Publié le 25 Jan 2016 - 18:17
DÉSHERBAGE CIMETIÈRE MUSULMAN DE YOFF

Kara reprend ‘son’ bien

 

Le cimetière musulman Bakhiya de Yoff a renoué avec le désherbage grandeur nature, à l’initiative du Mouvement mondial pour l’Unicité de Dieu (Mmud). Les adeptes du guide politico-religieux Serigne Modou Kara ont remis ce grand reposoir à neuf, samedi dernier, après une pause de plusieurs années.

 

Le désherbage a démarré tôt le matin, avec des groupes de jeunes hommes, femmes et enfants, grands et petits, qui ont convergé vers le plus grand cimetière de Dakar. L’entrain sur le parking dénotait déjà d’une activité qui sort de l’ordinaire, avec la distribution de sachets d’eau et de café touba par le ‘Diwaan’, la structure chargée de l’organisation. Des petites tentes montées un peu partout et des banderoles aux couleurs nationales et celles du Parti de la vérité pour le développement (Pvd) suscitaient la curiosité des automobilistes qui empruntaient l’Avenue Seydina Issa Laye menant à Yoff. A gauche, dans la petite mosquée, le département culturel ‘Tarbiya wa tahlil’ s’attelait à la lecture de sept Kaamil, ainsi que celle de prières pour le repos des personnes décédées, alors qu’un homme avec un porte-voix orientait les nouveaux venus.

Mais c’est la phase opérationnelle qui a concentré le gros de la troupe. Entre les mains des 1111 ‘soldats’, selon le porte-parole du Mmud Mouhamed Gningue, râteaux, pelles, sarcloirs, machettes se sont acharnés sur les arbres et herbes morts qui parsemaient les espaces entre les sépultures, dans une clameur de chants religieux que provoquait parfois un disciple enhardi. ‘‘Nous ne sommes pas en terrain inconnu. Tant que le travail n’est pas fait, nous ne rentrerons pas’’, confie le porte-parole du Mmud. Si le guide religieux n’est pas venu, l’un de ses deux fils, Serigne Ahma Mbacké, a pris une part active aux travaux en compagnie de disciples galvanisés par sa présence. ‘‘Nous ne nous contentons pas des sinécures pour donner le plus dur du travail aux talibés. Pour mériter les bienfaits de Serigne Touba, nous montrons l’exemple nous-mêmes’’, lance-t-il, entouré de disciples. Un travail effectué par de nombreux bras de telle sorte qu’en début de soirée, ‘Bakhiya’ présentait un visage neuf. Depuis 2010, le Mmud n’avait pas entrepris de nettoyage. ‘‘Le mouvement s’était déployé sur l’axe Darou-Touba. C’est pour cela qu’on avait mis le nettoyage en stand-by. Mais durant les consultations citoyennes de Serigne Modou Kara, les notables de Yoff sont allés le voir pour solliciter son intervention’’, déclare le porte-parole.  

‘‘Seul Kara en a les moyens humains’’

Mounirou Sarr, élu local et chargé de communication du 'diwaan', estime quant à lui que c’est la Ville de Dakar (VDD) qui a sollicité Kara. Les services de Khalifa Sall se sont-ils rendus à l’évidence que pareille tâche requérait des moyens humains consistants ? Ont-ils vraiment fait appel à Kara ? Toujours est-il que la VDD avait décidé de soumettre ce chantier à un appel d’offres, après les succès des sept premiers désherbages, entrepris depuis 2003. Une initiative soldée par un échec, puisque que les moyens humains requis pour cette tâche n’étaient pas dans les possibilités des entreprises soumissionnaires. ‘‘La Ville a voulu procéder au désherbage, en lançant des appels d’offres à des privés. Mais malheureusement, il n’y avait pas de suivi. Ça ne se passait pas comme le maire le voulait. Donc pourquoi pas avec Serigne Kara qui a les moyens humains, je ne parle pas de logistique ! C’est la seule personne indiquée qui peut mobiliser les Sénégalais’’, lance le gestionnaire du cimetière Ibrahima Diassy.

Le fils du guide s’est également prononcé, estimant qu’ils n’ont jamais disputé la prérogative de ce désherbage à la VDD et qu’ils ont répondu à sa sollicitation. Mais le gestionnaire du cimetière  avance le contraire, en déclarant que c’est plutôt l’inverse. ‘‘Ce n’est pas une sollicitation de la VDD. C’est Kara qui a pris lui-même cette initiative. Il savait que, depuis trois ans, ce cimetière n’était pas nettoyé et il a pris sur lui-même l’engagement de le faire. Pour cela, nous ne pouvons qu’applaudir au nom du maire de Dakar. Je sais que nous pouvons compter sur Serigne Modou Kara’’, tempère-t-il. 

OUSMANE LAYE DIOP

 

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