Publié le 23 Jan 2021 - 22:19
DEMOLITION DE MAISONS A MBOUR 4 EXTENSION

De la colère, des larmes et des contre-accusations

 

Avant-hier et hier dans la matinée, des bulldozers ont procédé à la démolition de plusieurs maisons construites, dit-on, dans la forêt classée de Mbour 4 Extension, dans la commune de Thiès-Ouest. Exaspérés par cette mesure, les habitants accusent le préfet du département qui affirme que ce sont les populations qui sont dans une ‘’illégalité totale’’.

 

Un grand bruit de machines. De la poussière dans les airs. C’est le coup d’envoi de l’opération de démolition des maisons situées à Mbour 4 Extension, sur l’une des parties, dit-on, de la forêt classée. Elle a débuté ce jeudi et se poursuivait hier, en présence du préfet, du colonel commandant la Direction de la surveillance et du contrôle de l'occupation du sol (Dscos) accompagné de ses éléments, mais aussi de la gendarmerie. Sur ce site, 2 500 parcelles sont occupées ‘’illégalement’’. Des maisons y sont déjà construites, même si beaucoup de travaux entamés ne sont pas arrivés à terme.

Mais tout est en train d’être rasé sous le regard impuissant des propriétaires. Pères et mères de famille et les jeunes, tenus à l’écart par des forces de défense et de sécurité, ont regardé les bouteurs emporter leurs maisons. Complètement ‘’dévastés’’, des impactés ont eu du mal à contenir leurs larmes. Et laissent éclater leur colère et tristesse.

Pour eux, c’est le préfet du département, Moussa Diagne, qui a orchestré cette opération ‘’dramatique’’. D’après le porte-parole du collectif des habitants de Mbour 4 Extension, ce dernier est responsable de leurs souffrances. ‘’Nous sommes en période de Covid-19. La maladie est en train de se propager à Thiès. Au lieu de prendre des mesures hardies pour contenir cette pandémie, l’autorité préfectorale, en compagnie des éléments de la gendarmerie et de la Dscos, ont initié une opération de démolition de nos maisons. Sur le site, vous voyez qu’il y a un grand rassemblement. Nous interpellons le ministre de l’Intérieur pour qu’il parle à son préfet et lançons un dernier appel au président de la République pour lui faire comprendre que la situation est grave, extrêmement grave même’’, s’indigne Amadou Dia. Il s’empresse d’ajouter qu’avec cette opération de démolition, c’est le rêve de plusieurs pères de famille qui se brise.

De plus, renseigne-t-il, les propriétaires de ces maisons ont eu à économiser pour s’offrir sur ce site des parcelles à usage d’habitation.

‘’Cette opération de démolition est cruelle’’

Aujourd’hui, dit-il, des millions de francs CFA sont partis dans le vent. Cet habitant ne lâche pas le préfet. Il l’accuse d’être le principal instigateur de cette opération de destruction des maisons. ‘’Ce préfet ne parle à personne. Il reste dans son bureau et prend des décisions. Ses prédécesseurs, Fodé Fall et Alioune Badara Sambe, parlaient aux Thiessois. Mais lui (Moussa Diagne) ne communique pas. A Thiès, la gestion foncière est la cause de beaucoup de problèmes. Nous sommes au courant de tout ce qui se passe’’, martèle Amadou Dia, rappelant qu’aucun détail ne leur échappe.

Ruminant lui aussi sa colère, le président du collectif des habitants de Mbour 4 Extension soutient que ses camarades et lui sont victimes d’un abus de pouvoir. Pourtant, en décembre 2017, lors du lancement des travaux de la troisième usine de Keur Momar Sarr (KMS3), le chef de l’État avait promis aux populations de Mbour 4 Extension que le site allait être ‘’déclassé’’ en leur faveur. D’ailleurs, Macky Sall avait donné des instructions fermes au gouverneur d’alors, Amadou Sy, de veiller à l’application rapide de sa volonté. Hélas ! Rien ne semble bouger. En revanche, il n’y aura jamais de ‘’déclassement’’ au profit de ces pères et mères de famille. Quatre ans après cette annonce, c’est une opération de démolition qui vient couronner le vœu du président de la République sans que ne puissent réagir ces ‘’occupants illégaux’’.

Tout comme Amadou Dia, Souleymane Diémé pense que le préfet du département, à l’initiative de cette opération, ne maitrise pas ce dossier. ‘’Il n’a rien compris. Rien du tout ! Les tenants et les aboutissants de ce dossier lui échappent. Chaque propriétaire a acheté sa parcelle avec l’argent gagné à la sueur de son front. Nous voulons aussi faire comprendre aux autorités que nous ne sommes pas des voleurs. Nous avons tout acquis dans la légalité. Cela m’étonne qu’on organise une opération de démolition de nos maisons déjà construites. Cette démarche est cruelle, inhumaine’’, tempête M. Diémé, invitant les impactés à ne pas céder et à se mobiliser pour protéger ce qu’ils ont de plus cher.

En tout cas, lui se dit prêt à ne pas laisser les bulldozers raser sa maison.

La sévère contre-attaque du préfet

Ainsi, les habitants de Mbour 4 Extension pensent que ce qui leur arrive ne résulte pas de la volonté divine. Pointé du doigt par tout le monde, le préfet du département de Thiès se défend et rappelle que nul n’a le droit de construire sa maison dans une forêt classée. C’est la loi qui le dit, précise-t-il.

Revenant sur l’opération de démolition, le chef de l’Exécutif départemental dit n’avoir peur de rien. Parce qu’il affirme avoir agi en ayant en bandoulière la loi. ‘’Nous sommes dans une forêt classée. Et il n’est donné à personne la possibilité d’avoir une autorisation de construire dans la forêt classée. La plupart de ces habitants construisent leurs maisons pendant la nuit. Devant les multiples sommations et interpellations de la Dscos, les populations ont fait comme si elles n’avaient rien entendu ou rien vu. Des irrégularités notoires ont été constatées. Il fallait donc déployer une action publique allant dans le sens de remettre l’envers à l’endroit. Cela ne peut pas continuer (…)’’, rétorque Moussa Diagne, rappelant que l’opération de démolition qui a débuté ce jeudi n’est que le début. Car, dit-il, d’autres actions allant dans le sens d’approfondir l’opération sont prévues.

 Par ailleurs, le préfet de Thiès invite les habitants de Mbour 4 Extension à ne pas fouler aux pieds les lois établies pour ‘’normer’’ tous les secteurs. Pour lui, ce qu’ils font est irrégulier et aucune Administration ne saurait l’accepter. 

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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