Publié le 14 Nov 2018 - 03:16
DOCTEUR ATAB BADJI, GYNECOLOGUE OBSTETRICIEN

‘’La méconnaissance des petits signes d’alerte est fatale pour la grossesse’’

 

Aller en consultation, dès les premiers signes de grossesse, est la meilleure façon de prévenir l’avortement. Le gynécologue obstétricien, Atab Badji, donne, dans cet entretien, les méthodes de prévention et explique l’importance d’un bilan, après une première fausse couche.

 

On constate que les fausses couches sont aujourd’hui récurrentes. Qu’est-ce qui explique ces interruptions involontaires de grossesse ?

Permettez-moi d’utiliser l’expression ‘’avortement spontané’’, pour parler des fausses couches et de préciser, pour répondre à votre question, qu’il est secondaire à beaucoup de causes. Il peut s’agir, d’une part, de problème lié à la mère, notamment d’une maladie générale comme le paludisme ou toute maladie fébrile. C’est-à-dire qui s’accompagne d’une élévation importante de la température corporelle, mais aussi de cause liée à une anomalie anatomique de l’utérus qui est l’organe maternel dans lequel se développe le fœtus. D’autre part, il peut s’agir de problème lié à une mauvaise qualité de l’œuf qui présente une anomalie génétique constitutionnelle qui ne lui permet pas d’évoluer. Ceci est souvent rencontré chez les personnes âgées et c’est l’occasion de rappeler que l’âge avancé est encore un facteur de risque en matière de maternité.

Est-ce que les fausses couches ont lieu à la même période de grossesse ?

Par définition et classiquement, l’avortement est l’interruption de la grossesse avant la viabilité du produit de conception. Dans notre contexte d’exercice, je pense qu’il est raisonnable de garder le cap des 28 SA (semaines), et non des 22 SA qui me paraissent illusoire. Ainsi, quand la femme perd sa grossesse avant ce terme, on parle d’avortement. Il s’oppose à l’accouchement prématuré qui traduit la naissance avant terme d’un produit de conception viable sous réserve d’une prise en charge adéquate, en mettant sur la balance le risque de séquelles.

On a l'habitude de voir qu'une fausse couche est généralement suivie d'une autre. Qu'est-ce qui explique cela ?

En fait, dans la pratique, la succession d’avortements n’est pas la règle. C’est toutefois une possibilité et reste un cas pathologique. Les successions d’avortements en général relèvent soit de cause utérine avec un utérus de petit volume ou présentant une anomalie ou un obstacle mécanique au développement du fœtus comme un gros fibrome intra cavitaire. Il peut s’agir également d’un problème de col de l’utérus lié à son étanchéité. Ainsi, le col, qui est en quelque sorte la ‘’porte‘’ de l’utérus, va alors présenter une certaine béance propice à l’expulsion du produit de conception.

Comment prévenir une fausse couche après une première ?

La meilleure façon de prévenir un avortement spontané, avec ou sans antécédent similaire, c’est d’aller en consultation dès les premiers signes de grossesse, notamment le retard de règles. Dès la confirmation échographique de l’évolutivité de la grossesse, il est important de savoir reconnaître les signes prémonitoires de l’avortement que sont la douleur pelvienne, isolée ou accompagnée de pertes sanglantes, même en quantité minime. De façon spécifique, c’est-à-dire après un accouchement spontané, il est important de faire un bilan causal pour cerner la cause de l’interruption de la grossesse, notamment en recherchant une cause mécanique permanente qu’il incombera de corriger. Ainsi, dans le cas particulier d’avortements à répétition liés à un problème de béance cervicale, le praticien pourrait être amené à pratiquer un cerclage du col, selon son appréciation.

Pourquoi c'est observé davantage sur les nouvelles mariées ?

Je ne raisonnerais pas à priori en termes de nouvelles mariées ou pas, mais plutôt en termes de primi-gestité. C’est-à-dire de première grossesse, donc de première expérience de grossesse qui rime justement avec absence d’expérience en la matière. La méconnaissance des petits signes d’alerte devient fatale pour la grossesse. Par ailleurs, chez les nouvelles mariées, je dirais plutôt que ce phénomène est davantage mal vécu, et à juste titre, car traduisant un espoir déçu.

Quelles sont les conséquences sur les femmes ?

Les conséquences sont surtout liées à une mauvaise prise en charge des suites post-abortives. Il peut s’agir des conséquences liées à l’hémorragie, notamment l’anémie et ses risques, de l’infection et sa suite parfois redoutable pouvant mettre en jeu la vie de la mère ou l’exposer à une stérilité secondaire. C’est dire toute l’importance des soins post-abortifs.

Quelles sont les statistiques de fausses couches au Sénégal ?

Je n’ai pas une donnée précise et exacte des avortements au Sénégal. Toutefois, dans la littérature, ils sont considérés comme l’accident le plus fréquent en pathologie obstétricale.  C’est-à-dire liée à la grossesse.

Comment se fait la prise en charge psychologique, vu que la situation est traumatisante ?

Force est de reconnaître qu’en pratique clinique dans nos régions, le volet psychologique est le parent pauvre de la prise en charge. Mais fort heureusement que cette insuffisance est comblée par l’environnement socio-familial avec le discours culturo-religieux invitant souvent la femme au dépassement. Ce soutien est très précieux dans le cas d’espèce.

VIVIANE DIATTA

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