Publié le 4 Jan 2020 - 21:00
DECISIONS CONSEILS DES MINISTRES

Les effets kleenex des annonces du gouvernement

 

Prise en charge des malades, programme ‘’Zéro déchet’’, retrait des enfants de la rue, accident de la route… Retour sur ces annonces du gouvernement qui produisent plus de bruit que de résultats.

 

C’est devenu une routine. A chaque Conseil des ministres, son lot de décisions. Souvent, elles ne produisent pas d’effets à la hauteur des attentes. Sur la question des urgences, le président de la République avait, il y a environ 6 mois, bien avant la mort d’Ousseynou Diagne, donné des directives fermes pour régler la situation au niveau des urgences hospitalières. Mais depuis lors, rien ne semble avoir bougé de façon significative. Ce, alors même que des concertations ont été tenues au début d’octobre dernier.

Et ce qui est valable pour la santé l’est également pour les autres secteurs. Dans le domaine des transports, les Conseils des ministres se suivent et se ressemblent. Si ce n’est les embouteillages récurrents à Dakar, c’est tout simplement les accidents meurtriers de nos routes qui font saillir le gouvernement. Avant-hier 2 janvier, le chef de l’Etat demandait à nouveau au ministre des Transports terrestres, d’une part, ‘’d’accélérer la révision de la règlementation de la circulation des gros-porteurs afin de lutter avec efficacité contre la recrudescence des accidents et, d’autre part, de veiller au suivi spécial de la situation de la société Dakar Dem Dikk’’.  

Mais pour ceux qui ont l’habitude de lire le communiqué hebdomadaire du gouvernement, cela a déjà été vu plusieurs fois. Le 22 mai 2019, le président de la République invitait le gouvernement ‘’à appliquer rigoureusement les mesures interministérielles arrêtées avec une utilisation rationnelle des forces de sécurité. A cet effet, il a informé le conseil de la tenue d’un conseil présidentiel sur la sécurité des biens et des personnes au début du mois août’’. Il faut souligner que ce conseil n’a jamais été tenu par le gouvernement. Tout comme d’ailleurs le permis à points annoncé depuis 2012 quasiment. Et les routes continuent de tuer, de semer tristesse et désolation dans nombre de foyers.

Dans le même Conseil des ministres, Macky Sall parlait plus généralement de l’impératif du renforcement de la sécurité des biens et des personnes, dans un contexte marqué par la recrudescence dangereuse de la délinquance et des crimes, les incendies, mais également les effondrements de bâtiments. 

Aujourd’hui encore, des voyous continuent d’écumer, en plein jour, sur l’axe rond-point Liberté VI – Grand-Yoff, s’emparant de force de biens d’honnêtes citoyens.

Depuis juin 2016, à plusieurs reprises, le communiqué du Conseil des ministres parle de retrait des enfants de la rue. Mais jusqu’à présent, ces derniers pullulent comme des champignons dans les rues de la capitale. Dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits humains, le mal persiste, malgré les multiples effets d’annonce. Pourtant, dans un premier temps, quelques opérations avaient été menées avec des résultats certains. Mais la mobilisation n’a guère duré plus de deux mois. Outre le manque de volonté, les annonces du chef de l’Etat ont aussi souvent échoué, à cause de la non prise en compte de certains préalables.

Ainsi, le programme de retrait des enfants de la rue s’est révélé peu efficace, car, soutiennent nombre d’observateurs, il y a, en plus, de l'insuffisance des ressources que le gouvernement lui a consacrées, le déficit d’infrastructures d’accueil, le manque de concertation avec les acteurs. De même, la mesure sur les hôpitaux risque, selon plusieurs spécialistes, de ne pas aboutir, car les structures hospitalières seraient confrontées à un déficit réel de places pour prendre en charge toute la demande.

Aujourd’hui sera lancée la journée du nettoiement. On espère que cette belle initiative soit épargnée de cette vilaine gangrène, bête noire des politiques publiques.  

Mor  AMAR

 

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