Publié le 27 Oct 2015 - 01:09
DIFFUSION D’IMAGES DE DEPOUILLES MORTELLES

Le CNRA menace de suspendre les programmes

 

Des images de dépouilles mortelles ont été diffusées dans certaines télévisions, au grand dam du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) qui menace de sévir. L’organe s’insurge aussi contre les propos violents relayés par la presse.

 

Plus le CNRA dénonce, plus les médias font dans la dérive. Le dernier communiqué de l’autorité de régulation est de la même teneur que les précédents. D’autant que des chaînes de télévision ont eu à exposer des dépouilles mortelles (enveloppées dans un linceul laissant apparaître une étiquette d'identification pendant à l'orteil) pour illustrer des sujets ou des reportages dans  certaines émissions, à l’occasion de la couverture des événements survenus à Mina. Idem pour le cas d’un Sénégalais tué au Nigeria. Face à la gravité de tels faits, le Conseil engage l’ensemble des éditeurs de services audiovisuels à cesser immédiatement la diffusion d’images de dépouilles mortelles, et à veiller scrupuleusement à ce que de telles situations ne se reproduisent plus.

Le CNRA souligne que la diffusion d’images aussi choquantes peut constituer une violation des stipulations du cahier des charges. Dans la mesure où elles portent  préjudice aux familles des victimes et heurtent la sensibilité du public. Le Conseil rappelle que les règles éthiques et déontologiques exigent aux acteurs de l’Audiovisuel le strict respect de la dignité humaine et ne sauraient s’accommoder d’une exploitation d’images de dépouilles mortelles pouvant accentuer des situations de détresse extrême, profondément traumatisantes.

Le CNRA prévient que le non-respect de cette injonction pourrait entraîner la suspension partielle ou totale des programmes du contrevenant, conformément aux dispositions des articles 26 à 29 de la loi 2006-04 du 04 janvier 2006 portant création du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel 2.

Des appels à la violence relayés par les médias

Ces images choquantes ne sont pas le seul sujet de préoccupation du CNRA. L’autorité en a également contre les appels à la violence relayés par les médias, dans le conflit entre députés du Pds autour de la présidence du groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates. Le communiqué fait état d’échanges de propos violents ou irrespectueux. Notamment d’un responsable politique, de surcroît ancien parlementaire et ancien Président de groupe parlementaire, qui a invité les députés de son parti à ne pas reconnaître le président de l'Assemblée Nationale et à paralyser le fonctionnement de l’institution par des actes contraires à la loi et à l’ordre public. «Ces propos, fait remarquer le CNRA, n'auraient pas eu l'ampleur qu'ils ont eue, si les médias ne les avaient pas relayés sans discernement ni sans mesurer l’incidence sur la crédibilité de l’institution parlementaire»

«Même si le débat politique comporte souvent des abus de langage, les médias n'ont pas vocation à être le reflet ni à se faire l'écho de cette violence. Une presse consciente de son éthique doit refuser de relayer des déclarations incendiaires de quelque nature que soient ces dernières. Aussi, les hommes et femmes politiques doivent mieux prendre conscience des incidences de leurs paroles et de leur comportement devant les médias». D’où cette énième mise en garde : « D’un point de vue juridique, le média qui répand des propos condamnables en est comptable au premier chef. » 

AIDA KANE (STAGIAIRE)

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