Publié le 13 Jan 2021 - 22:36
DISPARITION DE DIARY SOW

La famille se prononce 

 

Depuis la disparition de l’étudiante sénégalaise Diary Sow en France, beaucoup de Sénégalais ont réagi pour exprimer leur amertume et leur volonté de tout faire pour qu’elle soit retrouvée. Depuis lors, sa famille s’était interdit de se prononcer sur l’affaire. C’est hier qu’ils ont finalement décidé de s’ouvrir aux journalistes pour partager avec tous les compatriotes cette situation difficile.

 

Diary Sow a disparu de la circulation, depuis le 4 janvier. Etudiante au lycée Louis le Grand de Paris, cette ancienne meilleure élève du Sénégal n’a pas donné signe de vie, depuis lors. De multiples recherches sont lancées en France pour retrouver cette brillante étudiante dont le cas est désormais porté par l’ensemble de la population sénégalaise. Depuis sa disparition, beaucoup d’actions ont également été menées par les étudiants sénégalais de France et les autorités de deux Etats.

Ainsi, pris par la surprise et l’amertume, la famille de Diary Sow s’était emmurée dans un mutisme total, évitant de paraitre et de parler sur quelque support médiatique que ce soit. Mais les différentes réactions des Sénégalais, les marques de sympathie et de consolation à leur égard ont eu raison de leur volonté de se taire. Un trop-plein d’émotions a finalement fait bouger les lignes.

Retrouvée chez eux à Malicounda Carrefour, la maman de la jeune fille a dit toute sa gratitude, avant d’être gagnée par les larmes. Selon la mère de Diary Sow, la disparition de sa fille est devenue une affaire nationale qui préoccupe tous les Sénégalais. Bineta Sow a ajouté d’une voix tremblante : ’’Je passe des nuits blanches, et je pense que toutes les mères peuvent me comprendre. Aucune mère n’arrive à dormir présentement. Elles sont nombreuses à être dans cette situation, parce que la relation mère-enfant est très forte. Nous ne pouvons rien, face à la situation. Nous sommes là, à l’écoute, en train de guetter la moindre information sur Diary.’’

La maman poursuit : ‘’C’est très difficile. Je prie le bon Dieu de l’assister. Où qu’elle puisse être, que le Tout-Puissant fasse qu’on puisse la retrouver le plus rapidement, saine et sauve. Nous vivons une incertitude, nous sommes très inquiets aussi et c’est très difficile de rester plus d’une semaine sans avoir des nouvelles de sa fille, surtout si tu sais qu’elle a disparu mystérieusement.’’

‘’D’ailleurs, c’est ce qui explique notre mutisme depuis le début de cette disparition. Les Sénégalais ont remarqué que la famille a perdu la langue. Nous avons été pris de court par la tournure des événements’’, indique Bineta Sow qui remercie le peuple sénégalais qui a montré toute sa sympathie envers sa fille.

‘’Il ne cesse de prier pour qu’on retrouve Diary. Nous demandons au Tout-Puissant qu’Il exauce nos vœux afin qu’elle nous revienne ici dans sa famille en toute tranquillité’’, a-t-elle déclaré avant de fondre en larmes.

Une atmosphère assez lourde planait sur la maison où parents et amis sont venus témoigner à la famille leur compassion et partager leur inquiétude devant cette terrible disparition qui affecte plus d’un. La peine et la désolation se lisaient facilement sur les visages qui, visiblement, avaient perdu le goût du sommeil.

Devant l’émotion qui a submergé la maman, c’est l’oncle de Diary Sow qui a repris la parole, pour expliquer la raison de leur prise de parole. ‘’Il fallait que la famille parle, parce que cette affaire n’est plus entre Diary et sa famille, c’est devenu une affaire des Sénégalais. Donc, au vu de l’élan de solidarité que le peuple a affiché envers Diary Sow, si nous, la famille, nous ne le remercions pas, c’est comme si cela ne nous touche pas’’. Il ajoute : ‘’Les Sénégalais sont en train de tout faire pour qu’on retrouve Diary Sow. L’effort qu’ils sont en train de fournir, la famille ne l’a pas encore fait, si je peux m’exprimer ainsi. Depuis le début de cette disparition, les étudiants sénégalais en France se sont mobilisés comme un seul homme, délaissant les amphithéâtres, affichant des avis de recherche. Les artistes ne sont pas en reste ; ils ont fait des vidéos. Les autorités étatiques et les autorités religieuses aussi, chacun dans leur domaine, font d’énormes efforts pour qu’on retrouve la meilleure élève du Sénégal’’, conclut l’oncle.

L’interminable attente

Beaucoup d’informations circulent dans le cadre des recherches pour retrouver l’étudiante Diary Sow. En France, la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) mène des investigations et a visité la chambre d’étudiante de la disparue. Une pièce de 11m2 au troisième étage d'une résidence sise au boulevard du Port-Royal. Il se pourrait, dit-on, qu’elle soit partie en emportant quelques vêtements et des effets. Mais la question demeure : quand ?

En tout cas, tout le monde est unanime pour dire que la dernière fois qu’elle a donné signe de vie, c’était le 4 janvier.

Ainsi, lorsque son absence a été constatée par son école, le Lycée Louis Le Grand de Paris a alerté les autorités consulaires sénégalaises qui, à leur tour, ont déposé une déclaration à la police du 8e arrondissement. Depuis, ses camarades étudiants se mobilisent.

Hier, le ministre Serigne Mbaye Thiam a témoigné sur Iradio avoir eu des nouvelles, le 1er janvier dans la soirée.  ‘’La dernière fois que j’ai parlé à Diary Sow, c'était le vendredi 1er janvier dans la soirée après avoir reçu de sa part un message de souhait de meilleur vœux dans la journée. On a échangé sur ses perspectives d’études, de candidature au concours, parce que c’était la période d’inscription et tout allait très bien’’, a-t-il indiqué. Ajoutant : ‘’sa maman m’a dit que c’est le dimanche 3 qu’elle a eu la dernière conversation téléphonique avec elle. Je voudrais indiquer que les éléments de contact que la famille a eus avec Diary sont des éléments qu'on peut certifier.’’

Dans cette affaire, si la piste criminelle n'est pas privilégiée, la police n'écarte aucune piste dans la disparition de Diary Sow. Celle d’une fugue est envisagée. En attendant d’avoir une piste solide, les uns et les autres s’accrochent au fait que les remontées d'informations fournies par les hôpitaux et les brigades de sapeurs-pompiers laissent à penser que sa vie n'est pas en danger.

IDRISSA AMINATA NIANG

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