Publié le 11 Jan 2021 - 19:01
EN PRISON POUR VIOL, DETOURNEMENT DE MINEURE ET PEDOPHILIE

Le procureur général requiert l’infirmation de la première peine

 

C’est une lueur d’espoir pour Mouhamed Tounkara. Condamné à deux ans d’emprisonnement ferme en première instance pour viol suivi de grossesse, détournement de mineure et pédophilie, il est sur le point de recouvrer la liberté, si le président de la cour d’appel suit le réquisitoire du procureur général.

 

Une affaire de viol sur mineure de 16 ans a été évoquée à la barre de la Cour d’appel de Dakar. L’appelant Mouhamed Tounkara a été reconnu coupable en première instance, en septembre 2019, de viol suivi de grossesse, de détournement de mineure et de pédophilie. Il avait écopé d’une peine de deux ans ferme de prison.

Au parloir de la cour d’appel, Mouhamed Tounkara, qui était en classe de terminale au moment de son arrestation, a clamé son innocence. ‘’Je suis accusé à tort. Il n’y a rien eu entre nous’’, a-t-il soutenu. Même si la partie civile Y. Sow reste formelle dans ses déclarations, le prévenu, lui, jure que la fille a tout fait pour le séduire, mais en vain. D’ailleurs, selon celle-ci, elle a connu Mouhamed Tounkara par le biais de l’une de ses amies qui sortait avec lui. ‘’Un jour, il m’a invitée chez lui. Au beau milieu de notre conversation, il m’a demandé si j’étais vierge. J’ai répondu par l’affirmative. Ça ne l’a pas empêché de me contraindre à des rapports sexuels. Il m’a étranglée et j’ai dû céder’’, dit-elle.

Chargeant davantage le prévenu, elle martèle qu’il a fait d’elle son objet sexuel, en la faisant chanter avec une vidéo qu’il avait prise lors du premier viol. ‘’Il menaçait de publier la vidéo si je ne lui remettais pas de l’argent. Plus grave, un jour, ses amis et lui se sont relayés sur moi’’, fulmine-t-elle.

Sa mère, enfonçant le clou, renchérit avec amertume : ‘’Cette affaire m'a choquée. Chaque fois, elle me disait avoir perdu ses frais de scolarité. Or, elle était en réalité victime de chantage. Ce qui me fait le plus mal, ils se sont relayés sur elle et ils ont toujours sa vidéo, alors que ma fille devra se marier un jour.’’

L’existence de la vidéo est contestée avec ardeur par le conseil du prévenu, Me Malick Mbengue. Selon la robe noire, son client ne peut pas violer la fille, car il habite avec ses parents. A moins qu’il s'agisse de rapports consentis. A cet effet, il a sollicité l’infirmation de la première peine.

Plaidoirie partagée par le substitut général qui a requis à décharge.  ‘’Les jeunes n'hésitent pas maintenant à passer à l'acte. Devant l'autorité des parents, ils ne s’assument jamais. C'est pourquoi ils sont en train de vous mentir tous les deux. Ce qui est clair, ils sortaient ensemble. Les messages WhatsApp le prouvent’’, a-t-il souligné.  

Poursuivant son réquisitoire, il relève que le juge d’instance n’a pas démontré le viol. Il a ainsi requis la relaxe de Tounkara. De l’avis du parquet, la minorité n'est pas un élément de culpabilité, mais de circonstances aggravantes. S’agissant de la pédophilie, il a demandé que le prévenu soit relaxé au bénéfice du doute.

 Toutefois, le maitre des poursuites reste convaincu que le délit de détournement de mineure est établi.

Prenant le contre-pied du procureur général, les conseils de la partie civile ont sollicité la confirmation de la première peine. Dans leur plaidoirie, ils ont souligné qu’un mineur ne peut pas consentir donc, les chefs de viol et de pédophilie sont établis.

Au terme des plaidoiries, la cour a mis l’affaire en délibéré. Mouhamed Tounkara sera édifié sur son sort le 3 février prochain. 

MAGUETTE NDAO

 

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