve utile d’instaurer une démarche proactive autour de tous les employés qui travaillent au sein de l’aéroport, afin de pouvoir réagir à temps et avec efficacité face à de tels incidents.

‘’La sécurité est un élément incontournable dans le domaine de l’aéronautique. Elle n’est pas quelque chose de punitive. C’est pour cette raison que nous devons sensibiliser tous les employés et les impliquer. Lundi dernier, nous avons organisé une marche pour la sécurité avec tout le monde. Avec ce qui s’est passé hier (avant-hier) le monde entier est en train de nous regarder. Le risque zéro n’existe pas, mais nous devons tous travailler à renforcer la sécurité au niveau de l’aéroport’’, déclare Xavier Mary.

De son côté, le directeur des opérations de Las indique qu’avec le transport aérien qui se développe de façon ‘’très rapide’’ au jour le jour, il est utile d’augmenter le niveau de sécurité à l’Aibd. ‘’Le transport aérien se développe très rapidement. Et qui dit développement, dit forcément sécurité. Nous devons tous travailler à renforcer la sécurité sur l’ensemble de l’environnement aéroportuaire. Pour y arriver, il faut rassembler tous les acteurs de la plateforme aéroportuaire autour de la sécurité’’, préconise Serkian Tanriover. Lors de cette clôture de la Semaine de la sécurité, il a beaucoup été question des dispositions à prendre pour une meilleure gestion des terrains environnants, des émissions lasers…

Ainsi, il faut rappeler qu’Ethiopian Airlines n’est pas à son premier incident. Le 10 mars dernier, 157 personnes ont péri dans le crash de l’un des Boeing de ladite compagnie.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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