Publié le 2 Apr 2020 - 15:46
EMPORTE PAR LE CORONAVIRUS

Pape Diouf, un homme d’influences sur le foot africain

 

Pape Diouf est décédé du coronavirus, ce 31 mars 2020 à Dakar. Le Franco-Sénégalais a longtemps exercé une discrète mais notable influence sur le football africain, que ce soit en tant qu’agent de stars comme Didier Drogba ou André Ayew, comme président de l’Olympique de Marseille ou en simple observateur avisé du continent.

 

Pape Diouf était une figure incontournable du football marseillais et même français. Mais quelle était son influence de l’autre côté de la Méditerranée ? Elle était énorme en termes d’image, tout d’abord, à en juger par le déluge de réactions sur les réseaux sociaux, de la superstar du foot à celle du simple amateur de ballon rond, en passant par celles de dirigeants et autres chefs d’État. « Il a été le pionnier dans tant de choses concernant les affaires du football et la gestion des joueurs venant d’Afrique », s’est par exemple ému le Ghanéen Anthony Baffoe, qui occupe des fonctions importantes au sein de la Confédération africaine de football (CAF).

Vedettes ou anonymes, ils sont nombreux à louer le précurseur que Pape Diouf a été, notamment en tant que premier président noir d’un club majeur en Europe, l’Olympique de Marseille (2005-2009). Son passé de journaliste emblématique (1976-1987) et d’agent de joueurs (1987-2004) a également marqué les esprits.

Agent et mentor de nombreuses icônes du continent

C’est d’ailleurs à travers cette dernière fonction que le Franco-Sénégalais a peut-être le plus pesé dans le devenir du foot continental. Il a en effet géré la carrière de nombreuses icônes du continent. La liste de ses ex-protégés est vertigineuse : Joseph-Antoine Bell, François Omam-Biyik, Abedi Pelé, Rigobert Song, Marc-Vivien Foé, Habib Beye, Frédéric Kanouté, Didier Drogba, André et Jordan Ayew… Sans parler de tous les joueurs français nés en Afrique : Basile Boli, Marcel Desailly, Péguy Luyindula, etc.

Et, apparemment, Pape Diouf ne se contentait pas de négocier des contrats lucratifs à ses poulains, à en croire André Ayew : « Tu as été un grand-père, un père mais avant tout mon mentor et même bien plus que ça, tu as été mon tuteur légal quand je suis arrivé en France à l’âge de 14 ans. Tu m’as accueilli, tu as pris soin de moi, tu m’as soutenu et accompagné dans la poursuite de mon rêve celui de devenir footballeur professionnel. À chaque étape tu répondais présent. »

Des conseils qui ont pesé…

En Afrique, Pape Diouf n’a jamais occupé de fonctions importantes alors que le tapis rouge lui était régulièrement déroulé. Le ministère des Sports du Sénégal lui a ainsi été proposé sous Abdoulaye Wade. L’ex-patron de l’OM n’a même pas présidé aux destinées de la Fédération sénégalaise de football (FSF). Ce qui ne l’a pas empêché de peser dans le destin du foot sénégalais notamment. Il a ainsi contribué aux nominations de Claude Le Roy, puis de Bruno Metsu au poste de sélectionneur des « Lions de la Téranga », avec les succès que l’on connaît : une 4e place inédite à la CAN pour le premier, en 1990 ; et une finale à la CAN 2002 ainsi qu’une première participation historique en Coupe du monde, pour le second.

…et des critiques parfois acerbes

S’il était souvent bienveillant envers le football africain, Pape Diouf pouvait aussi se montrer acerbe, notamment vis-à-vis de la CAF. Le binational n’hésitait pas à égratigner l’institution et surtout son président actuel, Ahmad. En 2017, il avait critiqué la décision d’augmenter le nombre d’équipes participantes dès l’édition 2019. Plus tard, dans une chronique pour Le Monde, il lâchait : « La Confédération africaine de football (CAF) est décidément impayable. Avec sa manière d’être, sa part d’ombre, ses affirmations et ses actes. Elle ne communique jamais – ou rarement – sur l’état de ses finances, le traitement de son président, les privilèges accordés aux membres du comité exécutif, les frais de fonctionnement ou les avantages arbitrairement concédés aux amis de l’institution ou à certains anciens joueurs pour se concilier leur alliance, du moins leur neutralité quand un problème surgit. »

Enfin, il y a deux mois, même s’il assurait ne pas vouloir briguer la présidence de la Confédération en 2021, il ajoutait : « L’inconcevable faiblesse de l’administration de la CAF appelle des mesures d’assainissement et l’arrivée à sa tête d’un homme fort, d’un vrai caractère disons-le, d’un patron capable de rallier tous ceux qui veulent vraiment œuvrer pour le développement du football africain. » Pape Diouf aurait-il fait un bon patron du foot continental, après en avoir influencé indirectement le destin, par bien des aspects ?

OM

Le onze type de l'ère Pape Diouf

Pape Diouf est décédé des suites du coronavirus mardi soir. Ancien président emblématique de l'Olympique de Marseille, il avait relancé le club phocéen et posé les bases du titre de 2010. Voici le onze type de l'ère Pape Diouf.

Président de l'Olympique de Marseille de 2005 à 2009, Pape Diouf a marqué l'histoire du club phocéen. Apprécié en tant qu'homme et dirigeant, il conservera à jamais une cote d'amour immense auprès des supporters marseillais malgré l'absence de trophées. A l'origine de l'arrivée de Didier Deschamps, il restera celui qui a posé les bases du titre de champion de France 2010. Maxifoot lui rend hommage avec un onze des meilleurs joueurs qui ont évolué à l'OM sous sa présidence.

Un gardien champion du monde et d'Europe

Au poste de gardien, Fabien Barthez enfile les gants dans cette équipe. On aurait très bien pu aussi choisir Steve Mandanda, arrivé en 2007 et devenu une légende du club. Mais comment se passer du «Divin Chauve» ? Champion du monde et d'Europe avec les Bleus, vainqueur de la Ligue des Champions avec l'OM en 1993, champion d'Angleterre avec Manchester United... Le 12e au Ballon d'Or 2000 a le plus beau palmarès chez les gardiens français.

Une défense volontaire

En défense, Habib Beye prend place dans le couloir droit. L'ancien international sénégalais a marqué les esprits à Marseille en donnant toujours tout sur le terrain. De l'autre côté, Taye Taïwo s'installe dans le couloir gauche. Malgré des débuts difficiles, le Nigérian s'est imposé au fil des saisons et tout le monde se souvient de ses frappes de mules. Il a inscrit 25 buts lors de son passage à l'OM. La charnière centrale se compose du rugueux Renato Civelli et du rusé Vitorino Hilton. Conséquences, Frédéric Déhu et Julien Rodriguez restent sur le banc.

Un milieu très offensif

Ancien capitaine marseillais, Lorik Cana s'installe dans le cœur du jeu. L'Albanais est le dernier joueur à vocation défensive dans cette équipe résolument tournée vers l'attaque. A ses côtés, on retrouve Mathieu Valbuena. Sportivement, il n'y a rien à reprocher à «Petit Vélo» lors de son aventure olympienne. Sur les côtés, les ailes sont animées par Franck Ribéry et Samir Nasri. Deux joueurs exceptionnels techniquement... C'est plutôt sympa pour dynamiter les défenses !

Un buteur et un génie devant

Devant, Mamadou Niang est indiscutable. Celui qui a marqué 100 buts en cinq saisons passées à Marseille a été l'un des éléments les plus précieux de l'OM sous la présidence de Pape Diouf. Pour l'accompagner, on aurait pu choisir l'élégant Mickaël Pagis ou la fusée Djibril Cissé, mais on a préféré la folie d'Hatem Ben Arfa dans une position de deuxième attaquant. Un poste qu'il a occupé avec Eric Gerets et qui lui a plutôt bien réussi ensuite lors de son passage à Nice.

MAXIFOOT.FR

RFI.FR

 

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