Publié le 11 Jan 2019 - 23:02
DEMBA SECK (PRESIDENT DE LA SECTION DE BASKET AS DOUANES)

‘’Il faut donner aux joueurs locaux la possibilité de concurrencer les expatriés en sélection’’

 

Le président de la section de basket de l’As Douanes, Demba Seck, estime que la Fédération sénégalaise de basketball (Fsbb) a pris toutes les dispositions nécessaires pour un bon déroulement de la saison de 2017-2108. Le vice-président de l’instance nationale du basket sénégalais revient aussi, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, sur les performances de son club douanier et le départ de Louis Adams.

 

La saison de National 1 (1re division) de basket démarre le 12 janvier prochain, avec le tournoi de Saint-Louis. Est-ce que la Fsbb a pris toutes les dispositions pour un bon début de saison 2018-2019 ?

Par rapport au tournoi d’ouverture de la saison 2018-2019, je vous rassure que toutes les dispositions sont prises pour que les compétitions se déroulent dans de bonnes conditions. Nous sommes en train de nous employer à fond, en relation avec la Ligue régionale de basketball de Saint-Louis et les autorités sportives et municipales de cette localité, pour que cette activité décentralisée soit une réussite totale.

Ce tournoi dédié aux quatre meilleures équipes masculines et féminines est une première du genre. Qu’est-ce que la fédération vise à travers cette innovation ?

Nous sommes délégataires de pouvoirs avec comme principales missions de gérer et d’administrer le basket sur toute l’étendue du territoire national. Aujourd’hui, nous avons la chance que notre discipline sportive se joue partout au Sénégal. Cette saison, nous avons pensé innover, en créant d’abord un tournoi dénommé la Super Coupe, qui va regrouper les deux meilleures formations féminines (Saint-Louis basket club et Dakar université club, Ndlr) et masculines (Saint-Louis basket club et As Douanes, Ndlr). Et nous n’avons pas voulu nous arrêter là. En fait, nous avons pensé que ce serait encore plus profitable aux acteurs du basketball d’organiser ce tournoi dans une région de l’intérieur du pays. C’est ainsi que nous avons choisi Saint-Louis, qui s’est imposée comme un carrefour de la pratique de la discipline.

Au-delà de cette belle récompense, après que l’équipe féminine de Saint-Louis basket club a conservé son titre de champion de 1re division et que les hommes ont remporté leur premier trophée en Coupe du Sénégal, nous avons jugé judicieux de décentraliser progressivement nos activités. Certes, à l’image de toutes les autres disciplines sportives au Sénégal, Dakar est la locomotive qui tire tous les wagons, mais il nous parait important de décentraliser cette activité afin de permettre aux sportifs de Saint-Louis de communier avec les basketteurs. Aujourd’hui, c’est Saint-Louis, demain, ça pourrait être Louga ou Tambacounda. Ces deux villes compte chacune une équipe qui joue dans le National 1 masculin.

Le Comité directeur de la Fsbb a décidé d’augmenter cette saison le nombre d’équipes masculines et féminines évoluant en 1re division. Quel est le but de cette réforme ?

Nous avons suffisamment répondu à cette interpellation. A la fin de la dernière réunion du comité directeur qui nous a permis de décider du maintien des équipes reléguées en D1, nous avions bien précisé que c’est la validation d’une proposition de la direction technique nationale. Vous savez, la qualité du jeu et le niveau de la compétition relèvent de la compétence des techniciens. Et ce sont ces derniers qui, après l’évaluation de la défunte saison, ont estimé qu’il fallait augmenter le nombre d’équipes afin de permettre aux joueurs de disputer plus de matches. Et c’est à juste titre, car dans nos sélections nationales, il y a maintenant des joueurs qui évoluent au niveau local.

A ces joueurs, il faut, forcément, leur donner la possibilité de concurrencer les expatriés en ayant suffisamment de matches dans les jambes. Le contraire aurait été étonnant. Pour dire que rien n’a été imposé, nous avons juste répondu à une préoccupation des techniciens. Et sur les 22 membres présents à la réunion du comité directeur, 19 ont voté pour le maintien des équipes relégués, 2 ont exprimé leur opposition et il y a eu 1 abstention. Voilà, la voix de la démocratie a parlé. C’est une excellente chose que la Dtn fasse des propositions à la fédération dans le sens du développement et de la vulgarisation du basket. Nous attendons que les autres commissions en fassent autant dans l’intérêt et la bonne marche de notre passion.

Des présidents de club et de ligue ont créé récemment la Plate-forme pour le renouveau du basket. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Comme je l’ai dit plus haut, nous sommes une fédération délégataire de pouvoirs. Tous les membres du comité directeur et du bureau sont des mandataires des clubs. Nous avons été choisis pour diriger et développer la discipline. Maintenant, il n’est pas dit que nous détenons le monopole de la vérité. Une fois encore, la démocratie veut que ceux qui gouvernent restent à l’écoute de la base. Et à ce jeu, il faut s’attendre forcément à des critiques qui, à mon humble avis, ne feront qu’avancer les choses dans le bon sens.

Nous ne sommes pas réfractaires aux critiques, mais nous voulons qu’elles soient objectives et constructives. Et pour nous, si des mandants trouvent qu’ils peuvent apporter leur pierre à l’édifice, c’est encore bénéfique. Toutefois, toutes les démarches doivent se faire dans le respect stricto sensu des textes régissant le basketball aussi bien au niveau national que mondial. La pratique du sport est bien encadrée par des textes, il faut s’y conformer en usant des voies qui sont offertes pour exprimer les pensées susceptibles de faire avancer les choses. Nous n’y voyons aucun inconvénient. Nous nous connaissons tous. Il n’y a pas, à priori, péril en la demeure. 

Mais ils fustigent tout de même la gestion du bureau fédéral, dont vous êtes le premier vice-président…

Il est clair qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. C’est pourquoi nous avons pensé ouvrir les réunions du bureau aux membres du comité directeur, dont les présidents de ligue et ceux des commissions spécialisées. Maintenant, dire qu’il y a une mauvaise gestion de notre part, ça ne nécessite vraiment pas une polémique. Encore que la loi du basket permet aux présidents de ligue qui ont une opinion à exprimer de le faire par écrit et dans le cadre réglementaire. Nous restons ouverts et tendons la main à tous pour qu’ensemble nous puissions consolider les acquis et apporter d’autres innovations pour que le basketball sénégalais soit leader en Afrique et que nous nous positionnons parmi plus grandes fédérations au niveau mondial.

En outre, nous nous attendons à ce que les innovations souhaitées rendent le basketball plus populaire. Nous voulons développer le basket d’élite, en songeant à sa popularité et à le hisser au rang d’un des sports le plus pratiqués au niveau national. Force est de reconnaître que depuis que nous sommes aux affaires, le basket sénégalais multiplie les succès au niveau national et international. Il devient de plus en plus populaire et attractif grâce au soutien de la tutelle, du Comité national olympique et sportive sénégalais (Cnoss) et de nos sponsors.

Votre équipe, l’As Douanes, a été déclarée championne de l’élite du basket masculin sur tapis vert aux dépens du Dakar université club, après la finale interrompue par des scènes de violence au mois d’août dernier. Quelle analyse faites-vous de cette décision ?

Je me réjouis de cette décision prise par le bureau fédéral qui nous a rétablis dans notre droit. C’était un litige qui a tardé à être tranché, le droit a été dit sur la base de rapports fournis par les officiels lors de la finale. Si l’As Douanes a été déclarée championne, c’est dans l’ordre normal des choses. Ceux qui ont suivi régulièrement les compétitions de la saison écoulée savent pertinemment que nous étions la meilleure équipe masculine. Si nous parvenons à conserver notre titre que nous remportons pour la troisième fois consécutive, c’est bien la récompense des efforts consentis de part et d’autre.

Mais le bureau fédéral vous a condamné également à payer 1 500 000 F Cfa d’amende. Est-ce qu’il n’est pas paradoxal de déclarer le club douanier vainqueur puis soutenir que ses supporters ont fauté ?

Je vous ai dit que la décision du bureau fédéral a été prise après l’examen des rapports de l’arbitre et du commissaire du match. Ce sont les éléments d’information qui ont permis de déclarer l’As Douanes vainqueur du match qui a été interrompu à 2 minutes de son terme. Ces mêmes informations contenues dans les documents examinés ont permis au bureau de la fédération de prononcer des sanctions financières, qui ne sont susceptibles d’aucun recours. Par conséquent, l’As Douanes va s’y conformer en payant l’amende qui lui a été infligée.

Qu’est-ce que la Fsbb compte faire cette saison pour mettre fin aux violences notées sur les parquets du basket national ?

La lutte contre la violence est une question qui nous tient à cœur. Le fléau est une préoccupation partagée par tous les acteurs. La réflexion est engagée pour accentuer le combat. Mais comprenez, d’ores et déjà, que les textes de la fédération ont prévu des sanctions dans pareilles situations. Mais ce n’est pas suffisant, nous allons continuer à sensibiliser pour bannir cette pratique afin que tous ceux qui aiment le basket se sentent en sécurité au terrain et retournent paisiblement en famille. Je profite de cette occasion pour  féliciter les initiateurs du tournoi de la fraternité qui a permis de regrouper les supporters du Duc, de l’As Douanes, de l’Uso et de l’Asc Ville de Dakar. C’est la preuve que les choses évoluent dans ce sens.

L’As Douanes a failli réaliser le Grand Chelem en remportant tous les trophées réservés aux hommes (Coupe Saint-Michel, Coupe de la Marie de Dakar et championnat), si elle n’avait pas perdu la finale de la Coupe du Sénégal gagnée par le Slbc. Qu’est-ce qui fait la force de votre équipe ?

La force de l’As Douanes, c’est le travail et la solidarité agissante entre les sections (football, basket, athlétisme, arts martiaux, tirs et chasse). L’Administration des douanes sénégalaises, c’est un corps d’élite. Si des agents des douanes ont accepté de mettre leur argent pour permettre aux jeunes qui évoluent dans les différentes sections de contribuer au développement du sport national, en contrepartie, ils attendent des trophées. En douane, on joue pour gagner. Dieu merci, grâce au soutien des autorités, dans toutes les sections, les résultats suivent. Partout, l’As Douanes monte sur le podium de l’excellence.

Louis Adams, élément clé de l’As Douanes, est parti au mois de décembre dernier. Son départ ne risque-t-il pas de vous porter préjudice ?

Non, absolument pas ! C’est vrai que Louis était un élément important du dispositif, un cadre de l’équipe, mais ce sont tous les joueurs qui ont contribué à l’effort pour remporter les trophées ainsi glanés. Les techniciens sont bien avertis et ils ont fait des recrutements en fonction de l’effectif existant. A ce niveau, connaissant leur métier et leur savoir-faire, je ne me fais aucun souci. Ils ont notre soutien. Ensemble, nous allons relever les nombreux défis. J’en suis convaincu.

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