Publié le 23 Jan 2019 - 00:36

Du bon usage de la passion 

 

C’est fait. Le Conseil constitutionnel a publié le dimanche 20 janvier la liste définitive des candidats à la Présidence de la République. Les  contestations des recalés vont sans doute se faire encore plus entendre. Certains sont montés au parapet depuis pour appeler à multiplier les manifestations. Avec comme cibles principales ledit Conseil et le Président Macky Sall, soupçonné d’avoir instrumentalisé l’institution judiciaire. Ces sorties s’inscrivent dans le cadre de la remise en cause d’un système de vérification  a posteriori. Fondamentalement, elles ne vouent pas aux gémonies le parrainage en lui-même. Précisément parce que le vin a été tiré et que les candidats déclarés à la présidentielle ont fait le choix de le boire.

En optant pour ce système du parrainage, le Président Macky Sall avait sans doute conscience que la responsabilité du politique, d’un chef d’Etat en l’occurrence, commence par le fait de ne pas transiger avec l’exigence de rencontrer le pire. C’est-à-dire des positions et oppositions objectives devant lesquelles il serait possible de suspendre sa décision. Jusqu’à ce que la machine se mette en marche, les oppositions ont plutôt été hésitantes, velléitaires, molles.

La classe politique n’ayant jamais été autant discréditée qu’elle l’est aujourd’hui, la moralité des politiciens n’ayant jamais été remise en question qu’elle l’est aujourd’hui, les impostures n’ayant jamais été aussi patentes, qu’elles le sont aujourd’hui, les ambitions personnelles n’ayant jamais été aussi aigües qu’elles le sont aujourd’hui, il fallait du courage politique pour remettre à l’endroit un système à la dérive. Qui ne s’est jamais offusqué du nombre sans cesse pléthorique de candidats à la présidentielle dans ce pays ?

Déterminer des bornes, c’est faire obstruction à la banalisation de la plus haute institution et réaffirmer du coup la sacralité de ladite institution. Le Président Sall a quant à lui pris l’option de ne pas fuir ses responsabilités dans des affrontements abstraits et de se fixer sur ce qui nous semble tenir de l’essentiel. Il est de ce point de vue concevable d’imaginer que chaque génération se confronte à une tâche élective, une sorte de mission historique. Restaurer le caractère sacré de la Présidence de la République et replacer toutes nos institutions au cœur de la conscience individuelle et collective, font partie des tâches et impératifs du moment.

Il est important de comprendre que la Présidence n’est pas un fantasme. Pas plus qu’on ne fait de la politique avec de l’émotionnel ou de la psychologie de bazar. Nous voulons de part et d’autre des discours construits autour d’offres politiques et programmatiques conséquentes et qui pèsent de tout le poids de leur valeur. Au lieu de cela nous avons,  pour le moment en tout cas, des attaques ad hominem et des anathèmes.

Le président de ‘’Gueum Sa Bopp’’  est, lui, à fond dans la rhétorique guerrière. Bougane Guèye Dany, à travers son ‘’appel aux Sénégalais’’  publié dans la presse, en appelle clairement à un soulèvement populaire afin de renverser le Président Macky Sall. Et quiconque ne rallierait pas son mot d’ordre serait ‘’coupable’’, ‘’cupide’’,  ‘’criminel’’, et serait appelé à comparaitre devant le tribunal de sa conscience à lui.

Ces propos sont malvenus. M. Guèye Dany oublie que nous sommes dans une démocratie. Et qu’en l’occurrence, un des déterminants et paramètres fondamentaux de ce système, c’est la libre expression de la pluralité des choix politiques, philosophiques, etc. Il ignore en conséquence que nous sommes dans un système où le ‘’penser avec’’, fait nécessairement droit au fait de ‘’penser contre’’. La sortie du chef de file de ‘’Gueum Sa Bopp’’  (croire en soi) est malheureuse ; elle est surtout une insulte à sa propre intelligence.

La pérennité de notre Cité dépend de nous, de notre vigilance et de la conviction de chacun sur les choix fondamentaux masqués derrière les luttes des politiques. La démocratie ne peut exister sans citoyens responsables.  En conséquence, plutôt que de chercher à miner le lien social, il nous incombe d’investir toute notre énergie à le nourrir. J’en appelle donc, à la suite du ministre conseiller chargé de la communication de la Présidence, El Hadj Hamidou Kassé, à l’humilité et au bon usage de la passion.

Par Félix NZALE (Journaliste)

 

Section: 
DETTE INTÉRIEURE
L'importance de la pension pour les retraités et la nécessité d'assurer son paiement anticipé et sans retard
L’Organisation des Journées d’Excellence et la relance du Sport scolaire dans les établissements du Sénégal : Un nouveau souffle pour nos écoles
EXECUTION BUDGETAIRE 2024 ET 2025 : L’ABSENCE D’INSVESTISSEMENTS CONDUIT A LA MORT DE L’ECONOMIE
24 novembre 2024-16 juin 2025 : En sept mois, deux Robert Bourgi, deux visages fort différents
AGENDA NATIONAL DE TRANSFORMATION, SÉNÉGAL 2050 ET DÉCENTRALISATION Le Délégué de quartier, pièce maitresse pour une meilleure adaptation aux réalités locales et une participation citoyenne optimale
Le Sénégal, havre de stabilité énergétique dans un monde en crise : Opportunités et défis face à la fermeture du détroit d’Ormuz
Rapports d'exécution budgétaire : Gap de recette, zones d’ombre, dépenses de confort et investissements oubliés
SENEGAL : LE REDRESSEMENT BUDGETAIRE, UNE URGENCE NATIONALE EN 2025
Analyse Exécution budgétaire T1 2025 – Sénégal
Le grand basculement : Du règne de la prédation à l’ordre du mérite
Politique carcérale et droits des détenus au Sénégal
Lettre ouverte à Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye Président de la République du Sénégal : De la gestion désastreuse du foncier : Le dépeçage de MBANE continue avec l’agro-business  
GUY MARIUS SAGNA, LE COL BLEU DE L’HEMICYCLE
Conflits armés au Moyen Orient ou dans le monde : Quelles solutions durables de paix ?
Robert BOURGI, le cokseur qui l’a raté, avec les dirigeants actuels de notre pays
Le Sénégal va mal : Entre morosité et rhétorique politicienne
LE MONDE SE FERME : À l’Afrique d’ouvrir la voie
Quelle reforme pour le code du travail au Sénégal
Macky Sall, PASTEF et la vérité qu’on refuse de dire