Publié le 4 Sep 2020 - 15:19
DR ABDOU KHADRE SANOKO SUR LES NOMBREUX MEURTRES

‘’Les mécanismes d’antan qui se sont effrités sont à l’origine de tout ce que…’’

 

Entre mars et avril 2020, la région de Thiès, à elle seule, a connu plusieurs cas de meurtre de tout genre. Des drames souvent incompréhensibles. Mais le sociologue Abdou Khadre Sanoko pense que si on en est arrivé là, c’est parce que les Sénégalais ne font plus recours aux mécanismes qui permettaient de régler les différends de manière pacifique. 

 

Chronique de crimes sans fin ! Les mois passés ont été chauds à Thiès. La région a enregistré beaucoup de cas de meurtre domestique, vivant l’une des pages sombres de son histoire marquée par des tragédies de tout genre. En deux mois, Thiès a connu plusieurs drames. Le 7 mars 2020, le quartier Médina Fall, dans la commune de Thiès-Nord, a été au-devant de l’actualité nationale, avec l’assassinat de Sokhna Marième Diagne par son ex-petit ami. Étudiante en Génie civil, la jeune dame a été sauvagement poignardée par le nommé Assane Guèye. Ce crime avait plongé la ville dans un deuil profond.

Huit jours plus tard, Médina Fall a encore enregistré un cas de meurtre similaire. Cette fois, c’est une jeune fille qui a cruellement été tuée par son bourreau, un jeune marabout. Âgée de moins de 15 ans, Khady Diouf a été retrouvée morte par strangulation dans le quartier de Keur Saib Ndoye. Disparue la veille, son corps a finalement été découvert avec une corde autour de son cou.

Dans la première quinzaine du mois d’avril, une histoire de meurtre, à Hersent, dans la commune de Thiès-Est, est venue allonger la liste. Au cours d’une bagarre avec un de ses ‘’amis’’, Massaër Diack, âgé de 28 ans, a reçu plusieurs coups de couteau et perdu la vie sur le coup.

 Pourquoi autant de meurtres et de violence ? Comment sommes-nous arrivés à cette situation, avec son lot de décès ? Des questions auxquelles tente de répondre le Dr Abdou Khadre Sanoko.

D’après le sociologue, c’est la société elle-même, dans toute sa composante, qui a perdu ses repères. ‘’Les mécanismes qui se sont effrités sont à l’origine de tout ce que nous vivons, avec cette série de meurtres. Auparavant, lorsqu’on avait des différends avec ses parents ou proches, il y avait toute une panoplie de mécanismes pour régler ces genres de problèmes. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Parce que la société modernisée fait plutôt l’apologie de l’individualisme, du chacun pour soi, au détriment de la communauté’’, a-t-il fait remarquer dans un entretien accordé à un portail d’informations installé dans la capitale régionale du Rail.

De plus, le Dr Sanoko indique qu’il arrive que certains citoyens ne fassent plus recours à ces mécanismes pour résoudre les quiproquos de façon pacifique, afin d’éviter toute sorte de violence. Car, ajoute-t-il, très souvent, c’est cette violence qui conduit à ces meurtres. ‘’Les gens tentent de trouver des solutions individuelles et personnelles. Ce qui, parfois, peut être fatal’’, s’est-il désolé.

Pour mettre un terme ou diminuer ces tragédies perpétuelles, le Dr Abdou Khadre Sanoko appelle à un retour aux mécanismes d’antan qui permettaient de résoudre les différends sans heurts. Mais pour y arriver, dit-il, il faut que chacun mette de côté son ego et son individualisme et milite surtout pour une société où le désir de vivre en communauté est la règle générale. 

GAUSTIN DIATTA (THIES)

 

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