Publié le 6 Jul 2019 - 16:01

De l’immixtion de la famille présidentielle dans les affaires de l’Etat

 

TEL PÈRE, TEL FILS

Fils de leurs pères, présidents de la République, ils ont succédé au poste à leurs géniteurs.

Jean Sarkozy (France)

 

Fils de l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, Jean Sarkozy est membre du parti politique Les Républicains, ainsi que conseiller général des Hauts-de-Seine du canton de Neuilly-sur-Seine-Sud de mars 2008 à mars 2015. Parallèlement à ses études universitaires, Jean Sarkozy s'implique dans la politique locale de Neuilly-sur-Seine, et participe aux élections municipales de mars 2008. Jean Sarkozy est élu lors des élections cantonales des 9 et 16 mars 2008 à Neuilly-sud (Hauts-de-Seine) et devient le plus jeune conseiller général de France. Le 16 juin 2008, Jean Sarkozy est élu président du groupe UMP-Nouveau Centre-divers droite du Conseil Général des Hauts-de-Seine. Mais c’est « l’affaire EPAD » qui va le révéler au monde.

« Népotisme ». En anglais, en italien, en espagnol ou en chinois, le terme revient systématiquement dans les nombreux articles que la presse étrangère consacre à ce « la possible nomination de Jean Sarkozy », 23 ans, à la tête de l'Etablissement Public d'Aménagement de la Défense (EPAD). Jamais en reste pour chroniquer les frasques de Nicolas Sarkozy, la presse anglaise avait tiré à boulets rouge sur cette affaire. «La dynastie Sarkozy s'est une fois de plus embourbée dans une histoire de népotisme», expliquait ainsi THE GUARDIAN. Pour le TIMES de Londres, Nicolas Sarkozy a provoqué «l'embarras de ses alliés politiques» et cite des critiques anonymes au sein de l'UMP, qui trouveraient que les choses vont, cette fois «trop loin». Le quotidien rappelle l'ascension «météorique» de Jean Sarkozy, qui «a été grandement aidé par l'influence de son père».  Sur son blog, LE CORRESPONDANT DU JOURNAL EN FRANCE, Charles Bremner, est plus féroce. «Le terme de République bananière a été utilisé par un couple d'amis», raconte-t-il, parlant d'un «stupéfiant acte de népotisme». «Sarko junior, qui passe sa licence de droit, a été élu l'an dernier au Conseil Général de ce département (les Hauts-de-Seine) à la réputation scabreuse. On lui a aussitôt confié la direction de l'Union pour un mouvement populaire de papa», rappelle le journaliste.

En Italie, le CORRIERE DELLA SERA fait figurer le sujet dans sa «une» et rappelle que « La Défense » est «le plus grand centre d'affaires d'Europe», au «potentiel stratégique énorme» et que sa direction est «tout sauf triviale». Le journal s'amuse de la «continuité dynastique» des Hauts-de-Seine et de l'irruption de «Sarkozy II, le Jeune». En Espagne, où l'agence EFE a consacré une dépêche à l'histoire, plusieurs médias évoquent l'affaire, qui amuse également le quotidien conservateur américain NEW-YORK POST. L'affaire rebondit jusqu'en Inde, où l'EXPRESS INDIA note que Nicolas Sarkozy a «été critiqué» pour «gérer en famille» ses affaires. Le site DNA y consacre même un édito sur les dynasties politiques, notant que cette notion familière à l'Inde «se porte bien dans le monde et devient commune même dans les soi-disant méritocratiques démocraties occidentales». On parle de Jean Sarkozy jusqu'en Australie, où THE AUSTRALIAN reprend un article du TIMES de Londres.

Ivanka Trump (USA)

Ivanka Trump, femme d'affaires, femme politique et ancien mannequin américain, est la fille de Donald Trump, 45ème président des États-Unis, et de la première épouse de celui-ci, Ivana Trump. Elle est vice-présidente du Département « Développement et Acquisitions » de la compagnie de son père, The Trump Organization. Après avoir activement participé à la campagne politique de son père pour l'élection présidentielle américaine de 2016, elle travaille à la Maison-Blanche depuis l'investiture de celui-ci. Travaillant auprès de son père (comme son mari Jared Kushner, conseiller du président), Ivanka dispose d’un bureau dans l’aile Ouest de la Maison-Blanche. Elle s'investit notamment sur l'égalité salariale hommes-femmes, la place des femmes dirigeantes et les créatrices d'entreprises.

À l'invitation de la chancelière allemande, Angela Merkel, Ivanka Trump effectue son premier déplacement officiel à l'étranger, fin avril au sommet « Women 20 » à Berlin. En mai-juin 2017, elle plaide, en vain, auprès de son père pour que les États-Unis ne quittent pas l'accord de Paris sur le climat. Depuis le début de la présidence, elle fait partie, avec son mari Jared Kushner, de l'aile modérée du cabinet du président. En juillet 2017, elle remplace, pendant une réunion, son père au sommet du G20 de 2017 ; elle s'est par ailleurs entretenue avec plusieurs dirigeants internationaux. Elle organise chez elle des dîners bipartis, avec des élus républicains et démocrates. Son influence amène certains commentateurs à voir en elle la « seule Première dame des États-Unis », par rapport à sa belle-mère Melania Trump, beaucoup moins présente[. Début 2018, elle conduit la délégation américaine à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d'hiver en Corée du Sud et assiste, en mai, à l'inauguration de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem avec son mari. Après une courte période de disgrâce présidentielle, Ivanka Trump se mobilise particulièrement pour convaincre le président Trump de s'opposer à la séparation des familles de migrants sud-américains. En février 2019, elle convainc son père de faire adopter par les États-Unis la « Women's Global Development and Prosperity » (WGDP), une initiative qui lutte en faveur de l'autonomie financière et de l'émancipation des femmes dans les pays pauvres, un projet toutefois jugé modeste.

Jared Kushner (USA)

Jared Kushner est un homme d'affaires américain. Il est marié depuis 2009 à Ivanka Trump, fille aînée de Donald Trump, le 45e président des États-Unis. Lui et son épouse sont qualifiés de « supercouple » par les médias américains, qui leur ont donné le surnom de J-Vanka. Jared Kushner s’invite au Bureau ovale de son beau-père au moment où celui-ci accède à la magistrature suprême car, le 9 janvier 2017, Donald Trump le nomme Haut-conseiller du président des États-Unis. Une fois Donald Trump investi, le gendre du président des USA qu’il est, est chargé de définir la politique moyen-orientale des États-Unis et de suivre d’éventuelles négociations israélo-palestiniennes. En avril 2017, Jared Kushner se voit chargé de la réforme de l’administration américaine. Il figure également au premier plan des relations avec les régimes mexicain et chinois. MEDIAPART le présente comme le « pense-bête de Donald Trump, un mémento de l’essentiel de ses préoccupations immédiates, des dossiers que seul un proche digne de la plus haute confiance pourrait se voir confier ».[

MOI, PREMIÈRE DAME PUIS PRÉSIDENTE

C’est peut-être, le seul cas au monde. Une Première dame qui succède démocratiquement à son mari au poste de président de la République. Ça s’est passé en Argentine en 2007.

Cristina Kirchner (Argentine)

Cristina Kirchner est une femme d'État argentine, présidente de la Nation de 2007 à 2015. Elle est élue sénatrice de Buenos Aires en 2005 sur les listes du Front pour la victoire-Parti justicialiste (centre-gauche). Mariée à Néstor Kirchner, elle fut la Première dame d'Argentine pendant que son mari, Néstor Kirchner, dirigeait ce pays, du 25 mai 2003 au 10 décembre 2007. Après que son mari a remporté l'élection présidentielle en 2003, Cristina Kirchner devient Première dame de la Nation argentine et la deuxième à exercer cette fonction après Isabel Perón. Aux élections législatives de 2005, la Première dame est élue sénatrice, dans la province de Buenos Aires, avec plus de 26 % des suffrages. Le mandat présidentiel de Néstor Kirchner prit fin le 10 décembre 2007, après l'élection au suffrage universel de sa femme, Cristina de Kirchner, qui succéda donc à son mari à la tête du pays en 2007, après avoir été élue avec 45,3 % des suffrages exprimés. [Réélue en 2011, avec 54,1 % des voix au premier tour, elle ne put briguer un troisième mandat consécutif, d’après la Constitution de la République argentine, et vit le candidat qu’elle soutenait, Daniel Scioli, s’incliner face au candidat de centre-droit. Aujourd’hui qu’elle a quitté le pouvoir, Cristina Kirchner est mise en cause dans une dizaine d’affaires de corruption, avec des procès en vue. Plusieurs de ses proches, dont l’ancien vice-président Amado Boudou, sont emprisonnés pour ce motif.

LE NÉPOTISME, UNE MARQUE DE FABRIQUE DES PRÉSIDENTS SÉNÉGALAIS

De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, à des degrés divers, les proches du président de la République du Sénégal sont restés très présents dans la gestion de l’Etat. Le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, avait son neveu, Adrien Senghor, à ses côtés en tant que ministre chargé de l’Equipement. Adrien Senghor s’était vu, en effet, offrir le portefeuille du ministère du Développement rural avant d’échouer au ministère chargé de l’Equipement. Le président Abdou Diouf avait fait de son frère cadet, Magued Diouf, son ministre de la Modernisation de l’Etat et de la Technologie, puis celui de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines. Il faut se rappeler aussi qu’avec le président Abdou Diouf il y avait ses frères, Magued et Djibril Diouf. Magued Diouf est ainsi passé de la Direction de l’Informatique de l’Etat au ministère de la Modernisation de l’Etat. Djibril Diouf, pour sa part, a transité de l’Office national de coopération et d'assistance pour le développement (ONCAD), à la Société Nationale d'Approvisionnement du Monde Rural (SONAR). Le président Abdoulaye Wade, à la fin de son règne, avait quant à lui, confié un ministère d’État et quatre portefeuilles ministériels à son fils Karim, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Aménagement du territoire et de l’Energie. Le président Macky Sall lui, est le champion toutes catégories en la matière, en instaurant une dynastie : la « dynastie Faye-Sall ».

LA « DYNASTIE FAYE-SALL »

Avec Macky Sall, le népotisme est érigé en mode de gouvernance. Macky Sall est le président de la République. Son épouse, Marème Faye, est bien entendu la Première dame. Inutile de revenir ici sur les fonctions à l’infini d’Aliou Sall. Mansour Faye, frère de Marème Faye, et donc beau-frère de Macky Sall, est le maire de Saint-Louis et ministre de l’Hydraulique. Abdoulaye Timbo, frère de la mère de Macky Sall, Coumba Timbo, et donc oncle de Macky Sall et d’Aliou Sall, est le maire de Guédiawaye. Sans compter les membres de la famille de Macky Gassama, homonyme de Macky Sall, et qui se sucrent sur le dos des Sénégalais, aux frais de la princesse. Voilà la dynastie Faye-Sall, et en extension, Timbo-Gassama en action.

Au finish, nous voilà, entre Sénégalais, en train de nous mordre les doigts et de nous arracher les cheveux, pour avoir été floués par un président Macky Sall qui s’est bien joué de nous. Pauvres naïfs. C’est vrai que notre président bien-aimé a fait fort de cacher son jeu pour mieux nous prendre par surprise. Grand cachottier devant l’Eternel, Macky Sall a bien gardé son projet de suppression du poste de Premier ministre, pour nous le balancer en pleine figure une fois réélu, conscient que s’il l’avait défloré avant ou pendant la campagne électorale, le résultat de l’élection ne serait probablement pas le même. Idem pour les hausses des prix de l’électricité et du carburant, après l’élection présidentielle, pour appliquer « la vérité des prix » imposée par les bailleurs de fonds, une mesure qui avait été cachée aux électeurs. Mais, ces supercheries sur l’effacement de la station primatoriale dans l’architecture de la République et sur la revalorisation des tarifs pour avoir le jus ou pour faire rouler nos carrosses, passent pour être des épiphénomènes devant le scandale PETROTIM qui est une très grosse couleuvre que les Sénégalais ne sauraient avaler aussi facilement.

Pape SAMB

papeaasamb@gmail

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