Publié le 15 Apr 2018 - 11:21
DÉRIVES DU NET ET ENVAHISSEMENT PAR DES CULTURES ÉTRANGERES

ABC préconise le retour aux ‘’valeurs fondatrices’’ de la société sénégalaise 

 

Le médiateur de la République, Alioune Badara Cissé, a appelé, hier à Thiès, les parents ainsi que les personnes les plus âgées à inciter davantage les jeunes à s’approprier les valeurs cardinales tels que le ‘’Diom’’ et le ‘’Fayda’’, en vue d’éviter certaines dérives du net et de freiner l’incursion des cultures étrangères.

 

Dans une société sénégalaise dominée par une crise intense des valeurs qui fondent la nation, où Internet dicte sa loi aux plus jeunes et où des cultures importées qui ont fini de trouver refuge, le médiateur de la République pense qu’il est temps de tout réguler. Alioune Badara Cissé, qui présidait hier la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition du Symposium national sur la promotion des valeurs, estime que, pour mieux s’affirmer, le Sénégal doit se départir de tout ce qui ne lui est pas propre. Devant un auditoire essentiellement composé de jeunes élèves de lycées et collèges d’enseignement moyen, le médiateur a soutenu que la meilleure façon de se protéger, c’est d’être ancré dans sa propre culture.

‘’Je pense que le symposium d’aujourd’hui et de demain, en son thème fondateur, est une mesure de salubrité publique au niveau de la jeunesse sénégalaise, j’allais dire de la société. Nous voilà envahis par des cultures étrangères pour l’absorption desquelles nous ne sommes pas toujours bien préparés. Internet fait des interventions fracassantes dans nos domiciles, à notre insu, et touche les couches les plus fragiles de notre société, c’est-à-dire nos enfants. Dans l’intimité de leurs chambres, ils seraient tentés de visiter des sites jadis et toujours interdits aux enfants’’, a soutenu Me Alioune Badara Cissé.

L’avocat trouve qu’un retour aux ‘’valeurs fondatrices’’ de la société pourrait être déterminant. ‘’Un retour aux exemples dont nous nous sommes toujours nourris, ceux-là d’entre nous qui, aujourd’hui frisent les 60 années, permettraient à cette jeunesse de s’ouvrir sur l’avenir, mais d’avoir un ancrage fondamental sur les valeurs d’hier’’, a-t-il ajouté.

S’inspirer de Thiès

Pour y parvenir et renverser la tendance, l’ancien ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement d’Abdoul Mbaye invite les Sénégalais, notamment les jeunes, à s’inspirer des exemples de Thiès où les valeurs comme le ‘’Diom’’, le ‘’Ngor’’, le ‘’Kersa’’… ont toujours existé. ‘’Nous sommes à Thiès. Une terre de valeurs, une terre de culture, une terre d’ancrage, une terre de ‘Diom’, une terre de ’Fayda’, une terre de ’Ngor’ et une terre de ’Kersa’ où les gens peuvent se regarder, se parler et l’étranger n’aurait absolument rien compris. C’est connu d’ailleurs. Cette capacité du Kayor, dans son intelligence fondamentale qui faisait que, souvent, les chefs de guerre d’antan s’entouraient toujours d’un conseil du Kayor. Ce n’est pas gratuit que la famille de Cheikh Ahmadou Bamba (le fondateur du mouridisme) est venue s’installer sur les terres du Kayor où il a installé son fils Serigne Cheikh Bara. Ce n’est pas un hasard, si le Kayor a été une terre de refus, mais également une terre qui a servi à l’éclosion d’une société sénégalaise’’, a dit ABC. 

Aussi, a-t-il rappelé que Thiès est la terre ‘’sacrée’’ des cheminots où beaucoup d’hommes de ‘’refus sont nés et ont grandi’’. Dans ce combat pour la restauration des valeurs cardinales, le médiateur de la République précise que les plus âgés ont aussi leur rôle à jouer. ‘’Je crois que les plus âgés ont la capacité pour des expériences qu’ils ont vécues et de ce qu’ils ont engrangé au cours des années, de transférer aux plus jeunes toutes ces valeurs. Je demande aux initiateurs de ce symposium national de ne jamais baisser les bras. Ils doivent continuer sur leur regard vigilant de patriarche, de veiller sur eux, afin que les legs qu’ils les laisseront soient toujours portés et perpétués par cette jeunesse’’, a-t-il recommandé, appelant les uns et les autres à combattre l’excision, la déperdition scolaire et les mariages précoces, afin ‘’d’offrir une chance aux braves filles de ce pays’’.

Pendant deux jours, le Conseil départemental de Thiès, qui abrite le Symposium national sur la promotion des valeurs, à l’initiative du Renouveau des traditions originelles du Sénégal (Retro), va se pencher sur ces questions de ‘’Diom’’, de ‘’Fayda’’… socle même d’une nation en devenir.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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