Publié le 11 Oct 2018 - 02:20
DEFICIT DE TABLES-BANCS DANS LA CAPITALE DU RAIL

Thiès à l’école du bricolage et du recyclage

 

Pour faire face au déficit de tables-bancs en cours dans la région de Thiès, certains chefs d’établissement n’hésitent pas à proposer leur propre solution en interne, en procédant au bricolage et au recyclage des tables-bancs disponibles et défectueuses. Histoire de mettre leurs élèves dans des conditions d’études plus au moins acceptables.

 

On bricole, on recycle à Thiès. Car, tout comme la plupart des localités du pays, la capitale du Rail fait face à un déficit en tables-bancs, en ce début d’année scolaire. Pour échapper à cette problématique récurrente, certains chefs d’établissement de la région mettent en place leur propre solution : bricoler et recycler, en attendant la dotation du ministère de l’Éducation nationale ou encore celle des collectivités territoriales. Ce nouveau concept adopté par les chefs d’établissement est en train de porter ses fruits.

A l’école publique élémentaire Iba Caty Bâ, le déficit en tables-bancs s’accroît et persiste d’une année à une autre. Dans cet établissement, il y a un gap de 100 tables-bancs à compléter pour essayer de mettre les apprenants dans de bonnes conditions. L’école est pourtant très bien repeinte ; la cour très bien balayée. Mais, derrière ces beaux murs, se cache une réalité toute autre : une pénurie importante en tables-bancs qui ne dit pas son nom. ‘’Nous avons un gap de 100 tables-bancs. C’est énorme. A Iba Caty Bâ, les tables-bancs disponibles et sur lesquelles travaillent nos élèves sont vieillissantes. Pour corriger ces impairs, nous faisons recours aux parents d’élèves menuisiers. Nous procédons au bricolage et au recyclage. Je crois que si nous avons des menuisiers et des forgerons à notre disposition, tout sera facile. On peut bricoler, en attendant la dotation promise par la mairie de la ville qui tarde à être effective’’, clarifie Ramatoulaye Sissoko, la directrice de l’école.

 A  Iba Caty Bâ comme dans tout autre établissement scolaire, la table-banc est un outil indispensable pour chaque élève, dans la mesure où il y passe en moyenne six heures par jour, voire plus. Cependant, la dotation de ce produit en quantité et en qualité dans les différents établissements du pays est souvent banalisée. Au point qu’à Iba Caty Bâ, excepté les élèves du Cm2, tous les autres s’asseyent par quatre sur une table-banc. Une situation difficile, surtout en cette période de forte canicule, regrette Mme Sissoko. ‘’Pour la dotation en tables-bancs, c’est un énorme problème dans notre école. Vous imaginez des élèves qui s’asseyent à quatre en cette période de chaleur ? Tout ça, c’est compliqué. Nous avons un effectif de 750 élèves répartis en 12 salles. Notre grande difficulté, ce sont les tables-bancs. J’invite toute la communauté à se donner les moyens qu’il faut pour régler définitivement cette question. Nos élèves doivent être mis dans d’excellentes conditions’’, poursuit la directrice de l’école publique élémentaire. Celle-ci indique que pour booster le taux de réussite qui était de 83 % à l’Entrée en 6e et 61 % au Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) l’année dernière, les uns et les autres se doivent de travailler en synergie pour résoudre cette équation du déficit en tables-bancs.

Un creux de 50 T-B à Moctar Thiam

Le déficit en tables-bancs est une problématique bien réelle à Thiès. Si Iba Caty Bâ campe sur ses 100 éléments, El Hadj Amadou Moctar Thiam s’en sort avec la moitié, c’est-à-dire 50 tables-bancs. Dans cette école d’application nichée au cœur des Hlm route de Dakar, l’on ressent en moyenne un déficit de quatre tables-bancs par classe pour un effectif d’environ 900 élèves. Ici également, la solution du bricolage-recyclage y est appliquée. Et pourtant, une demande a déjà été formulée au niveau de l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Thiès-ville, renseigne le directeur de l’école. Mais, jusque-là, aucune table-banc ne leur a été affectée.

‘’Nous avons fait la demande pour une dotation en tables-bancs, il y a juste deux mois au niveau de l’Ief. Mais celle-ci tarde à arriver. Le déficit en tables-bancs est un problème réel. C’est une problématique récurrente ces cinq dernières années. Nous sommes obligés de bricoler, réparer pour mettre nos élèves dans de bonnes conditions. C’est la solution idéale. Il faut se débrouiller avec les moyens du bord’’, soutient Ndemba Ndiaye. Qui rappelle que malgré ces difficultés dans lesquelles étudient les élèves, l’école d’application El Hadj Amadou Thiam continue à enregistrer d’excellents résultats au Cfee et à l’Entrée en 6e. La preuve, précise M. Ndiaye, elle a fait 100 % au Cfee et à l’Entrée en 6e l’année scolaire 2017-2018.  La situation est identique à l’école Ibrahima Sarr (ex-Ballabey) et dans bien d’autres établissements de la cité du Rail.

 Mais la ville de Thiès n’est pas la seule à faire face à cette pénurie de tables-bancs. Dans le département de Tivaoune aussi, le système de bricolage y est également appliqué. Tout comme à Thiès, des stratégies ont été développées pour échapper au déficit criard en tables-bancs, rappelle l’inspecteur de l’éducation et de la formation de Tivaouane, Amadou Dia. Interrogé par des organes de presse, il n’y a pas longtemps, lors d’une remise de fournitures dans la commune de Niakhène, ce dernier rappelle que ces stratégies vont leur permettre de pouvoir ‘’récupérer les carcasses de tables-bancs afin de les refaire’’. Aussi, demande-t-il aux autorités locales de prendre en compte cette question qui, au premier plan, les interpelle. 

Malick Sy sort du lot

On peut reprocher au personnel du lycée Malick Sy  de ne pas inscrire la réhabilitation des bâtiments dans l’ordre des priorités. Mais pour ce qui concerne la question liée aux tables-bancs, tout est Ok. Dans cet établissement où vont se côtoyer environ 2 900 élèves, le déficit en tables-bancs, qui hante le sommeil des directeurs  des écoles  Iba Caty Bâ,  El Hadj Moctar Thiam, Ibrahima Sarr (cité Ballabey) ne fait pas partie des problèmes.

‘’Au lycée El Hadj Malick Sy, nous n’avons pas ce problème. Les tables-bancs défectueuses ont été réfectionnées. D’ailleurs, nous essayons de venir en aide à certains établissements de la ville. En ce moment, tout se passe très bien, tout est au complet’’, s’enthousiasme le censeur dudit lycée, Mansour Malick Ndiaye.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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