Publié le 28 Jan 2020 - 11:42

Dear Kobe Bryant

 

Décédé tragiquement à la suite d'un accident d'hélicoptère, Kobe Bryant (41 ans) aura marqué le monde du basketball et du sport en général par sa qualité de basketteur. Mais surtout par sa mentalité qui fait de lui un modèle pour toute une génération. De sportifs comme de non-sportifs.

 

Cinq titres NBA. Deux médailles d’or olympiques. Un titre de MVP. Deux titres de MVP des finales. Dix-huit sélections au All-Star Game dont il a été MVP à quatre reprises. Onze présences dans le All-NBA First Team qui désigne les cinq meilleurs joueurs de la saison. Élu joueur de la décennie 2000-2010. Auteur de la deuxième meilleure performance offensive de l’histoire de la NBA avec 81 points inscrits face aux Toronto Raptors en 2006. 33 643 points inscrits en carrière.

Seul joueur avec Wilt Chamberlain à avoir marqué 50 points ou plus dans 4 matchs consécutifs. Seul joueur à avoir planté plus de points que l'équipe adverse après trois quarts-temps (face à Dallas en 2005). Autant de chiffres qui expliquent pourquoi le monde entier connaît Kobe Bryant. Pourtant, aucun d’eux ne peut expliquer la douleur que ressentent des millions de personnes après l'annonce du décès du Black Mamba à 41 ans dans un accident d’hélicoptère. Car Kobe n’était pas qu’une machine à marquer. C’était avant tout un modèle. Un modèle de loyauté, d’abnégation et de confiance en soi.

From Mulhouse to Los Angeles

Qui n’a jamais entendu son ou sa collègue de bureau lâcher un immense "Kobeeeeeeee" au moment de lancer une boulette de papier dans la poubelle ? Un classique qui montre que pour des millions de personnes, tenter un panier rime avec Kobe Bryant. Logique puisque le Black Mamba était probablement avec Michael Jordan le meilleur attaquant de l’histoire. Avec son fameux fadeaway copier/coller sur His Airness. Il faut dire que le natif de Philadelphie a tout fait pour obtenir ce statut honorifique. Un travail de longue date que le petit Kobe a commencé dès son plus jeune âge en Europe où son père, Joe Bryant, évolue comme basketteur. En Italie d’abord, puis à Mulhouse lors de la saison 1991-1992. Une ville dont se souvient Kobe pour « la beauté des paysages et ces moments où je prenais mon vélo pour aller jusqu'au terrain de basket, au milieu de toutes ces collines » .

Le légendaire numéro 24 (et 8) des Lakers n’a que 13 ans, mais veut déjà se frotter aux coéquipiers du paternel : « C'est une chose d'affronter les gamins de ton âge, même plus grands, mais moi, je voulais me frotter aux hommes, aux vrais. Les équipiers de mon père ne me prenaient jamais au sérieux. Ça me rendait fou. Si je réussissais trois shoots de suite, ils me prenaient de haut, riaient en me disant qu'ils ne défendaient qu'à moitié. Là, je me disais : "Il faut que j'en réussisse un de plus, juste un de plus, et BAM !" Et je continuais jusqu'au moment où je me faisais contrer si violemment que la balle finissait au vingtième rang de la salle. »

Cette mentalité de ne rien lâcher et de bosser comme un dératé, Kobe Bryant va la garder toute sa carrière où il arrive à la salle dès 4h30 du matin en pré-saison. Mieux, celle-ci va s’accentuer avec les années. Au point de créer ce qui s’appellera la Mamba Mentality que le précurseur définit ainsi : « Être en quête constante d'essayer d'être la meilleure version de vous-même. C’est ça la mentalité. C’est une quête constante d’essayer d’être meilleur aujourd’hui que vous ne l’étiez hier et meilleur demain que vous ne l’étiez la veille. » À chaque fois que nous avons affaire à un grand sportif - Ronaldinho mis à part - les mots « travailleur » , « premier à l’entraînement et dernier à en partir » reviennent en boucle. Pourtant, dans le cas de Kobe Bryant, ces phrases ont un réel sens.

Le quintuple champion NBA a donné sa vie au basket afin de tenter de marcher dans les pas de son idole Michael Jordan. Et force est de constater qu’il l’a même regardé dans les yeux. Résultat, les générations suivantes ont grandi en reprenant cette fameuse Mamba Mentality. Que ce soit le jeune Trae Young (21 ans) - joueur préféré de la fille de Kobe, Gianna, décédée dans l’accident - qui a claqué 45 points aux Washington Wizards dans la nuit de dimanche à lundi entre deux sanglots. Mais aussi LeBron James qui avait rendu un bel hommage à Kobe Bryant 24 heures avant sa mort, au moment de lui avoir pris sa place sur la troisième marche du podium des meilleurs buteurs de l’histoire de la NBA : « Je suis allé au camp ABCD, à l'âge de quinze ans, et il s'est adressé à tous les gamins là-bas, dont je faisais partie. J'écoutais tout, je buvais ses paroles. Je me souviens d'une chose qu'il a dite : "Si vous voulez être grand dans quelque chose, vous devez travailler, il n'y a pas de substitut au travail." »

Une empreinte sur le monde

Malheureusement, c’est souvent lors de la mort d’une personne que l’on se rend compte de l’empreinte qu’elle a laissée sur les autres. Et celle de Kobe Bryant est visiblement immense et dépasse le simple cadre du basket-ball. Il n’y a qu’à voir les réactions des footballeurs, à l’image de Neymar qui fait un 2 et un 4 avec ses doigts pour lui rendre hommage après son doublé face au LOSC.

Mais aussi des tennismans comme Novak Djokovic qui avait avoué il y a deux jours à ESPN que « Kobe a été un de mes mentors. Il m'a donné de précieux conseils, une ligne directrice pour croire en moi, croire dans le processus pour que je revienne après ma blessure. Je lui suis très reconnaissant d'avoir été là pour moi, de m'avoir soutenu. J'adore Kobe, qui ne l'aime pas ? » Lors de sa carrière de basketteur, la liste était pourtant longue. Que ce soit des rivaux qui ne supportaient pas son trashtalking ou des coéquipiers qui en ont eu marre du côté parfois trop individualiste de Kobe. Autant de personnes qui ont retourné leur veste au moment de la retraite de Kobe Bryant en 2016. Car désormais, il ne restait plus que l’homme. Celui qui n’hésitait pas à prendre sous son aile quelques jeunes basketteurs pour leur donner quelques conseils. Celui qui ne ratait pas un match de basket-ball de sa fille Gianna. Celui qui a défendu publiquement Colin Kaepernick. Celui qui a remporté un Oscar pour son court-métrage Dear Basketball qui retrace sa vie. Et qu’il termine d’un « Love you always, Kobe ». Que Kobe sache que la réciproque est tout aussi vraie.

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