Publié le 25 Aug 2020 - 20:12
DIALOGUE POLITIQUE 

Accords et désaccords autour d’un processus 

 

La Commission politique du dialogue national reprend ses travaux avec un rythme plus accéléré. Seulement, malgré ses concertations régulières, cette entité du dialogue national peine toujours à s’accorder sur certains problèmes essentiels (caution, parrainage, organisation élection par une personnalité neutre, bulletin unique…) à quelques jours de la remise de son rapport au président de la République.  

 

S’il s’agissait d’un nouvel album, il serait certainement le morceau fétiche. La Commission politique du dialogue national est, en effet, le plus en vue dans les concertations ouvertes le 28 mai 2019, par le chef de l’Etat Macky Sall. Seulement, malgré ses réunions régulières, l’instance dirigée par le général Mamadou Niang peine toujours à s’accorder sur certaines questions de fond.

A partir d’aujourd’hui, il devra mettre les bouchées doubles, accélérer le rythme de ses travaux ralentis par la pandémie, afin de livrer au chef de l’Etat un pré-rapport avant la fin de ce mois. Ce qui permettra à l’Exécutif de se déterminer pour la date des prochaines Locales. 

Aujourd’hui, cette commission du dialogue national, qui regroupe des membres de la majorité, de l’opposition, des non-alignés et de la société civile, a déjà réussi à trouver des accords sur certaines questions majeures. La plus importante reste sans doute le report des élections locales initialement prévues le 1er décembre 2020.  

En effet, à l’issue de la réunion de la commission cellulaire, le mardi 16 juillet 2019, ‘’la Commission politique du dialogue national, considérant l’importance des thèmes à aborder avant les élections locales prévues le 1er décembre 2019, a, au terme de ses débats, constaté un consensus fort sur la nécessité de reporter lesdites élections. La commission a, en effet, souhaité se donner le temps de produire un travail de qualité, de nature à garantir un cadre politique et des élections apaisés’’. 

Les parties prenantes se sont également accordées sur d’autres points que sont, entre autres : l’audit du fichier électoral par un cabinet indépendant, l’évaluation du processus électoral, de la refonte partielle de 2016 à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de 2019.  Les consensus ont également concerné l’élection des conseillers municipaux et départementaux au suffrage universel direct, de même que le maire et le président de conseil départemental, tête de liste majoritaire.

A cela s’ajoute, d’après un bilan à mi-parcours dressé par le général Mamadou Niang, en octobre dernier, ‘’l’harmonisation du pourcentage de répartition des sièges pour les élections départementales avec celui des élections municipales (45 % au scrutin de liste majoritaire et 55 % scrutin de liste proportionnelle), l’accord sur l’élection de la tête de liste proportionnelle comme maire de ville (55 % sur la liste proportionnelle) et 45 % issus des conseillers élus sur les listes majoritaires des communes constitutives de la ville. L’obligation de présenter deux listes aux élections départementales (liste majoritaire et liste proportionnelle)’’...  

Le général Niang précisait, à l’époque, que les points abordés et qui continuaient à faire l’objet de discussions sont, entre autres, celles relatives à l’élection des adjoints au maire, des vice-présidents et des secrétaires élus des conseils départementaux, le bulletin unique, la caution, le parrainage.

Mais force est de constater que les lignes n’ont pas, entre-temps, beaucoup bougé autour de ces points. En effet, la question du parrainage reste encore entière, aujourd’hui. Seule la majorité souhaite son maintien. Parallèlement, des points relatifs au cumul des fonctions de chef de parti et celle de président de la République et l’organisation des élections par une personnalité neutre différente du ministre de l’Intérieur sont restés en suspens.   

Mousse Diaw : ‘’L’urgence est de régler les questions liées aux locales’’ 

Cependant pour l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, l’objectif de la Commission politique du dialogue national n’a pas été totalement atteint. Moussa Diaw se félicite toutefois qu’il y ait des rapprochements de positions entre les uns et les autres sur un certain nombre de points comme l’élection des maires, contrairement aux questions du parrainage, de la caution, du statut du chef de l’opposition.  L’urgence, d’après le Pr. Diaw, est de régler les questions qui sont directement liées aux élections locales. Les autres, estime-t-il, peuvent encore attendre.  

‘’La priorité, ce sont les élections locales, d’autant plus que le président est interpellé sur le calendrier républicain qui doit être respecté. On a reporté plusieurs fois ces élections. Si cela continue, ça risque de poser des problèmes de légitimité pour les maires, dont les mandats sont expirés depuis longtemps. On a besoin d’une date pour se préparer pour les prochaines échéances’’, laisse entendre, l’enseignant-chercheur à l’UGB.   

Pour lui, il faut ainsi accélérer le rythme de la commission qui a beaucoup trainé et a été plombé, quelque part, par des divergences de fond et un nombre pléthorique de participants. ‘’Le raidissement des positions ne permet pas d’avancer et de trouver des solutions consensuelles. Il faudrait qu’on avance. C’est vrai que le temps est court. Il va falloir faire des sélections par rapport à des priorités, c’est-à-dire régler les questions en rapport avec les Locales. Si on veut aborder toutes les questions, on n’avancera pas. Certaines feront perdre du temps, avec des discussions et dialogue à n’en plus finir’’, explique-t-il. 

Le Pr. Moussa Diaw pense, à ce propos, qu’il est impératif de mettre l’accent sur les questions essentielles, comme l’audit du fichier électoral et sa remise à jour. ‘’Ce qui demande du temps, parce qu’il faudra choisir un bureau d’études spécialisé dans les élections. A mon avis, on peut régler ces questions de fond qui ne demandent pas des positions politiques radicales. Il faut s’inspirer des autres démocraties et voir comment ils font pour que ça marche’’, avise M. Diaw.  

HABIBATOU TRAORE    

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