Publié le 21 Sep 2018 - 23:01
DOCTEUR BOLY DIOP, SECRETAIRE GENERAL DU SAMES

‘’Nos structures sont dépourvues de maintenanciers qualifiés’’

 

Depuis plusieurs mois, il y a des pannes récurrentes de machines dans les hôpitaux. Si ce n’est pas l’appareil de mammographie, c’est la radiothérapie, le scanner ou les machines de dialyse. Des situations qui mettent en danger les malades. Dans cet entretien, le secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames), Docteur Boly Diop, soutient que le problème réside dans la maintenance, la vieillesse des machines, entre autres.

 

Comment vous analysez les pannes récurrentes de machines dans les hôpitaux (mammographie, dialyse, radiothérapie, scanner) ?

L’analyse des pannes récurrentes des machines au niveau des hôpitaux peut se faire à deux niveaux. Du point de vue organisationnel, il faut se départir de la culture de gestion des crises et aller vers une culture d’anticipation sur les problèmes. Dans nos hôpitaux, les instances qui devraient prévenir la survenue des crises ne fonctionnent pas de façon régulière. Les commissions médicales d’établissement et les comités techniques des établissements sont relégués au second plan par les administrateurs. Faites le tour de nos hôpitaux et vous verrez que ces instances sont aux oubliettes.

Pire, le culte de reddition des comptes n’existe pas dans nos structures hospitalières et l’autorité de tutelle, en l’occurrence le ministère de la Santé, à travers la Direction des établissements publics de santé, ne joue pas son rôle avant-gardiste. Les performances des hôpitaux ne se fondent pas sur la qualité des services délivrés aux patients et leur satisfaction, mais sur le seul fait d’équilibrer leur compte. Et pour tout couronner, la politique de la gratuité est venue mettre dans le coma un système qui était malade.

Du point de vue technique, il est à noter que dans nos hôpitaux, il y a un réel problème de maintenance de nos appareils. Le plus souvent, les décideurs mettent l’accent sur la maintenance curative, alors qu’elle coûte cher, ne donne pas les résultats escomptés et porte préjudice aux malades. L’accent devrait plutôt être mis sur la maintenance préventive qui coûte moins cher, assure la disponibilité des appareils et rend service aux malades. L’acquisition de matériels doit être accompagnée de la mise en place d’un plan de maintenance qui est sous-tendue par des ressources humaines qualifiées et techniquement aptes à assurer leur fonction. Mais le constat est là : nos structures sont dépourvues de maintenanciers qualifiés. A la place, on assiste à un recrutement clientéliste de personnel de soutien non qualifié.

Dans un pays comme le nôtre, est-ce acceptable ?

Naturellement, c’est inacceptable, dans un pays comme le nôtre, qu’il y ait ces pannes récurrentes d’appareils d’aide au diagnostic et thérapeutiques. Cela traduit aussi un certain laxisme dans la gestion de nos structures sanitaires. Et comme mentionné tantôt, c’est le manque de reddition des comptes qui fait que les responsables, à quelque niveau que ce soit, n’ont pas été sanctionnés. Et c’est le pauvre malade qui paie les pots qu’il n’a pas cassés.

Le constat est qu’on n'arrive pas à se départir de ces problèmes. S'agit-il seulement d'un problème de maintenance ? Et la vieillesse des machines ?

Il s’agit des deux à la fois. Il y a le problème du vagissement des machines. On voit des machines qui sont amorties depuis longtemps et qui continuent à fonctionner. Alors que les règles élémentaires de gestion nous imposent à prévoir l’achat d’une autre machine à travers l’exploitation de celle en cours. Aussi, le problème de la maintenance de nos équipements se pose avec acuité.

Il se pose également la question de la quantité des machines, ce qui donne lieu à des rendez-vous de un, voire trois mois intenables pour les malades. Est-ce qu'il ne faudrait pas augmenter leur nombre dans les hôpitaux ?

 On peut penser à cette éventualité. Mais faudrait-il d’abord gérer et bien gérer ce qui est entre nos mains. Cela ne servira à rien d’avoir plusieurs machines et qu’au bout d’un certain temps, elles tombent toutes en panne. Au lieu d’avoir plusieurs machines concentrées dans les hôpitaux de Dakar, il faut penser à les décentraliser et à trouver des politiques incitatives pour la disponibilité des techniciens au niveau des régions. Car les malades, pour la plupart, viennent des régions de l’intérieur du pays. Et pour des soucis d’équité, il faut rendre les soins accessibles à tous les Sénégalais.

N'est-il pas urgent, donc, de doter les autres structures de santé de niveau 2 ou 1 de ces appareils pour désengorger ? 

Effectivement, c’est une alternative fiable. Et pour désengorger les structures de Dakar et soulager les populations, il faut aller vers cette voie. Il faut aussi insister sur la maintenance préventive et le devoir de reddition des comptes.  

VIVIANE DIATTA

 

Section: 
BAVURES POLICIÈRES AU SÉNÉGAL : Un mal endémique
TENSION DANS LE SECTEUR DE LA JUSTICE Les syndicats dénoncent une ‘’trahison’’, après le communiqué du ministère
Orpaillage clandestin
LETTRE DE POLITIQUE SECTORIELLE DE SANTÉ (LPSS) 2025-2029 : Les acteurs du Nord s’approprient la nouvelle stratégie nationale
INONDATIONS, FORTES CHALEURS, ÉROSION CÔTIÈRE… : La Senelec compte intégrer  les exigences de résilience
CONSOMMATION D'ALCOOL, DE TABAC… : Ces régions championnes, selon une étude
DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES : Bachir Fofana fixé sur son sort, le 9 juillet
ROUTE KOLDA - SALIKEGNÉ DANS UN ÉTAT DÉFECTUEUX TRÈS AVANCÉ : Les populations de Dioulacolon exigent la reprise des travaux de bitumage
DR ABDOU L. AÏDARA, GÉOPOLITOLOGUE, SUR LA GUERRE IRAN - ISRAËL : ‘’Il y a eu des déménagements massifs de matériel sensible…’’
MORTS DE JEUNES À ROSSO ET À CAMBÉRÈNE : BDF exige des enquêtes impartiales et des sanctions fermes
PROJET RENFORCEMENT DE LA FILIÈRE COQUILLAGE AU SÉNÉGAL : Les résultats après deux ans d’existence
And Gueusseum dénonce les méthodes de l’ ARP
MOUHAMADOU BASSIROU BALDÉ, NOUVEAU PRÉSIDENT AJAS : « Les jeunes avocats font face à des difficultés multiples et profondes… »
KOLDA – DÉMARRAGE DES ÉPREUVES DU BAC GÉNÉRAL : Tolérance zéro pour les tentatives de fraude
POLITIQUES DE JEUNESSE DANS L’ESPACE CEDEAO : Vers un changement de paradigmes
SAINT-LOUIS EXAMEN DU BAC 2025 : Aucune irrégularité signalée dans les centres
THIÈS – BAC 2025 : Un démarrage sans difficulté
CYBERHARCÈLEMENT, EXTORSION DE FONDS, VENTE DE DONNÉES, MANIPULATION PSYCHOLOGIQUE : La CDP outille les influenceurs et porteurs de voix
VIOLENCES POLICIÈRES : L’Adha tire la sonnette d’alarme et interpelle la justice
Oasis Sonatel