Publié le 10 Feb 2020 - 14:38
CREATION D'UN MILLION D'EMPLOIS D'ICI 2023

Le Cese prend les paris

 

Le secteur privé national a répondu présent à l'invitation du Conseil économique, social et environnemental, pour trouver des solutions au chômage des jeunes.

 

Au Sénégal, selon le rapport de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANDS) 15 % de jeunes âgés de 15 à 24 ans chôment. Cependant, la plupart de ces demandeurs d'emploi n'ont aucune qualification. Ils devraient atteindre les 400 000, en 2025 (environ 200 000 à ce jour).

En sa qualité d'organe consultatif et représentatif, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a réfléchi, samedi dernier, aux moyens efficaces de lutte contre le chômage.

Il s'est agi, pour le Cese, d'apprendre des expériences d'entrepreneurs sénégalais modèles, en vue d'enrichir les rapports et recommandations à adresser au chef de l'État. Et cela, autour du thème "Formation, insertion des jeunes et les métiers d'avenir".

"Le but recherché est d'émettre des avis imprégnés de l'expérience des uns et des autres. On a donc décidé d'aller à la rencontre de groupes non conventionnels, mais très actifs, d'échanger avec eux en dehors des cadres formalisés. Et cela, en plus des bases scientifiques issues de nos travaux antérieurs, va nous permettre de répondre aux attentes de nos concitoyens et contribuer à l'ambitieux programme du président Macky Sall, à savoir la création d'un million d'emplois d'ici 2023", explique la présidente du Cese Aminata Touré.

De ce fait, plusieurs jeunes entrepreneurs dont le réseau Network Business Link ont été invités à la table de discussion, dans le cadre du programme "Jokook Cese" (interagir avec le Cese).

Ces derniers pensent que l'entrepreneur sénégalais est livré à lui-même, car ne bénéficiant d'aucun accompagnement de l'État. Il est, en outre, poursuivi par le fisc seulement deux mois après la création de son entreprise. Si, pour beaucoup, l'absence de moyens financiers constitue un blocage majeur pour l'entrepreneuriat, il se trouve que ceux choisis par le Cese pensent autrement. Ainsi, estiment-ils, sans mesures incitatives, le secteur ne pourrait se développer, ni attirer d'autres jeunes. Par ailleurs, la question de l'adéquation du système éducatif et le marché de l'emploi a fait couler beaucoup de salive.

"Au Sénégal, la formation professionnelle est une question accessoire’’

"Au Sénégal, la formation professionnelle est une question accessoire, alors qu'elle devrait être au cœur du système. On devrait également avoir un fichier qui regroupe les différentes compétences des diplômés et entrepreneurs, la typologie des emplois par secteur et même des lycées professionnels dans chaque domaine", suggère le jeune entrepreneur Abdoulaye Diallo. D’autant que le manque d'orientation des élèves en rapport avec leurs potentialités, dès le bas-âge, constitue également un frein.

Pour d'autres, la question du chômage peut être résolue par les collectivités territoriales. Ils suggèrent un appui étatique quant à la formation des jeunes des différentes régions, en fonction des activités économiques propres à chaque localité.

Du côté de la diaspora, on est convaincu que la jeunesse sénégalaise se heurte à une problématique comportementale qui lui porte préjudice. Chose qu'elle qualifie de manque de savoir-être (civisme, respect, culture du travail bien fait, connaissance de ses droits et devoirs...) sans lequel plusieurs opportunités pourraient lui filer entre les doigts.

Évidemment, beaucoup d'espoirs sont fondés sur l'exploitation pétrolière et gazière, en termes de création d'emplois et d'implication du secteur privé national.

Prenant note de toutes ces recommandations, la présidente Aminata Touré a assuré leur introduction dans le rapport du Conseil économique, social et environnemental qui sera transmis au chef de l'État.

 EMMANUELLA MARAME FAYE

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