Publié le 24 Nov 2012 - 13:49
CRIMES ET IMPUNITÉ

 Les aveux de Ousmane Ngom

 

Ceux qui suivent la scène politique sénégalaise depuis quelques années, en particulier depuis la veille des élections ayant mené à la première alternance dévoyée de 2000, avaient fini de ne plus prêter le moindre crédit aux paroles de Ousmane Ngom. N’eût été la nécessité citoyenne pour tous les patriotes et démocrates de ce pays de s’ériger en bouclier politique de nos institutions judiciaires dans leur œuvre de salubrité publique visant à juger les crimes financiers et recouvrer les biens mal acquis, on aurait pu continuer de garder un sourire distrait devant toute déclaration émanant du personnage. De quoi s’agit-il ? Dans la communication pathétique, désordonnée et désespérée qui tient du réflexe de survie de la part des responsables du PDS à propos de ce qui n’aurait dû être et rester qu’un dossier judiciaire, Ousmane Ngom s’est signalé comme le plus loquace et le plus incohérent malgré ses bravades de mauvaise foi et son art consommé de la théâtralisation. Ainsi, dans une interview au journal Le Quotidien des 17 et 18 novembre 2012, il sert une réponse catastrophique à une question des journalistes. Je voudrais reprendre ici, in extenso, la question et la réponse.

 

 

Question : ''Pour le cas de Macky Sall, il y a eu contre lui des accusations de blanchiment d’argent. Si vous (le défunt régime du PDS) aviez alors des preuves suffisantes, vous seriez sans doute parti jusqu’au bout ?'' Réponse : ''Les gens ne sont pas allés jusqu’au bout, mais il a été entendu et l’on s’en est arrêté là. Cela ne veut pas dire encore qu’il n’a rien fait ou qu’on n’a rien trouvé. La volonté politique était de s’en arrêter là. Si la volonté politique était d’aller jusqu’au bout, il aurait été traduit devant la Haute cour de justice.'' La sagesse wolof, communément appelée wolof ndiaye, nous enseigne que le blablateur, à force de blablater, finit par se saisir de son postérieur et, de manière péremptoire, proclamer devant son auditoire : ''Je vous le dis, croyez-moi bonnes gens, çui-là, c’est pas le mien.'' (''Waxkat day waxba lamb guinaawam, ni bii, du sama bass'').

 

 

Jugez donc : selon le dernier ministre de l’Intérieur de Wade, au terme d’enquêtes régulièrement menées et mettant en cause la possible culpabilité d’un justiciable, l’Exécutif pouvait tout simplement décider de classer une affaire si telle était sa volonté politique ! Autrement dit, les crimes et délits étaient traités, non pas selon les règles et procédures de droit prévues, mais selon la volonté politique des dirigeants. On n’avait pas encore trouvé de théorie plus achevée de l’impunité. Pour tous les innombrables cas de transgressions de la loi, restés impunis sous le défunt régime, Ousmane Ngom vient, au détour de cette déclaration, de nous expliquer le modus operandi, le pourquoi du comment. Au reste, ces aveux suffisent à eux seuls à faire écrouler le château de cartes pseudo-républicain et proto-légaliste qu’il s’est évertué à construire tout au long de cet entretien et, de manière générale, dans le tintamarre actuel qui tient lieu de stratégie de communication aux Libéraux.

 

Toute leur plaidoirie sur le respect des normes de notre droit positif a fondu comme beurre au soleil, après les graves aveux du Maître-disciple. Ces gens ne croient ni aux valeurs et principes de la République, ni à la justice et à l’équité, ni à la bonne gouvernance. Ils sont profondément convaincus que tout se ramène à la politique politicienne, aux ruses et aux rapports de forces ''sur le terrain''. Ils ne croient pas et ne voient pas que le Sénégal a opéré une transformation qualitative majeure dans son processus de maturation citoyenne. Ils ne se rendent même pas compte, ou alors feignent de ne pas s’apercevoir que la conduite à terme de l’action de justice contre les criminels financiers est un des principaux aspects de la demande sociale et que le président Macky Sall doit y répondre. Il a été élu pour cela et il l’a lui-même rappelé.

 

 

Par un calcul économique rigoureux et clairement exposé à l’opinion, le président du Mouvement Tekki, Mamadou Lamine Diallo, a estimé les fuites financières enregistrées durant le règne du Sopi à 2 500 milliards de francs Cfa. Ce montant détourné de l’économie nationale a précipité 5 millions de Sénégalais (pas moins !) dans des trappes de pauvreté. En plus, sur le déficit budgétaire inquiétant de notre pays, son endettement croissant, les difficultés budgétaires pour endiguer la hausse des denrées de première nécessité malgré d’importants efforts consentis dans ce sens, le douloureux problème du chômage des jeunes et ses conséquences sur nos équilibres sociaux, l’état de dénuement du monde rural, les besoins pressants en matière d’éducation, de santé et d’assainissement, sur toutes ces urgences, les sommes détournées auraient pu permettre au Sénégal d’avoir les moyens de leur prise en charge. Tel est le véritable enjeu du recouvrement de l’argent public. Et pour cela, le Peuple sénégalais, qui s'est mobilisé dans les luttes du M23 et a ensuite proprement dégagé le pouvoir de Wade le 25 mars 2012 pour élire Macky Sall, tient comme à la prunelle de ses yeux à ce que justice soit rendue. Que la minorité d’agitateurs du PDS le comprenne ainsi.

 

Autrement, à la rigueur de la loi qui les attend, s'ajoutera une humiliation politique qui sonnera le glas du semblant d'unité qui leur reste.

FANTA DIALLO

Membre du Bureau Citoyen National

du Mouvement Tekki

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