Publié le 18 Feb 2020 - 20:02
DIALOGUE POLITIQUE - CUMUL FONCTIONS ET RESTITUTION DROITS DE KARIM ET KHALIFA

La Commission politique face à un dilemme cornélien

 

La Commission nationale du dialogue politique poursuit ses travaux. Ce mardi, elle va aborder des questions comme le cumul de la fonction du chef d’Etat et chef de parti. La restitution des droits de Khalifa Sall et de Karim Wade est également dans le registre des propositions.

 

Le dialogue politique est en plein dans le vif du sujet. Après l’audit du fichier électoral qui a soulevé des vagues, voilà que le général Niang et les différentes parties prenantes des concertations sur le processus électoral abordent les questions politiques les plus sensibles. Celles qui n’ont jamais fait l’objet, jusqu’ici, d’un quelconque consensus entre acteurs du jeu politique.

Il s’agit, entre autres, de la restitution des droits civils et politiques de Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade, et du cumul des fonctions de président de la République et chef de parti.

Ces questions, qui seront discutées aujourd’hui entre acteurs du jeu politique, ont longtemps cristallisé les débats dans le landerneau politique sénégalais.

Selon le plénipotentiaire du Pôle des non-alignés Déthié Faye, pour dépassionner le débat, la restitution des droits civils et politiques à Khalifa Sall et à Karim Wade ne doit pas être posée sous l’angle individualiste, mais purement politique. ‘’Si nous discutons directement de Karim Wade ou de Khalifa Sall, l’opinion dira que les politiciens sont allés au dialogue pour régler des problèmes de personnes.  Si on veut décrisper l’espace politique, il y a des mesures à prendre aussi bien pour les acteurs politiques que pour l’Etat du Sénégal’’, déclare-t-il.

Pour lui, cette question risque d’entraver l’image des acteurs politiques, si elle se limite uniquement aux personnes de Khalifa Sall et Karim Wade. ‘’Je crois que l’opposition pourra le comprendre, car on mène tous le même combat’’, pense-t-il. A l’en croire, tout le monde est concerné, que l’on soit de l’opposition, de la majorité, des non-alignés ou de la société civile.

Déthié Faye ne doute pas, cependant, de la recevabilité de cette proposition car, pense-t-il, toutes les entités présentes au dialogue sont conscientes qu’il faut avoir beaucoup de consensus pour plus de crédibilité.  

Pour le plénipotentiaire de l’opposition, cette proposition a été émise dans le cadre de l’apaisement de l’espace démocratique et du renforcement du dialogue politique.

Seulement, précise Saliou Sarr, par ailleurs membre de la coalition Taxawu Dakaar de Khalifa Sall, il s’agit d’une restitution des droits civils et politiques de Karim Wade et Khalifa Sall, et non d’une demande d’amnistie. Une proposition soutenue, d’après lui, par certains participants au dialogue, à l’image de la société civile et des non-alignés. ‘’La majorité n’avait pas compris au début. Elle pensait qu’on voulait rediscuter de choses déjà jugées. Or, ce n’était pas le cas. On parle de restitution de droit’’, soutient M. Sarr.

Par ailleurs, la question du cumul de la fonction de président de la République et de chef de parti sera prioritaire dans les débats d’aujourd’hui, avant d’aborder les autres points inscrits dans les propositions et relatifs à ‘’la liberté de manifester, l’arrêté Ousmane Ngom, l’offense au chef de l’Etat, l’article 80...’’.

Le plénipotentiaire des non-alignés espère ainsi que le Comité national trouvera aujourd’hui un consensus sur la question du cumul de fonctions. ‘’On avait demandé à chaque entité de revenir demain (aujourd’hui) avec ce qu’elle considère comme étant les concessions qui peuvent être faites. Ceci, pour qu’un chef d’Etat ne puisse plus être chef de parti. Est-ce que les gens vont s’entendre sur le principe et comment formuler ça ? C’est ce qui va être finalisé’’, explique Déthié Faye, joint par ‘’EnQuête’’.  

HABIBATOU TRAORE

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