Publié le 10 Apr 2018 - 04:54

Donner la priorité aux femmes

 

La question de la santé de la reproduction se pose, aujourd’hui, avec acuité. Il s’avère plus que jamais nécessaire de replacer les enfants et les femmes au centre des priorités. Les efforts doivent se concentrer sur l’amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants, en évitant de les placer à la marge des préoccupations majeures. Les grossesses peuvent être espacées par l’utilisation de méthodes contraceptives tels que la pilule, les injectables et l’allaitement maternel, pendant deux ans. Et contrairement à l’argument religieux utilisé et véhiculé à tort et à travers, ni le christianisme ni l’islam n’interdisent l’utilisation des méthodes contraceptives au sein des couples mariés. Le droit, mais surtout l’obligation des époux d’espacer les grossesses, pour ne pas mettre en danger la santé de la mère et de l’enfant, est clairement consigné. Dans un cadre plus terre à terre, ceci contribue au repos corporel de la femme et à l’homme de mieux subvenir aux besoins de la famille.

Il est donc nécessaire que les couples aient non seulement la bonne information, mais aussi qu’ils aient accès aux produits de contraception. Car c’est surtout l’accessibilité de ces produits qui causent souvent le plus grand problème. Dans beaucoup de régions au Sénégal, même si le taux de planification est passé de 1 à 27 %, il a été noté un déficit de produits contraceptifs. En 2016, les décès infantiles avaient diminué de 36 pour 1 000 naissances vivantes. S’il est vrai qu’il y a des progrès et que ces décès diminuent, il n’en demeure pas moins que le nombre de décès des enfants de moins de 5 ans est encore élevé. Près de 27 000 enfants meurent, chaque année, avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, soit près de trois enfants de moins de 5 ans meurent, chaque heure, selon les statistiques.

Les recherches montrent également que lorsque les familles ont des naissances rapprochées l’une après l’autre, les enfants ont un risque accru de maladies et de décès. Selon l’enquête Eds de 2016, il y a 89 décès pour 1 000 naissances, si un bébé est né moins de 24 mois après la naissance précédente. A contrario, il y a 48 décès pour 1 000 naissances vivantes, si l’intervalle des naissances est de 3 ans. Le risque de mourir avant l’âge de 5 ans est deux fois plus élevé pour les enfants nés à moins de deux ans d’intervalle.

Une grossesse rapprochée a également un coût social, un coût contre la productivité. La femme est toujours malade, idem pour l’enfant. Non seulement la mère n’a pas de temps pour des activités génératrices de revenus, mais le père de famille n’arrive pas à faire des économies, non plus, puisqu’il doit, en permanence, faire face à des frais médicaux.

Il est, par conséquent, vital que les femmes évitent les grossesses rapprochées qui ne peuvent que créer des problèmes. Il est préférable d’avoir un nombre d’enfants sains et bien portants que de mettre au monde des enfants dont on est incapable de subvenir aux besoins les plus élémentaires.

Les naissances trop rapprochées sont souvent liées à la pauvreté et rendent difficile, pour les parents, l’assurance des soins de santé et la scolarité des enfants, sans compter la mauvaise nutrition. Lorsque les familles ne sont pas en mesure d’assurer une bonne nourriture à leurs enfants, cela peut provoquer la malnutrition qui peut, elle-même, être très dommageable au cerveau de l’enfant et, par conséquent, à ses performances intellectuelles et physiques.

Il faut remarquer qu’une mauvaise nutrition augmente le risque d’autres problèmes de santé, plus tard à l’âge adulte. Notamment l’hypertension artérielle, le diabète et les maladies cardiaques nécessitant des soins médicaux coûteux. Il faut penser aux jeunes d’abord, si nous voulons maîtriser le dividende démographique, établir la résilience et transformer notre région pour réaliser les objectifs de développement durable et parvenir à l’Afrique que nous voulons. Si nous faisons du dividende démographique une opportunité et travaillons à ce que les femmes puissent planifier leurs grossesses, avoir des accouchements sans risque pour la mère et l’enfant, alors on améliorera la vie de la population entière et on aidera à assurer une vie digne pour tous.

VIVIANE DIATTA

 

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