Publié le 30 Sep 2017 - 17:42
DECOUVERTE MUSÉE KHELCOM DE SALY

L’art sous toutes ses formes

 

Inauguré un 28 décembre 2010, par l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, lors du Festival des Arts Nègres [Fesman], le musée Khelcom de Saly fait son petit bonhomme de chemin. Visite guidée.

 

A l‘entrée de Saly, se dresse une grande bâtisse de 8.200 m², à l’architecture atypique et aux couleurs ocres. Des sculptures monumentales et démesurées produites avec du bronze coulé au Cameroun et au Benin, représentant des scènes traditionnelles sénégalaises ou bien des animaux attirent l’attention. Sitôt, le grand portail franchi, on est accueilli par une statue à la mine sinistre. Représenté par un bélier avec un corps d’humain en position assise, réunissant un corps trapu, des cornes, des yeux protubérants, l’animal soulève une main avec nonchalance. Comme s’il faisait une invite au flot de véhicules et de passagers qui passent devant les grilles qui servent de clôture à venir découvrir les lieux. De grandes dalles, réalisées en marbre ocre, ornent le sol. Sur l’allée des statues assises semblent souhaiter la bienvenue au visiteur. Des fleurs et des arbres se dressent çà et là. Les lieux ressemblent à un parc abandonné et inconfortable.

L’extérieur contraste avec l’intérieur de la grande salle qui fait office de salle d’exposition. Le décor est éblouissant.  Les murs et les plafonds, eux-mêmes, représentent un vrai chef d’œuvre avec leur couleur blanc-doré. Le lieu est tranquille propre et près de 300 œuvres y sont exposées. On y trouve des masques, du mobilier, mais aussi des tableaux. Chaque œuvre se distingue de l’autre de par sa taille, de par sa beauté, mais aussi de par son aspect vétuste. Bienvenue au Musée Khelcom de Saly. Mourtalla Diop, fondateur et directeur artistique de ce temple, explique les origines de ce nom. ‘’J’ai voulu rendre hommage à la ville sainte de Touba. Tous ce que nous avons, nous le devons à Serigne Touba. Les recettes retournent dans cette ville sainte. Quand, je m’apprêtais à construire le musée, feu Serigne Saliou a prié sur du sable et m’a dit de le verser sur le site’’. Il a été inauguré un 28 décembre 2010, par l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, lors du Festival des Arts Nègres [Fesman].

De l’art plastique, à la sculpture, du design en passant par la peinture, la photographie, tout dans ce musée offre aux visiteurs une certaine sensation, mais surtout un aperçu sur l’art africain contemporain. Le décor est composé de photographies accrochées au mur, de mobilier avec un design très stylé. Mais, aussi d’œuvres pour la plupart réalisées avec du caoutchouc ou du métal.  On découvre des œuvres de différents artistes qui s’étalent à perte de vue.  Les artistes présentent des œuvres de haute facture.

On remarque des œuvres monumentales et très noires, de l’artiste sénégalais Am, qui vit actuellement en France. A l’aide de pneus entrelacés, il a réalisé avec ingéniosité un géant homme, ainsi que du mobilier. Le visiteur découvre la statue d’un chimpanzé, d’un lion, d’une antilope, modelé dans du cuivre. Aussi, des statuettes arborant plusieurs têtes symbolisent la déesse de la fécondité. On peut contempler une photographie représentant des épisodes inspirés de la vie des Nubas. Sur le tableau plutôt satyrique on voit, des hommes de la tribu se livrer à des combats sanglants. Leurs femmes ont le corps couvert de scarifications.

Au milieu de toutes ses œuvres, une photo de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké trône majestueusement. Le directeur du musée explique : ‘’un jour, Cheikh Mourtada, fils de Serigne Touba, est venu à Paris rendre visite à mon père. Ce dernier s’est précipité pour couvrir les œuvres. Le marabout lui dit que ce n’était pas la peine, car, il savait l’amour et le respect que mon père vouait à Serigne Touba. Donc, il nous a accordé ce privilège’’. Ici, ‘’la magicienne de la terre’’, Séni Awa Camara propose des poteries. Ces sculptures représentent parfois des personnages féminins liés à un culte de la fécondité. Mourtala a fait la découverte de Séni Awa Camara à la biennale de Venise. ‘’Lors de cette Biennale, des italiens m’ont parlé de Séni Awa qui vit et n’a jamais quitté la Casamance. Quand, je suis venu au Sénégal, je me suis rendu là-bas. Et depuis, je me déplace pour aller la voir’’.

Ailleurs, on découvre un plateau composé d’arachides et de ses coques, peint en vert, jaune et rouge. Au premier étage, une large gamme d’objets rituels y sont exposés. Des masques Ekuk du peuple Kwele, des fétiches à clous Nkondi provenant du Congo, des terres cuites Nok du Nigeria, qui remontent à plusieurs siècles avant l’ère chrétienne. Une étrange sculpture façonnée dans une pièce de bois, qui lui sert de visage, puis surchargée de plumes, offre une vision de cauchemar. Un masque représentant la proue d’une pirogue finement sculptée est posé dans un coin de la salle.

Une statue en terre cuite assez expressive, les yeux mi-clos, les paupières blanchies, garde la bouche ouverte semblant émettre un cri. Le corps hérissé de cauris, la tête surmontée d’une coiffe de cauris, elle semble surveiller ce patrimoine. Des poteaux de case Ebanza du peuple Mitsogho du Gabon, des instruments traditionnels, font partie du décor de ce temple de l’art africain. Quiconque entre dans ce musée y trouve de l’inventivité, découvre le génie créateur des artistes. Mais, aussi une large collection d’œuvres des années 1950 à nos jours.

Débourser peu pour se faire plaisir

En mettant, à la disposition des férus d’art ce temple ouvert tous les jours de neuf heures à dix-huit et demie, Mourtala Diop dit vouloir partager des histoires, des cultures d’Afrique et d’ailleurs. Au début, le ticket d’entrée était fixé à 5.000 francs CFA, mais, il n’y avait pas de rush. Il revu le prix du ticket à la baisse. Désormais, il faut juste 3000 francs pour les adultes et 1000 francs CFA pour les enfants pour contempler, admirer et se faire plaisir. Mieux, tous les mercredis, l’accès est gratuit pour les structures scolaires. L’objectif est de rendre visible et valoriser l’art sous toutes ses formes.

KHADY NDOYE [MBOUR]

 

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