Publié le 21 May 2015 - 19:42
DETOURNEMENT DE VEHICULES D’UNE VALEUR DE 300 MILLIONS A CFAO SENEGAL

Les prévenus vendaient des véhicules de location avec des contrats fictifs 

 

Accusés d’avoir vendu des véhicules de location avec de fausses factures, quatre employés de la société CFAO Motors Sénégal ont été traduits en justice. Le parquet a requis un an ferme contre les trois présumés complices et quatre ans ainsi qu’un mandat d’arrêt contre le cerveau en fuite.

 

En liberté provisoire depuis mars 2012, après six mois de détention préventive, Néné Pathé Bâ, Aly Ndiaye et Ibrahima Demba Niome risquent de retourner en prison. Ces trois ex-employés de CFAO motors Sénégal encourent une peine d’un an de prison ferme pour les faits de complicité d’abus de confiance et de faux et usage de faux. La peine est assortie d’une amende 500 mille. Par contre, le parquet a requis quatre ans et un mandat d’arrêt contre l’ex-directeur du service de location Ibrahima Sall en fuite. C’est le cerveau de l’affaire.

Les prévenus sont tombés après l’arrivée d’un nouveau directeur administratif et financier, en mai 2011. Dès sa nomination, Philippe Coquelin a invité Ibrahima Sall à un inventaire physique pour faire le point sur le nombre de véhicules. Le directeur du service de location lui a alors fixé fin mai comme délai. Mais, Coquelin a attendu jusqu’au 2 d’août de la même année. Puis, à la place d’un inventaire, Sall a présenté une lettre de démission au directeur général, tout en lui annonçant la disparition de 13 véhicules.

Ensuite, en procédant à l’inventaire, M. Coquelin a découvert qu’en réalité 53 véhicules avaient disparu sur un total de 75 dont disposait le parc automobile de la société. Pour maquiller son forfait, à chaque fin d’année, Sall demandait à son assistante Néné Bâ Faty de renouveler des contrats à des clients fictifs, notamment ceux qui s’étaient soumis à des contrats de location de longue durée.

De la sorte, il a réussi à vendre la plupart des véhicules au patron de ‘’RMS’’ Automobile Mar Diop dit Bro. Ce dernier a confié avoir acheté, entre 2009 et 2011, 16 véhicules à des prix variant entre 5 millions et 20 millions. Bro qui est partie civile dans cette procédure, a révélé aux limiers qu’il payait auprès d’Ibrahima Sall soit en liquidité soit par chèques libellés parfois à son nom ou à ceux d’Aly Ndiaye ou Ibrahima Demba Niome. Il a précisé qu’après la première transaction, Sall lui a demandé de ne plus émettre des chèques au nom de la CFAO, sous le prétexte que lui et ses collaborateurs ne voulaient pas perdre leur commission.

70 contrats fictifs produits

Aly Ndiaye et Niome, qui étaient respectivement agent de comptoir et technicien, ont reconnu leur rôle d’intermédiaire moyennant des commissions variant entre 100 000 francs et 150 000 francs CFA. Quant à leur coprévenue Néné Bâ Faty, son rôle a consisté à procéder à des facturations sur la base de contrats de locations fictifs. A cet effet, elle a facturé 70 contrats fictifs. Toutefois, elle a ajouté que ce n’était pas pour les sommes variant entre 5 000 francs et 50 000 francs que lui remettait Sall, mais, plutôt que ce dernier lui faisait croire que ces faits n’engageaient que lui. Elle a ajouté qu’elle craignait de perdre son emploi.

Devant la barre, la dame s’est arc-boutée à la même ligne de défense. ‘’Il était mon supérieur. Il disait que nous n’avions pas à dire un mot lorsqu’il nous demandait de signer’’, a justifié Néné Bâ Faty, ajoutant que Sall lui remettait de l’argent non pas en guise de commission mais pour la dépanner, surtout quand il se faisait tard.

Niome est lui revenu sur ses déclarations faites devant le juge d’instruction. ‘’Je n’ai jamais vendu d’épave à un million. Je me suis juste limité à trouver un client à Ibrahima Sall’’, s’est-il défendu. Abdoulaye Ndiaye a soutenu, pour sa part, que la seule commission qu’il a reçue provient du directeur général et qu’il n’a jamais rédigé de contrat de vente, ni de location.

‘’C’est le voleur qui crie au voleur’’

L’avocat de CFAO, Me Papa Leyti Ndiaye, n’a pas été convaincu par les dénégations des prévenus. Mieux, il estime que Mar Diop ne peut pas se constituer partie civile, pour avoir permis à Sall de faire son coup. ‘’C’est le voleur qui crie au voleur’’, a lancé Me Ndiaye, avant de demander qu’il soit débouté, dans la mesure où, CFAO n’a aucune responsabilité du dommage qu’il a subi.

Mais Me Abdourahmane So pense le contraire. Il a soutenu qu’Ibrahima Sall n’agissait pas es nom, mais es qualité de responsable de la CFAO. D’ailleurs, Me So considère qu’il y a même escroquerie. Outre les 100 millions de dommages et intérêts, il a réclamé la restitution du véhicule saisi sur son client, ainsi que la mainlevée d’interdiction de mutation portant sur 12 autres véhicules. La défense a plaidé la relaxe, en évoquant les liens de subordination qui existent entre Sall et le reste des prévenus. Il s’y ajoute que Sall, qui s’est fondu dans la nature après sa libération, a rédigé un mail dans lequel il fait des aveux.

Délibéré 7 juillet 

FATOU SY

 

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