Publié le 6 Mar 2020 - 18:48
DE L’ARTISANAT DE DAKAR

Macky Sall veut moderniser l’artisanat sénégalais 

 

Le chef de l’Etat, Macky Sall, veut moderniser davantage l’artisanat sénégalais, pour faire du secteur un des piliers du développement économique du pays. C’est ce qu’il a fait savoir hier, lors de la cérémonie d’ouverture de la 2e édition du Salon international de l’artisanat de Dakar (Siad).

 

Placé sous thème ‘’L’artisanat, facteur de création d’emplois et de génération de revenus’’, le Salon international de l’artisanat de Dakar (Siad) constitue, selon le chef de l’Etat, ‘’une vitrine’’ pour l’artisanat sénégalais et, de manière plus générale, pour l’artisanat africain. Il permet la promotion de la production artisanale par la rencontre entre artisans et opérateurs économiques, représentant ainsi, d’après Macky Sall, ‘’un véritable moteur’’ de partenariat Sud-Sud, mais aussi promoteur de partenariat Nord-Sud.

‘’L’artisanat est au cœur de nos préoccupations, parce qu’il exerce un rôle primordial dans le développement économique national, mais également international du pays, la consolidation du savoir-faire et la création d’emplois. La production artisanale qui transcende la dimension artistique, est un acteur essentiel dans la croissance économique, si nous soutenons davantage ce secteur artisanal et si nous arrivons à le moderniser’’, affirme le président de la République.

Macky Sall, qui présidait hier la cérémonie d’ouverture de la 2e édition du Siad, a indiqué que l’artisanat est aussi un ‘’facteur de stabilité et de cohésion sociale’’. Ceci, de par sa capacité à intégrer les populations vulnérables, notamment des jeunes et des femmes dans le circuit économique, en leur permettant d’exercer des activités génératrices de revenus. ‘’J’insiste sur la modernisation et le développement de l’artisanat national. Je nourris l’ambition de faire du secteur de l’artisanat un des piliers de l’émergence’’, renchérit-il.

A cet effet, le chef de l’Etat a soutenu qu’il a ‘’orienté’’ son action vers la croissance des revenus des artisans, par la ‘’modernisation’’ de l’activité artisanale et ‘’l’amélioration’’ de la productivité des entreprises artisanales en ‘’nombre et en qualité’’. Mais aussi le ‘’renforcement de la compétitivité des produits’’ et de l’accès des artisans aux marchés nationaux et internationaux, la création d’emplois par l’accroissement de l’insertion des jeunes et des femmes dans des corps de métier du secteur.

Reconstruire ou réhabiliter les villages artisanaux

C’est tout le sens, d’après lui, de la mise en œuvre du Programme spécial de développement de l’artisanat (PSDA). ‘’Dans la même dynamique, je compte placer l’artisanat au cœur du renouveau industriel et productif national. A ce titre, le gouvernement s’attelle à assurer la mutation des microentreprises artisanales en PME et PMI’’, poursuit-il. Il s’agira, d’après lui, de poursuivre la réhabilitation et l’équipement de centres de formation artisanale, d’intensifier l’aménagement des zones de développement artisanal, des sites d’exposition et de communication artisanale. Mais aussi reconstruire ou réhabiliter les villages artisanaux. ‘’Tous ces efforts seront vains, sans la mise en place et la pérennisation de la protection sociale en milieu artisanal. Toutes ces orientations stratégiques n’ont de sens que si elles permettent aux artisans de présenter des services et produits de qualité’’, reconnait le président Sall.

Quant à la formation des artisans et à leur perfectionnement, il rappelle que deux projets ont été lancés. Il s’agit du Programme de formation ‘’écoles-entreprises’’, doté de 5 milliards de francs CFA, et le Projet employabilité des jeunes par l’apprentissage rénové (Pejar) pour une enveloppe de 30 milliards de francs CFA, financés par la Banque mondiale. ‘’Une fois formés, la Délégation à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes (Der) dans son volet artisanal, devra augmenter son enveloppe en faveur de l’entreprenariat artisanal. Pour cette année, nous n’attendrons pas moins de 2 à 3 milliards en faveur des artisans. Nous avons, dans ce programme Pejar, 32 000 jeunes à former et 8 000 ateliers artisanaux qui seront équipés pour faciliter la mutation des unités de production artisanales vers des PME et PMI’’, dit-il.

Dans le domaine du financement, le secteur bénéficie également de la ligne de crédit Acep et l’élargissement à la Der pour l’accès au financement à un plus grand nombre d’artisans, à des conditionnalités souples et allégées, et à des taux de 5 %.

Pour aller plus loin dans le mobilier national, Macky Sall a estimé qu’il faut continuer le soutien. ‘’En 2017, on a été jusqu’à 65 % en faveur du mobilier national. Il faut maintenir cette tendance, accompagner les artisans dans le perfectionnement et la modernisation de leurs productions. S’agissant de l’écoulement, l’Etat du Sénégal a déjà indiqué la voie de la promotion de l’artisanat local, plus précisément le concept du consommer local. Nous avions dit 15 %, mais très tôt, nous l’avions dépassé’’, se réjouit-il.

Cependant, le chef de l’Etat signale qu’il est ‘’impératif’’ que les artisans sénégalais soient au ‘’diapason’’ des normes internationales et des nouvelles technologies, s’ils veulent conquérir et consolider leurs parts de marché. ‘’Notre filière artisanale doit s’ouvrir aux innovations et pratiques internationales, tout en valorisant leur identité qui fait leur originalité. Il faudra que nous puissions vous doter d’outils modernes pour y arriver’’, précise-t-il.

La mise en œuvre effective des directives données en 2013 souhaitée

Pour sa part, le président de l’Union nationale des chambres de métiers admet aussi que le Salon international de l’artisanat de Dakar constitue un cadre de ‘’promotion, de découverte’’ des facettes de l’artisanat sénégalais. ‘’Nous sollicitons la mise en œuvre effective des directives que vous avez données lors du Conseil des ministres décentralisé de Tambacounda, en avril 2013. Pour faire des chambres de métiers des institutions pivots pour la relance de l’artisanat et l’élaboration d’une stratégie nationale de développement de l’artisanat. Nous souhaitons une meilleure coordination des interventions dans le secteur de l’artisanat’’, plaide Issa Dièye.

Selon lui, l’objectif de cette coordination est de ‘’rationnaliser et orienter avec efficacité’’ les ressources sur les problématiques majeures de l’artisanat. Il s’agit principalement du manque de qualification des acteurs, du caractère informel dans le management des entreprises artisanales, de l’insécurité sociale qui fait que les artisans sont victimes d’accidents, de pillages, de vols organisés et de maladies chroniques. ‘’Les difficultés d’accès au foncier occasionnent parfois des occupations anarchiques avec des déguerpissements qui aboutissent à des conflits’’, fait-il savoir.

La faible capacité technique et financière des entreprises et organisations d’artisans à postuler aux marchés publics, malgré les dérogations obtenues avec la commande publique, la faiblesse des moyens financiers et logistiques des chambres de métiers pour assurer une bonne promotion du secteur, sont également des maux qui gangrènent l’artisanat sénégalais. ‘’Nous sollicitons, enfin, l’institutionnalisation de la Journée de l’artisanat jumelée à la remise du Grand Prix du chef de l’Etat pour la promotion de l’artisanat’’, sollicite-t-il.

Il convient de noter que pour cette édition, la Turquie est l’invitée d’honneur du Siad. Ainsi, le représentant de l’Agence turque de coopération et de coordination (Tika) a saisi cette occasion pour magnifier les relations entre le Sénégal et son pays. ‘’La stabilité politique du Sénégal affecte le développement économique du pays. Nous pouvons établir des liens solides entre nos pays, qui nous permettrons d’avoir des avantages mutuels et des bénéfices communs. Pour atteindre des chiffes plus élevés dans le secteur du tourisme, je trouve très utile qu’on ait des projets de coopération très concrets dans le domaine de la promotion de l’investissement et de l’éducation’’, dit Rahman Nourdine.

Sur ce, il préconise le développement de la coopération dans le secteur de la promotion de l’investissement et du marketing. En vue d’établir un ‘’contact direct’’ entre les acteurs du tourisme à travers diverses activités telles que les ateliers, pour augmenter la mobilité touristique entre les deux pays. Au fait, M. Nourdine a rappelé qu’entre 2007 et 2016, le montant officiel de l’aide au développement de la Tika est estimé à 14 millions de dollars, soit plus de 8 milliards de francs CFA. Et entre 2005 et 2016, cette aide de la part de la Turquie était à 30 millions de dollars (plus de 17,5 milliards de francs CFA). ‘’Je ne vois aucun obstacle à ce que ces chiffres augmentent davantage’’, conclut-il.

MARIAMA DIEME

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