Publié le 12 Oct 2019 - 19:51
CRASH HELICOPTERE EN CENTRAFRIQUE

L’hommage mérité du capitaine Moussa Thiam 

 

Le seul rescapé du crash d’hélicoptère en Centrafrique s’est éteint le dimanche 6 octobre dernier. L’armée de l’air lui a rendu hier un vibrant hommage.

 

C’est dans une grande émotion que s’est tenue, hier, la levée de corps du capitaine El Hadj Moussa Thiam, décédé suite à un crash d’hélicoptère, le vendredi 27 septembre 2019 à Bouar, en Centrafrique. Elevé à titre posthume au rang de chevalier de l’ordre national du Lion, il était, jusqu’au 6 octobre, le seul rescapé de ce crash.

Selon ses collègues et supérieurs, sa disparition est une grosse perte, en raison de ses multiples qualités et compétences. ‘’Moussa était généreux et serviable, ami de tous. Jeune pilote émérite, très endurant et volontaire, il est l’un des meilleurs de sa génération.  Il s’est toujours distingué par sa joie de vivre, son humilité, son humour et son innocence. Sa carrière est certes courte, mais très riche et fructueuse de par la réussite des missions qu’il a menées. Marié et père de 2 enfants, le capitaine Thiam laisse derrière lui sa famille et l’armée de l’air sous le choc’’, témoigne ses collègues dans l’oraison funèbre.

Pilote émérite, El Hadj Moussa Thiam aura totalisé, durant sa carrière, 2 341 heures de vol, tous types d’hélicoptère confondus. Selon ses frères d’armes, il se trouvait être l’homme de la situation, en cas d’atterrissage difficile ou forcé. Cependant, le vendredi 27 septembre, dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), les choses ne se passent pas comme prévu. Tout l’équipage en a fait les frais, occasionnant un lourd bilan de 4 morts. Le commandant de bord, le copilote, un photographe aérien et un mécanicien navigant.

Un pilote chevronné

Né le 10 janvier 1986 à Pout, dans le département de Thiès, c’est en novembre 2015 qu’il s’est engagé au sein de la Minusca, menant avec succès ses missions. Il a participé aux quatre détachements qui se sont succédé en Centrafrique, occupant les fonctions d’officier de sécurité de vol et de chef des opérations du commandement de détachement à partir de mai 2019.

Dans le cadre de la sécurisation de la région sud du Sénégal, il a participé à toutes les opérations aériennes menées dans les zones militaires 5 et 6. Le défunt, selon ses supérieurs, a toujours démontré un haut sens de patriotisme, de professionnalisme et de bravoure qui lui a valu maintes récompenses.  En 2012, il est l’objet d’un témoignage de satisfaction du commandant du Premier groupement opérationnel de l’armée de l’air avec le motif ‘’A fait preuve de professionnalisme, de savoir-faire et de connaissance des procédures aidant à limiter les dégâts lors de l’atterrissage forcé d’une opération en Casamance’’.  Le 28 juillet 2014, le commandant de la zone militaire n°5 de Casamance lui décernait une lettre de félicitations pour le motif ‘’Contributions habituelles et exceptionnelles lors de la conduite de missions de reconnaissance et d’appui feu et aérien’’.

En somme, le capitaine avait l’estime de ses chefs et a, durant ses 13 ans de service, su représenter dignement la nation sénégalaise dans les opérations extérieures pour la quête de la paix dans le monde.

Le capitaine El Hadj Moussa Thiam a intégré les forces armées le 1er août 2006, après son passage à l’Ecole de l’air de Rabat, au Maroc.  Spécialisé pilote d’hélicoptère, il est revenu au Sénégal et a été membre du groupement de soutien, puis du groupement opérationnel de l’armée de l’air. L’homme est nommé lieutenant le 1er juillet 2011 et il accède au grade de capitaine le 1er avril 2016.  En 2012, il participe à une formation complémentaire sur hélicoptère à Cannes, en France. Après une qualification en commandant de bord sur hélicoptère (hémi 35 et hémi 27), il s’engagea dans plusieurs missions de combat impliquant l’escadron d’hélicoptère de 2013 à 2015.

‘’En cette douloureuse circonstance, au nom du président de la République, au nom du ministre des Forces armées, au nom du Chef d’Etat-major général des armées, au nom de tous les officiers, nous présentons nos sincères condoléances à sa famille et à ses amis. Que la terre de Pout lui soit légère. On nous tue, on ne nous déshonore pas’’, ont déclaré ses frères d’armes en guise d’adieu.

La cérémonie a vu la participation du ministre des Forces armées accompagné d’une forte délégation et du chef d’Etat-major de la Minusca.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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