Publié le 10 Jul 2020 - 20:57
DECLASSEMENT FORET MBAO

Le président Macky Sall interpellé

 

Les habitants de la commune de Mbao ont découvert que la procédure de déclassement est bel et bien enclenchée. Ils demandent au président Macky Sall de ne pas signer le décret de déclassement.

 

Décidément, la polémique autour du déclassement de la forêt de Mbao a encore de beaux jours devant elle. ‘’Nous avons découvert l’acte 2311 du 15 juin 2020 dans lequel le ministre de l’Environnement et du Développement durable a effectivement saisi le gouverneur de la région de Dakar pour la convocation de la Commission régionale de conservation des sols. Et nous savons tous que cette commission a pour objet d’étudier les dossiers de déclassement. Dans cette même lettre, il a demandé les conclusions de cette commission pour pouvoir convoquer la Commission nationale de conservation des sols qu’il va lui-même présider. Le ministre a également fait état d’une lettre n°814 du 19 décembre 2019 que le maire de la ville de Pikine lui a écrite pour une mise à disposition d’un site localisée dans la forêt classée de Mbao, d’une surface de 10 hectares’’, explique le vice-président de la Plateforme pour le développement de Mbao, Babacar Guèye.

Ses camarades et lui dénoncent une trahison. ‘’Nous confirmons aux Sénégalais que la procédure existe bel et bien’’. Pour ces défenseurs du dernier poumon vert de Dakar, il est clair que la demande des populations de Pikine est différente de ce que veulent réellement faire les autorités. ‘’Car, il existe des alternatives d’extension de cimetière. C’est le cas du site de la bande de filaos qui a été rasé pour recevoir des corps sur 12 hectares (8 hectares pour les musulmans et 4 hectares pour les chrétiens). Connaissant l’histoire de Pikine et de Guédiawaye, on comprend que c’est le même bloc de territorialité. Ils ont le même tribunal, la même préfecture et, depuis 1950, les habitants de Guédiawaye sont inhumés à Pikine. L’objectif de ces cimetières, c’était le partage entre Pikine et Guédiawaye, parce que c’était le même bloc de constitutionnalité. Tout ceci nous conforte dans notre position pour encore dire non au déclassement’’, déclare le porte-parole du jour.

Ce dernier d’ajouter : ‘’Nous voulons aussi informer la population de Pikine, en lui disant qu’à Pikine-Ouest, il y a une possibilité d’extension du cimetière de la rue 10, de six hectares. Les études techniques ont été faites sous le mandat du maire Pape Malick Hann. S’ils veulent réellement que des cimetières, les alternatives sont là.’’  

‘’Nos enfants sont malades’’

Les problèmes d’ordre environnemental ne manquent pas à Mbao. La pollution due aux industries chimiques, le marigot subit de multiples agressions, l’avancée de la mer, l’érosion côtière, pour ne citer que ceux-là. A cela s’ajoute la dépollution de la baie de Hann, un projet dans lequel la commune va recevoir 33 000 mètres cubes d’eaux usées par jour. ‘’Nos enfants sont malades ; on ne compte plus les asthmatiques ici. C’est cette forêt qui nous sauve. Nous nous érigerons en bouclier et nous comptons aussi saisir le président de la République. Nous l’interpellons, car c’est lui seul qui a la prérogative de signer un décret de déclassement. Le ministre gère la procédure, mais le mot de la fin revient au président de la République. Nous lui demandons de ne pas répondre favorablement à cette requête, de se soucier des réalités socio-économiques et environnementales de Mbao’’, souligne Babacar Guèye.

La plateforme n’exclut pas une manifestation les prochains jours, pour se faire entendre.  ‘’C’est un combat de principe. Nous défendons notre forêt. Nous ne gérons pas des émotions. Si le ministre convoque la Commission de conservation des sols, nous allons perturber’’.

Ces activistes estiment que la forêt devrait, à l’heure actuelle, bénéficier d’un renforcement, d’un meilleur entretien et non être agressée. Si le ministre d’alors, Ali Haidar, s’est opposé à ce projet de déclassement, ils se demandent pourquoi pas celui d’aujourd’hui.  

EMMANUELLA MARAME FAYE

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