Publié le 7 Aug 2018 - 20:40
CREATION D’EMPLOIS POUR LES JEUNES, AUTONOMISATION DES FEMMES

La Der de Macky

 

A travers la Délégation à l’entrepreneuriat rapide, le chef de l’Etat entend venir à bout du chômage  et du manque d’emplois qui frappe la majeure partie des jeunes et femmes du pays. Un programme annuel de 30 milliards de F CFA et qui n’a ‘’aucune coloration politique’’, selon les mots de Macky Sall. La cérémonie de remise de financements aux bénéficiaires de ce programme a eu lieu hier.

 

Une enveloppe de 10 milliards de francs CFA a été dégagée hier par le chef de l’Etat à travers la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) pour des femmes et des jeunes de tous les départements du pays. Ce montant est attribué à plus de 15 000 bénéficiaires dont 60% de femmes. De même, environ 15 000 comptes bancaires seront ouverts pour une inclusion financière.  Il convient ici de signaler que le montant total annoncé par le chef de l’Etat pour ce programme est de 30 milliards de francs CFA.

‘’Les gens se sont posé des questions en disant que 30 milliards, c’est peut-être un budget de campagne. Non, ce n’est pas le cas. Je ne connais personne parmi les bénéficiaires. Donc, ce n’est pas un outil au service d’une partie de la population ou du pouvoir politique’’, a précisé le Président Sall hier, lors de la remise symbolique de chèques aux bénéficiaires.  Dès lors, il a fait comprendre que la Der a été créée ‘’sans discrimination, ni coloration politique’’. ‘’C’est clair qu’au début, on aura tout entendu comme d’habitude. Mais ce n’est pas grave. Le peuple lui-même se rendra compte que cette Der est une création pour atteindre les véritables cibles de l’entrepreneuriat’’, a insisté le président de la République.

Pour contrôler les bénéficiaires de ce programme et éviter un financement partisan, le Président a appelé aussi tous les ministères à travailler de façon transversale avec la Der pour qu’il y ait un seul fichier central de demandeurs d’emplois et de financements. Que ce soit le ministère de la Femme, de l’Emploi, de l’Artisanat, de la Pêche, de l’Elevage, de l’Agriculture. Il est pour lui ‘’essentiel’’ que toutes ces bases de données soient regroupées en une seule qui sera ‘’accessible’’ à tout le monde.

En réalité, pour le chef de l’Etat, c’est un moyen de donner des ‘’perspectives d’emplois, et de vie meilleure’’ dans les territoires les plus reculées en faveur de la jeunesse et des femmes. Selon lui, la Der répond à l’impératif de développer l’auto-emploi et l’insertion des jeunes et des femmes à travers la promotion de l’entrepreneuriat. ‘’Nous devons encadrer financièrement et accompagner les initiatives des jeunes et des femmes pour leur permettre de réaliser leur ambition de s’épanouir et de contribuer au maintien de la dynamique de croissance forte de notre économie. J’ai décidé que chaque année, au minimum, 30 milliards de F CFA seront dégagés pour ce programme. S’il s’avère que le modèle est efficace, j’augmenterai la mise afin que les cibles soient davantage atteintes’’, a-t-il affirmé. Au fait, le Président Sall estime qu’investir sur les jeunes et les femmes est un moyen de ‘’libérer’’ leurs énergies et  leurs talents. C’est ‘’préserver’’ la dignité de chaque famille. C’est investir dans l’entrepreneuriat, dans l’avenir.

Eviter les erreurs du passé

Toutefois, le président de la République a souligné que par le passé, différents mécanismes ont été mis en œuvre. ‘’J’ai constaté au fil du temps qu’il y avait un problème d’efficacité, d’atteinte des cibles, de lourdeurs des procédures. C’est pourquoi, la Der a eu pour appellation la Délégation à l’entrepreneuriat rapide. Je ne veux pas qu’on me reproduise des schémas qui ont tous conduit à l’échec’’, a-t-il exprimé.

Le Plan Sénégal Emergent (Pse) étant le référentiel unique de la politique de développement du gouvernement, le chef de l’Etat a relevé qu’il est important que les projets financés par la Der aient un ancrage dans ce programme. Ce qui est ‘’fondamental’’ pour lui. En effet, ces financements bénéficient aux femmes mareyeuses, transformatrices avec la mise à leur disposition de fonds de roulement pour accroître leur volume d’activité.

Ces fonds s’adressent aux populations qui s’activent dans l’agriculture, dans l’artisanat, la menuiserie, l’aquaculture, afin que ces acteurs puissent disposer d’outils modernes pour améliorer la qualité de leurs produits. Au-delà de l’action de financement, la Der embrasse aussi, selon le Président Sall, le renforcement de capacité des bénéficiaires à travers la formation et l’incubation. ‘’Cette dynamique se poursuivra avec le prochain financement qui va à terme hisser le Sénégal au premier plan de pays de l’Union économique monétaire ouest africaine (Uemoa) dont les taux d’accès et l’utilisation de services financiers seront les plus élevés. Nous espérons avec cette première année de la Der, atteindre les 6%. Ce programme devrait aussi nous permettre de réussir le pari d’une inclusion financière forte porteuse de progrès économique et social’’, a-t-il soutenu.

‘’Ce n’est pas une affaire politique, c’est de l’argent à rembourser’’

Sur sa lancée, le président de la République a rappelé que ces financements sont octroyés suivant des conditions ‘’souples’’ avec un taux d’intérêt maximal de 5%. Des facilités qui ont pour finalité ‘’d’inciter’’ les acteurs du secteur financier à développer une offre ‘’inclusive’’ et de contribuer à amoindrir les échecs précoces des jeunes entreprises. ‘’Je voudrais donc en appeler au patriotisme des premières bénéficiaires par rapport au remboursement. Sachez que vous êtes les pionniers. Vous devez donner le bon exemple en remboursant à bonne date. Si vous ne faites pas, les autres ne pourront pas en bénéficier. Ce n’est pas une affaire politique, c’est de l’argent à rembourser. C’est l’argent de l’Etat, donc il ne faut pas après impliquer la police, le procureur, etc. Je ne souhaite pas qu’on en arrive là. Il faut payer’’, a fait savoir le chef de l’Etat. Pour Macky Sall, c’est comme ça que sera pérennisé cet outil ‘’novateur’’, ‘’extrêmement important’’ pour la création de la richesse et d’emplois. C’est dans cette optique le chef de l’Etat a rappelé qu’il y a encore 20 milliards qui seront donnés d’ici la fin de l’année. A ce propos, il convient de signaler que 2 milliards ont été dédiés au financement de l’entreprise 8 milliards à l’autonomisation des femmes.

Pour sa part, le Délégué général à l’entrepreneuriat rapide des jeunes et des femmes, Pape Amadou Sarr, a souligné que le taux de remboursement des banques sur le marché varie de 8 à 12% et pour les institutions de microfinance c’est entre 16 et 18%. Or, hormis le taux de 5% de la Der jugé ‘’souple’’, les délais de remboursement varient en fonction des besoins des uns et des autres. ‘’Ceux qui font l’aviculture, la pêche, ne peuvent pas avoir les mêmes délais que les jeunes start-up ou artisans. Donc, ça va de trois mois à 6 voire 7 ans ou 10 ans, si possible. Pour le moment, les deux banques avec qui nous travaillons sont la Bnde et la Cncs avec qui nous avons signé des partenariats’’, a-t-il dit. Pour M. Sarr, c’est du ‘’gagnant-gagnant’’. Vu que ça permet de mettre en place une ligne de garantie mais aussi celle de cofinancement de la dette et la prime de participation pour accompagner les projets. En effet, chaque bénéficiaire de la Der a un compte bancaire. La Der vise à financer 50 000 entrepreneurs qui seront formés et financés et 100 000 emplois directs et 200 000 indirects.

Le plaidoyer des jeunes artisans pour la promotion du ‘’Made in Sénégal’’

Bénéficiaire d’une enveloppe de 27 millions de francs CFA pour les jeunes de son secteur, Moustapha Sy Ndiaye a profité hier de son message de remerciement à l’endroit de ses bienfaiteurs pour être le porteur de voix de ses camarades artisans. ‘’Monsieur le Président, nous avons pour vous une nouvelle mission, celle de devenir le premier ambassadeur de l’artisanat sénégalais. Comme vous le faites déjà avec les boubous traditionnels que vous portez si bien, portez nos chaussures, nos sacs et n’oubliez pas de les offrir à vos hôtes et collaborateurs.

Vous pouvez ainsi créer cette dynamique pour que tous les membres du gouvernement, les députés, les entreprises nationales, les jeunes et femmes de ce pays deviennent aussi les ambassadeurs du Made in Sénégal’’, a lancé le jeune artisan. Sur ce, Moustapha a appelé les jeunes de son secteur à mettre leurs ‘’belles créations’’ en valeur, mais aussi à être créatifs et ambitieux. ‘’N’hésitons pas à investir et à nous investir dans l’artisanat et dans l’entrepreneuriat. Offrons-nous de nouvelles opportunités pour pouvoir déjà, aujourd’hui, créer le futur que nous voulons dans une Afrique que nous verrons riche, plurielle, respectueuse’’, a plaidé le jeune artisan.

 Ayant comme objectif de contribuer à la recherche et à intégrer les espaces ouverts, les incubateurs et accélérateurs technologiques, afin d’établir un label de qualité ‘’Made in Sénégal’’, Moustapha a proposé au Président ‘’l’implantation d’une galerie nationale’’. Mais également la possibilité d’envoyer certains artisans sénégalais en immersion lors des forums des entreprises internationales pour qu’ils puissent acquérir un savoir-faire nécessaire pour gérer et développer une industrie de production.

Le plaidoyer de ce jeune artisan  n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Car lors de son allocution, le chef de l’Etat a promis de militer pour cette cause. ‘’Oui Moustapha, j’aimerais bien porter vos ‘’maraakiis’’ et vos bonnets, mais ça voudra dire qu’il faudra insister sur la qualité. Je suis prêt à commencer à porter vos produits et à demander par force aux ministres, tous les pouvoirs publics d’en faire autant. Les femmes sont vraiment un modèle de consommer local en matière d’habillement. C’est  aux hommes maintenant de se mettre à jour’’, a-t-il affirmé.

MARIAMA DIEME

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